Nos camarades de la brillante émission Panorama sur Radio Dijon Campus ont invité John Lord Fonda samedi dernier, à l’occasion de la sortie de son nouvel album, Supersonique, chez Citizen Records. Un entretien plutôt agréable avec celui qui nous avait tous ramassé la gueule en 2005 grâce notamment à des titres comme So Far Away. Voilà ce que qu’ils se sont racontés.

Panorama : Tu habites toujours à Dijon ?
John Lord Fonda : Non non… je suis parti en 98 de Dijon. Je suis parti 3 ans à Toulouse et maintenant je suis en Lorraine. Mais c’est vrai que j’ai vécu à Dijon pendant 25 ans, donc dans la tête des gens je reste toujours dijonnais.

Panorama : Pourquoi tu as laissé passer autant de temps entre la sortie de Debaser en 2005 et ce nouvel opus ?
John Lord Fonda :  Y’a eu pas mal de petites choses. Déjà la tournée qui a suivi Debaser a démarré 6 mois voire presque 1 an après sa sortie. Puis 1 an et demi après, j’étais sur la fin de la tournée, je me suis dis « est-ce que je fais un nouvel album ? », finalement j’ai fais une compilation, ça a pris vachement de temps… Après, l’évolution du son et des techniques ont fait qu’il fallait que je reprenne tout depuis le début. J’avais un petit problème de son donc il fallait que je m’adapte, que je retrouve de nouvelles techniques, que je retravaille… on va dire que j’ai perdu 1 an et demi en fait.

Panorama : T’es signé chez Citizen Records, quelles relations tu as avec Vitalic ?
John Lord Fonda : C’est quelqu’un que je connais depuis très longtemps. Par exemple là, pour l’album, je devais juste lui amener 10 titres pour sortir un EP. Pour qu’il valide, qu’il en prenne 4 sur les 10 ou 12 tracks qu’il y avait. Il a écouté et finalement il a dit « on fait un album ». Donc voilà, j’ai amené les morceaux qui étaient tous quasiment terminés.

Panorama : Et au niveau production, vous vous filez des tuyaux ?
John Lord Fonda :  Non non, pas du tout. Je travaille de mon côté, et lui de son côté. J’habite à Nancy et je le vois d’ailleurs assez peu souvent.

Panorama : Tu nous as amené quelques morceaux de ton choix ce soir, on commence par écouter quoi ? (pendant l’émission Panorama, l’invité amène avec lui quelques titres coups de coeur qui sont diffusés pendant l’interview, ndlr)
John Lord Fonda : Alors j’ai amené quelques titres qui ont jalonné mon histoire par rapport à la musique électronique. C’était à l’époque de l’An-Fer et c’était un des premiers morceaux que j’ai écouté. Tiens bah on va se mettre ça pour commencer… Laurent Garnier avec Wake Up.

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Panorama : Ce morceau de Laurent Garnier, avec cette chaleur, rappelle quand même pas mal l’époque de l’An-Fer. Qu’est ce qui t’a amené à la musique électronique ?
John Lord Fonda :  C’est d’ailleurs pour ça que j’ai choisi ce morceau, Wake Up, qui date de 1993, car c’est l’année où j’ai commencé à aller dans cette boite. Bon, après, j’y ai fait la fête pendant un certain nombre d’années, mais comme je suis parti de Dijon à un moment, j’ai pas connu la fin de l’An-Fer, ce qui est pas plus mal en fait. Donc j’ai connu surtout les premières années on va dire, et ça s’est fait un peu par hasard. En gros, j’étais au Conservatoire, qui se situe pas très loin. J’avais cours de solfège le vendredi, puis j’allais manger et le soir je sortais. C’était frais, j’avais besoin d’un truc de nouveau à l’époque.

Panorama : Tu écoutais déjà de la musique électronique à ce moment là ?
John Lord Fonda : J’avais écouté de la new-wave dans les années 80, Depeche Mode… donc c’était une forme de musique électronique. Mais c’était pas de l’electro pure. Et je me rappelle, y’avait Tonio qui avait une émission sur Raveline, c’est vieux, il avait passé un morceau qui m’avait marqué, Acperience 1 de Hardfloor. D’ailleurs je l’avais mis sur Composite, c’est le dernier morceau du mix. Et je me disais « Putain mais qu’est ce que c’est que ce morceau ? C’est quoi ce truc, c’est terrible ! », et c’était la fameuse TB-303, synthé à la mode à l’époque. Et voilà, je me suis dis j’vais aller à l’An-Fer, je veux écouter du son comme ça, ça m’a plu tout de suite.

