L’Euro de foot a démarré et on se sent bien. Pour vivre au mieux les trois semaines d’un championnat qui s’annonce furieusement débile (cf. Mario Balotelli, Antonio Cassano, Sergio Ramos), Sparse propose de passer en revue les quatre meilleurs lieux où suivre la compétition.

Dans un bar, au Crockodil Café (la 5ème tribune)
86, rue Berbisey

On va pas se mentir, il ne se passe rien de particulier au Crocko : un bar carré, des tables en bois, une déco type « j’ai accroché aux murs tout ce que les commerciaux de France Boissons m’ont filé » et 2-3 drapeaux européens pour l’occaz’ de l’Euro.

Les plus du lieu : une des seules machines de darts (fléchettes) de Dijon et un écran géant, comme ça se fait maintenant dans la France de l’achat à crédit. On fréquentait déjà le lieu pour les matchs à l’extérieur du DFCO. On sait que ça matte le foot là-bas. On y va.

L’intérêt n’est donc pas dans le lieu, mais dans les gens. Ici t’es dans le vrai. On n’est pas au Flannery’s entre un banquier et un assureur en chemise qui tchatchent avec des filles… et qui ne regardent pas le match qui tourne sans son sur un écran 4 par 3

Les soirs de match de l’Euro, y’a pas mal de monde au Crocko. On était une quarantaine dans 30 mètres carrés. Et aussi quelques-uns sur la terrasse. Des amoureux du ballon rond et 2-3 habitués imbibés en permanence. Ambiance virile. Ça n’hésite pas à brailler un peu. En 15 minutes, on insultait déjà l’arbitre ensemble. Belle communion.

Au fait, la bière est à 2,50 et le patron est sympa comme une porte de prison.

 

Chez ton meilleur pote (pendant l’Euro uniquement)

Jour de match, ta première pensée sera de checker ton répertoire téléphonique pour t’inviter chez un collègue aimant un minimum le football. L’Euro, ça se vit avec du monde et de la bière, mais pas chez toi. Tu feras ainsi une première sélection parmi tes amis pour garder seulement ceux qui disposent d’un appartement assez grand pour accueillir quelques personnes. Ton choix se portera finalement sur un camarade qui a la plus grosse télé. Pas con, le mec.

Après avoir tweeté comme un porc toute la journée à base de « H-5. Rdv chez Jean-Mi pour le match avec @fatcab @Pat_Leglise @thomas1244. Vous ramenez quoi à boire les gars ? » ou « Chauuuuuuuud patate lol #euro2012 », il est temps de faire un tour au Casino le plus proche, une bonne heure avant le coup d’envoi. Bizarrement, tu rencontres beaucoup de garçons (en groupe) achetant des packs de 20. Pendant l’Euro, tu as toujours de l’argent pour prendre le supplément Curly qui va bien. Faudrait pas être malade avec toute cette quantité de liquide que tu vas ingurgiter pendant trois semaines. Tu ne manges pas vraiment, trop stressé par l’enjeu.

L’avantage de suivre l’Euro chez un pote, c’est le confort. A moins d’être à 12 dans un studio, il y a de la place sur le canap’, pas besoin de gratter un siège qui se libèrerait dans un rade bondé ou de dire adieu à ses jambes à forcer de rester debout pendant des plombes. Niveau ambiance, tout dépend des éléments que tu auras ramené avec toi. Petit plus éventuel ici : la présence d’un ami qui crie beaucoup, permettant de couvrir les commentaires de la doublette Bixente Lizarazu / Christian Jean-Pierre.

 

À Carrefour, devant les 12 écrans plats.
Avenue de Bourgogne, Quetigny

Ce genre de situation rocambolesque peut arriver à tout moment : plus rien dans le frigo, il faut faire les courses pour la semaine un soir de match. Tu pars à toute vitesse direction le plus grand hyper du coin, évidemment désert de toute présence masculine. Bien décidé à torcher ta petite affaire en moins de 30 minutes pour ne pas manquer la seconde mi-temps, tu tombes nez à nez avec le rayon des téléviseurs HD qui diffusent l’Euro. Forcément.

Si c’est ton jour de chance, une dame âgée viendra te glisser à l’oreille que l’Angleterre mène 1-0, juste pour te foutre les boules. Malgré ce besoin urgent de rentrer chez toi pour entamer ton cinquième paquet de chips depuis deux jours, tu t’aperçois qu’on est pas si mal ici, entre les promos sur les imprimantes et l’allée jardinerie.

L’Euro chez Carrefour, c’est sans le son et avec cette impression d’être un débile mental, là, tout seul posé devant les écrans. Mais une solution à envisager pour un dépannage rapide et efficace.

 

Au boulot.

Tu te cales sur la page de RTS, la chaîne de sport russe qui retransmet TOUS les matchs. Pas besoin de s’abonner (fuck Be In Sport, saloperies de Qataris). Et pas besoin de mettre le son du coup, à part si tu comprends le russe. Pas de risque de te faire pécho par les collègues.

A l’heure du match, tu prends un rendez-vous, le genre pas super important. Le mec qui t’oppresse pour un entretien depuis des semaines mais dont tu te contrefous. C’est le moment de le convoquer. Tu le places en face de toi, sa tête juste au dessus de l’écran de ton laptop. Et par un habile jeu de regard, tu mattes le match pépère en faisant croire à cette lose qu’il t’intéresse. Tu n’oublieras pas, toutes les 20-30 secondes, de te fendre d’un « oui, effectivement », un « je vois » ou du fameux « c’est vrai, c’est vrai ». Il faut savoir contrôler ses émotions au moment du but de ton équipe favorite, et avoir toujours une page ouverte sur l’ordinateur avec un doc de travail bien compliqué, type tableur avec tout plein de chiffres qui fera illusion en cas de coup d’oeil furtif de ton convive.

Tes collègues croiront sans problème à un rendez-vous de taf, qui durera naturellement 90 minutes, avec une pause café-clope au moment de la mi-temps. Bon ok, c’est pas la solution la plus confortable, mais si tu veux voir les matchs de 18h alors que tu finis le boulot à 20h, faut ce qu’il faut.

PS : cette solution marche aussi pour le Tour de France ou les JO, mais il faut prévoir un rendez-vous bien long, voire 2 ou 3 dans l’après-midi.

 

– William Prunier et Stéphane Chapuisat