Samedi dernier, Manu Boubli est venu passer des disques à la Péniche Cancale dans le cadre du Tribu festival. On a profité de l’occasion pour tchatcher un peu musique, juste avant son set.

Salut Manu et bienvenue à Dijon. Peux-tu tout d’abord rappeler à nos lecteurs quelles sont tes occupations ?

Elles gravitent toutes autour du monde de la musique. Je suis collectionneur de vinyles, producteur, DJ, compositeur, fondateur du label Comet Records et co-fondateur de SUPERFLY RECORDS, vinyl-shop parisien ouvert en novembre 2009. De plus, on m’a récemment proposé « d’habiller » des boutiques de mode, en composant des playlists de divers styles musicaux selon les demandes, diffusées aux 4 coins du monde.


Parle nous un peu plus de ton label Comet Records…

J’ai crée il y a quelques années un label nommé Comet Records, à travers lequel j’ai eu le plaisir de sortir des compilations afro-funk et de produire deux albums de Tony Allen, ancien batteur de Fela Kuti et maître du rythme afro-beat.

Tout récemment est sorti sur Comet l’album de DONSO, formation composée d’artistes français et maliens, issus de différents univers musicaux, dont Krazy Baldhead, nouvelle coqueluche d’Edbanger (label de Pedro Winter alias Busy P), la superbe voix planante de Gedeon Papa Diarra, Guimba  Kouyateon à la guitare et au Djele N’Goni (instrument à corde malien), aux percussions Thomas Guillaumeon et Donso N’Goni. L’univers musical de cet album mélange la musique malienne traditionnelle et une touche electro pop mélodique et excitante. L’album est sorti en juin 2010.


Et Superfly Records?

Depuis novembre 2009, j’ai ouvert avec Paulo Goncalves SUPERFLY RECORDS, boutique de vinyle sur le web mais qui a aussi pignon sur rue, au 53 rue Notre Dame de Nazareth dans le 3ème arrondissement à Paris. L’activité marche bien et tout les passionnés et collectionneurs peuvent se rencontrer autour de centaines de références musicales parfois très rares. J’ai toujours vendu des vinyles, mais là je voulais créer ma véritable boutique.


Certains albums sont des pièces uniques, de par le monde entier. Peux tu nous dire comment tu déniches des albums aussi rares ?

Les voyages, les rencontres, et tout un réseau de contacts sur place, dans les pays africains comme le Benin, le Ghana, le Nigeria, les pays caraïbiens et sud américains. Il y a la bas des mecs qui passent leur temps dans les vieux hangars africains poussiéreux pleins de gros tas de vinyles en vrac et déterrent des véritables pépites musicales oubliées ! Ces bijoux deviennent des objets de collection.


Tu avais sorti sur COMET RECORDS un album sous le pseudo RARE MOODS, composé en collaboration avec Doctor L. Je le découvre seulement maintenant… cet album qu’on pourrait classer dans le style « hypnotic dancefloor jazz » est tout simplement superbe. En essayant de l’acheter en ligne sur le web, j’ai vu qu’il n’était plus en vente. Pensez vous le rééditer ?

Ce n’est pas quelque chose que nous avons prévu pour l’instant, pour de simples raisons; l’industrie du disque a beaucoup souffert et continue malheureusement à dépérir. A l’époque où on avait sorti cet album, la demande était beaucoup plus importante, les jeunes et moins jeunes achetaient plus d’albums et on produisait de plus importantes quantités. Maintenant, avec l’ère du numérique et toutes ces choses que les gens veulent posséder, motivés par la société de consommation (portables, fringues, etc…), la partie « achat de produit musical » a fortement diminué. Ça se ressent sur les ventes autant que sur le degré d’investissement des individus. Mais il y a encore un nombre d’éternels fans qui entretiennent cette passion, malgré une certaine diminution.


On voit beaucoup d’artistes qui rééditent leurs premiers albums, et de plus en plus sur vinyle. Universal Music a sorti une sous entité nommée « Back to Black » (spécialisée dans la réédition de vinyles avec de jolies pochettes vintage et les codes de téléchargement de la version numérique de l’album dans la pochette…) En tant que collectionneur de vinyle, comment interprètes tu ce retour aux sources?

Je vois parfois des jeunes venir chez SUPERFLY RECORDS me demandant si on a le vinyle du titre qu’ils me montrent sur leur lecteur mp3…  De nombreux artistes continuent à presser leurs albums sur vinyle même si ça reste dans des plus faibles quantités qu’auparavant. Oui, il y a une envie de revenir sur ce support culte qu’est le vinyle. Mais ca ne concerne qu’une niche de personnes qui veulent toucher leur musique, la classer, la collectionner.


Ce soir tu joues à la Péniche Cancale, étais-tu déjà venu a Dijon ?

Oui bien-sur ! Dans le cadre du TRIBU festival, organisé par Zutique. Je connais les fondateurs et programmateurs depuis la première année que le festival existe, ça fait 3 ou 4 fois que je viens faire des sets, c’est toujours un plaisir.


Comment as tu préparé ton set ? Joues tu exclusivement sur vinyle ?

J’improvise toujours plus ou moins, au feeling, selon l’ambiance, le lieu et les rencontres. Quand je me déplace en province pour faire des DJ sets, ce n’est pas toujours en voiture, et du coup comme les vinyles ça prend tout de suite plus de place, je mixe aussi sur CDs. C’est l’aspect pratique qui me plait.


Quel prochaine sortie d’album attends-tu impatiemment ?

Et bien… disons que j’attends de recevoir le pressage vinyle + pochette de la toute première production sous l’étiquette SUPERFLY RECORDS ! Je n’ai pas encore de date de sortie précise, mais je peux vous en parler un peu : c’est une réédition d’un album de Frankie Zhivago, chanteur bahaméen, dans une veine disco soul bien vintage, typique des pays caraïbiens .


Quel est ton dernier coup de coeur?

Le dernier album de Ebo Taylor « Love and death », en collaboration avec les musiciens de  Poets of rhythms. Il sort sur STRUT RECORDS le 25 octobre 2010.


Un style musical précis que tu as découvert récemment ?

La musique Gwoka, dont le nom correspond aussi a un type de percussions antillaises. Ça ressemble au Biguine, musique qui a précédé le Zouk dans les caraïbes françaises vers 1965-1970. Je vous conseille d’ailleurs l’excellente compilation Tumbélé! : Biguine, afro & latin sounds from the French Caribbean, 1963-74, sortie sur Soundway Records.

Merci Manu et bon set !

http://www.superflyrecords.com/
http://www.myspace.com/raremoods
http://www.myspace.com/donso

Interview : El Pescador