On a fait le déplacement avec nos amis d’Octarine pour l’ouverture de la cinquième édition du festival Résonances à Nancy, dans le club du Chat Noir. Mr. Oizo, star de la soirée, a été accueilli comme il se doit avec deux magnums de champagne dans un décor complètement hallucinant ; panneaux à l’effigie de Flat Eric, poupées gonflables accrochées au plafond, sans oublier le presque traditionnel parterre de jeunes hystériques. Ses dj sets sont toujours aussi corrosifs : il n’y a pas de repos, jamais. Les morceaux s’enchaînent vite et sont tous disséqués par Oizo qui utilise à outrance les effets. En interview par contre, Quentin Dupieux se fait discret : il nous confie ne pas pouvoir  parler de sa musique ni de ses films… Nonchalance ou véritable preuve d’humilité : on n’a pas réussi à percer le mystère Oizo.

 



T’es plutôt actif sur twitter, sans langue de bois, que penses-tu de ce moyen de communication ?

Aujourd’hui c’est un des meilleurs moyens qu’on ait pour faire de la promo ; on n’a plus besoin de vous (rires).  Les infos passent immédiatement, les gens que ça intéresse nous suivent. Ca fonctionne un peu en réseau fermé, mais plus tu t’en sers et plus ça s’ouvre… Ce que je te dis c’est valable aujourd’hui mais ça va devenir un truc chiant, ça va vite finir comme Facebook. Twitter est un endroit où tout est systématique ; mais pour l’instant c’est super. C’est un outil de promotion génial et drôle en plus ; ce que j’aime c’est que je contrôle ce que je raconte. Je peux dire des conneries.

On a fait une interview avec Joseph Mount…
Je sais pas qui c’est.

C’est le mec de Metronomy, on parlait de Justice avec lui et il nous disait qu’il trouvait que le son Ed Banger évoluait doucement. T’as envie de répondre quoi à Joseph ?
Je pense que c’est complètement con de parler d’un son parce que si tu regardes vraiment ce que font les artistes, ça n’a rien à voir. Il y a peut-être eu un moment où tout le monde se ressemblait un tout petit peu mais c’est très léger. Ça existe plus ça, c’était valable il y a dix ans les écoles de sons. Là on pouvait parler de labels qui avaient un son particulier.

Ah bon ? Tu penses qu’il n’y a pas de son « Kompakt » par exemple alors ?
Si mais c’est des vieux trucs ça, ce sont des mecs qui n’ont pas évolué depuis dix ans. C’est bien, mais si on parle de ce qui se passe aujourd’hui… d’ailleurs je sais pas s’il se passe grand chose.

On peut évoquer l’album qui va sortir, « Stade 2 » ?
Oui, sauf que c’est très dur de parler de musique, donc on peut juste l’évoquer. On peut juste dire que j’ai fait un album et il sortira en octobre (ndlr : l’album sort demain finalement, le 11-11-11).

On peut peut-être parler de la manière dont tu l’as fait ? Toujours que sur ordi ?
Oui c’est que sur ordinateur ; mon matos analogique je m’en suis débarrassé parce que ça sert à rien et moi ça m’ennuie. Je m’en suis trop servi donc j’aime plus ; je trouve ça chiant, c’est poussiéreux. Je m’amuse plus avec un ordinateur : il y a plus de surprises.

Tu dis qu’on peut pas parler de ton album mais…
C’est impossible de parler de musique, je sais pas moi.

T’étais dans quel état d’esprit quand tu l’as fait ?
J’étais très bien, je me régalais donc je pense que… enfin j’en sais rien, je sais pas si les morceaux reflètent mon état d’esprit du moment, j’en ai aucune idée. Mais quand je l’ai fait j’allais bien, c’était léger, c’était une démarche fun.

Comment sont les retours sur France 7 ?
Géniaux. C’est presque inquiétant même. C’est trop bien. Normalement il y a toujours des « haters », là il y en a pas donc c’est presque angoissant.