Panorama : Et ça t’a donné envie de faire du son.
John Lord Fonda : Ouais, étant donné que je suis musicien, j’ai bidouillé, j’avais pas beaucoup de matos, un pauvre synthé et j’ai fais des merdes, on peut le dire. Le problème, c’est qu’aujourd’hui avec 2000 euros t’arrives à avoir un son tout à fait professionnel, avec des plugs, en achetant un logiciel de base et en étant très malin dans la production, tu peux avoir un son correct. Alors qu’à l’époque, avec 2000 ou 3000 euros tu avais des merdes. T’avais rien, une table de mixage, deux pauvres synthés, une boîte à rythmes de merde…

Panorama : Pour en revenir au son new-wave, années 80, que tu avais sur Debaser, là avec ton nouvel album Supersonique, tu as complètement changé…
John Lord Fonda : Ouais… je pouvais pas faire deux fois la même chose. Donc c’était volontaire, je pouvais pas rester sur une référence d’un groupe comme ça (Depeche Mode), c’était ponctuel, y’avait 2-3 morceaux un peu dans ce style, new-wave. Là, j’ai décidé de faire beaucoup plus techno, j’ai enlevé le côté pop.

Panorama : Peut-être aussi pour faire quelque chose de plus actuel.
John Lord Fonda : Ouais, car faire un truc qui fait référence à Depeche Mode en 2005, c’était cool. Bon, y’en a d’autres qui l’ont fait. Justice y’a un côté années 80 aussi.

Panorama : Malgré tout, il y a toujours ta touche sur Supersonique.
John Lord Fonda : C’est vrai, et j’ai discuté avec des gens qui me disaient qu’on retrouvait quand même ma patte, ça reste dans la continuité du premier, mais ouais y’a moins ce côté pop. Peut-être que j’y reviendrais dans un autre album, pourquoi pas.

Panorama : On enchaîne avec un deuxième morceau que tu as sélectionné…
John Lord Fonda :  Alors là c’est Boards Of Canada avec Dayvan Cowboy. Un morceau qui date de l’époque de mon premier album, c’est pour ça que je l’ai choisi. C’est un des derniers trucs ambient que j’ai écouté. J’en ai beaucoup écouté et plus maintenant car y’a eu beaucoup beaucoup de choses de faites, mais je vais m’y remettre. J’ai vu qu’il y avait Mondkopf qui sortait un album comme ça, un peu dark ambient, ça revient à la mode. J’ai un peu un environnement dark dans ma musique, donc c’est pas plus mal.

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Panorama : Avant de te mettre dans un projet d’album, comme ça se passe ? Tu réfléchis à la trame ?
John Lord Fonda :  Pas du tout, c’est quelque chose qui se fait naturellement. Je fais des morceaux, y’en a qui sont nuls, d’autres que je trouve bien, d’autres à rebosser, etc. Et au bout d’un moment, en écoutant l’ensemble je me dis que là on a un truc qui tient la route. Après, il y a des bouts de morceaux que j’ai fait, des mélodies que j’ai gardées… notamment Toy Boxes, c’est une mélodie que j’avais gardé, je l’avais juste enregistré au piano. Et j’ai pu la ré-utiliser, en refaisant quand même toute la prod derrière.

Panorama : Y’a aussi ces petites voix de femme que tu utilises et qui font penser à Vitalic sur son dernier album.
John Lord Fonda :  Ouais, sur Your Originate, ce fameux morceau qui parle justement de ça, parce qu’on m’a comparé à lui. J’ai volontairement fait un morceau qui utilise ces éléments, pour parler de ça, pas de manière « ironique » mais si on écoute les paroles c’est un peu humoristique. Mais bon, la tonalité globale de l’album reste quand même assez dark. Et en fait, j’ai intégré un travail numérique pour mon son, que je ne faisais pas avant. Avant, je passais par une table de mixage, là je passe tout dans l’ordi, même si j’utilise toujours des synthés analogiques pour avoir un grain épais.

Panorama : Et sinon, qu’est-ce qu’on peut trouver dans ton iPod en ce moment ?
John Lord Fonda : J’écoute pas mal de trucs et là par exemple j’ai un petit coup de coeur pour Stimming, producteur Allemand qui fait de la minimale un peu à la Dominik Eulberg. Sinon des trucs ponctuels, de la techno, même des fois du classique. Le dernier album que j’ai écouté c’est celui d’Agoria, mais sinon c’est vrai que j’ai plutôt tendance à me formater à la manière d’écouter de la musique aujourd’hui, c’est à dire en one-shot. Je commence à être un peu en mode random. Et, oui, je me demande si l’album a encore vraiment une utilité. Même si j’ai croisé des gens y’a pas longtemps qui me disaient « ah ouais ton album y’a vraiment un truc qui se passe, on dirait un voyage », alors qu’on ne m’avait jamais dit ça pour le premier album. Parce que le premier, c’est vrai que c’était une sorte de gros EP.

Panorama : Dernière question, tes meilleurs souvenirs de dj set ?
John Lord Fonda : Ca dépend, des petites dates des fois, avec pas beaucoup de monde mais des gens au taquet. Une fois j’avais fait la Grèce, au moment où Debaser sortait, un gros club, j’avais jamais fait ça, 3000 personnes c’est toujours impressionnant. Sinon Marsatac, le festival à Marseille, j’y étais allé avec Vitalic et c’était super bien.

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John Lord Fonda, Supersonique (Citizen Records) : Ecouter – Acheter
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Interview : Panorama.