La grosse actu, là, c’est le festival de Cannes de la bédé qui démarre en fin de semaine, du coté d’Angoulême.

Et cette année le président d’honneur du festoche, c’est Art Spiegelman (le mec en photo à côté). L’auteur de Maus, roman graphique sur les déportations, les camps de concentration pendant la Seconde Guerre mondiale avec chats et souris, avait également sorti en 2004 À l’ombre des tours mortes sur son expérience du 11 septembre et de la politique de Bush. Un très beau livre, très grand format mêlant réflexions intimes et différentes techniques graphiques. C’est une espèce de d’anti-Little Nemo in Slumberland tant par le format que par le graphisme new-yorkais, urbain…

Cette année, les chasseurs/revendeurs de dédicaces courront après 1500 auteurs dont 300 étrangers, et même un dijonnais (big up) : Monsieur Choubi pour son livre La paternité dans tous ses états. Pour ses fans et sa famille, il sera stand CM22 sous le tente du Monde des bulles. Venez avec votre gomme et vos crayons si des fois il oubliait les siens, et parlez-lui easy listening, bandes originales et autres grooveries… ça ne pourra qu’enjoliver votre dédicace.

Bref, cette année, y’aura plein d’monde comme à chaque fois. L’année dernière, 218.000 visiteurs sont venus sur les 4 jours. En comparaison, le cirque des Eurockéennes c’est 90.000 sur 3 jours. Alors comme vous kiffez les chiffres, en voilà quelques-uns tirés du rapport Ratier, rapport annuel sur l’état d’la bédé en France, sorti le mois dernier.

En 2011, 5.300 bédés ont été publiées dont presque 4.000 nouveautés. Un autre chiffre assez intéressant à mettre en parallèle sur ces 5.300 bouquins sortis : seulement 1.480 auteurs, pour l’Europe francophone, vivent de leurs livres. En 2011, le podium du Hall of Fame (of Hate ?), les plus gros tirages, donc meilleures ventes, ça donne : XIII, suivi de Kid Paddle et Boule et Bill, à 500.000 exemplaires.

La reportage, grosse hype de l’édition 2012

Dans la compét’ officielle 2012, y’a une tendance forte qui se dégage : le reportage. Spielgelman, on l’a compris, s’il aime Pif, Hercule, Tintin et le Marsupilami, il propose une autre forme de graphisme et d’autres types de narration. Un truc plus en lien avec le vrai monde des gens, le quotidien et les problèmes sociaux. Alors on retrouve logiquement Reportages de Joe Sacco sur la Palestine, l’ex-Yougoslavie… C’est du journalisme en bédé avec une très belle préface qui met les points sur les « i » aux grands journalistes qui ne pensent que par la plume et la sacro-sainte objectivité.

Y’a aussi Guy Delisle. Là, c’est dans un autre genre, c’est du témoignage, à Jérusalem, sur cette merveilleuse ville de religion et de spiritualité, entre bataille de rue, guerre du troisième millénaire et tourisme de masse. Entre les deux y’a L’Art de voler, témoignage de vie, biographie d’un Espagnol dans le XXème siècle. Y’a Les Ignorants de Davodeau, où comment qu’on fait du vin et Tu mourras moins bête qui, si j’ai tout compris, est une vraie/fausse encyclopédie scientifique.

En tout, 58 bédés en course. Plutôt que d’me lancer dans le jeu des pronostics, j’perds tout le temps, j’peux juste vous dire que bon, bah, Les Ignorants c’est bien et que Polina de Bastien Vives, même si c’est bien, a très peu de chance de décrocher le pompon parce qu’il a déjà reçu le prix de la critique y’a un mois. Résultats dimanche après-midi.

Martial

Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, du 26 au 29 janvier 2012.

__

Retrouvez la chronique bédé de Martial sur les ondes de Radio Dijon Campus tous les mardis à 8h40 et 12h20.