 

« Pourquoi le nom Stade 2 ? Quand tu fais des morceaux dans ton ordi, tu les nommes juste pour pouvoir les reconnaître »
– Mr. Oizo

 

Ça t’inquiète par rapport à la sortie de l’album ?
Non j’ai plus peur de ça du tout. C’est un peu triste à dire mais j’en ai sorti plein donc il n’y a plus cette angoisse de sortir un disque, je m’en fous. Le truc me plaît, ça me va, je suis pas inquiet en fait.

Pourquoi ce choix dans les titres, « France 7 », « Stade 2″… C’est ta haine de la télé française qui ressort ?
(rires) Non. Quand tu fais des morceaux dans ton ordi, tu les nommes juste pour pouvoir les reconnaître. Et généralement c’est ce nom là que tu vas garder.  Mais tout le monde fait ça ! Enfin non, il y a des mecs qui cherchent un peu.

Mais alors pourquoi « Stade 2 », t’étais devant quand t’as fini l’album ?
Non c’est un ami qui m’a dit que le morceau lui faisait penser à l’émission. Attention, il s’agit de la vieille émission, pas la nouvelle. Et donc j’ai gardé le nom.

T’es branché sport ?
Pas du tout, c’est juste que le vieux « Stade 2 » ça nous faisait marrer.

On peut parler du film, pour 2012, « Wrong » ?
Oui. C’est fait, ça sort en 2012 mais je sais pas quand pour l’instant. Je l’ai vu pour la première fois en projection il y a deux jours et j’ai trouvé ça formidable.

Qui joue dans « Wrong » ?
Il y a Eric, de Eric et Ramzy, ce sont que des Américains sinon.

C’est barré comme film ?
Je sais pas.

Absurde ?
Ouais, ouais, je sais pas… C’est drôle. C’est angoissant. C’est très dur de parler de ça.

Comment avait été accueilli « Rubber » à Cannes ?
Exceptionnellement bien. Grâce à Cannes, on a vendu dans 25 pays. L’accueil était formidable pour un tout petit film comme ça… Là je viens de recevoir le dvd portugais. Il est sorti en Australie, au Japon, aux USA, en Angleterre, en Espagne…

Et tu arrives à jongler entre les deux, le cinéma et la musique ?
Et bien oui, ça n’a rien à voir, ce sont deux trucs différents. Avec la musique, je sais que si je commence un morceau il peut être abouti à la fin de la journée, si je suis efficace. Un film c’est un long processus. Je pourrais pas me contenter que des films, le processus est tellement long. Une fois que tu l’as écrit, il faut attendre que le producteur trouve de l’argent. C’est ce qui s’est passé là d’ailleurs. J’étais à Los Angeles, j’ai terminé d’écrire « Wrong », j’ai fait de la musique pour m’occuper, et puis c’est devenu un album.

Sound Pellegrino va sortir des maxi crossover avec deux artistes… ça te brancherait d’en faire un ? Avec qui ?
J’ai proposé à Das Glow.

Ça va se faire ?
Peut-être. On verra.

T’as des souvenirs de ton passage à Dijon, il y a deux ans ?
Oui, très bien. Je crois que c’était pas mal, il y avait beaucoup de verres cassés, un côté un peu crade, dégueu, avec de l’alcool partout par terre, le sol qui colle… C’était un peu trash mais sinon c’était sympa.

En même temps ton set était tellement violent que ça les a rendu fous.
Il me semble que c’était avant mon set déjà…

Ça te plaît justement ce côté un peu sale ? Parce que j’ai lu tout et son contraire ;  que tu aimais ce rapport au public, mais que ça t’inquiétait aussi.
Non mais j’aime bien : c’est toujours sympa de voir des mecs heureux après avoir joué.

Pourquoi fumer toujours sur scène ?
Ouais c’est naze je sais. Non mais je fume, j’ai pas vraiment besoin mais c’est quelque chose de nerveux. C’est pour être concentré mais c’est pas du tout une question de style (rires).

Est ce que tu es toujours habillé en bleu et en jean ?
Oui j’ai que ça.  Pour pas avoir à choisir le matin et c’est vraiment très agréable, ça devient très simple.

 

Interview : Sophie Brignoli
Image : (c) So Me