Avouons que l’idée de départ attise notre curiosité : dans le désert américain un pneu serial killer poursuit la femme dont il est amoureux. Quentin Dupieux (alias Mr. Oizo), déjà réalisateur d’un autre ovni cinématographique, Steak, a décidé de nous livrer sa version du road movie. Il mixe habilement thriller à suspens des seventies et genre zombiesque. Ça nous donne Rubber, ou le film qui représente à lui seul cette fameuse loi du « No reason » (savamment expliquée par la caricature du policier américain en séquence d’ouverture).

Un pneu abandonné dans le désert, en apparence inoffensif, s’amuse donc à tout écraser sur son passage et surtout à faire exploser des têtes… Ajoutons cette mise en abyme du cinéma où des spectateurs observent la scène  avec des jumelles.

Ce film plutôt court (1h17) a été tourné en à peine 15 jours avec deux réflex numériques option vidéo. Résultat : ça remet sérieusement en question l’utilité d’une caméra au prix exorbitant. La définition de l’image est d’une netteté absolue. En même temps, avec un tel paysage, ça aide pour avoir des plans esthétiquement réussis. Autre bon point : la musique composée par Mr. Oizo et Gaspard Augé, membre de Justice, qu’on aperçoit d’ailleurs dans un petit rôle.

Préparez-vous pour un pur délire complètement absurde, un bel hommage au cinéma américain, au point limite zéro où un pneu revanchard se croit dans Duel de Spielberg. Ne croisez pas sa route car le macadam à deux voies est devenu son territoire…

Alice Chappau