Après avoir abusé des jelly beans, des frites et de TV réalité (sachez que Carlton Banks, le cousin du Prince de Bel Air s’est reconverti en présentateur d’un jeu télévisé – je ne m’en suis pas remise), il est grand temps de revenir à l’essentiel, de se montrer un peu plus épicurien et raffiné.

Et la Vallée du vin, étendue entre les vallées de Napa, Sonoma et Russian River, située à une heure et demi de route de Sacramento, est l’endroit idéal. Si tu ne vois pas du tout à quoi ça ressemble, va tout de suite mater Sideways, tu comprendras pourquoi tout Bourguignon appréciera la Napa Valley. On change tout de suite d’univers, beaucoup d’Américains fortunés s’y rendent les week-ends pour déguster un grand cru, apprécier la vraie gastronomie, et profiter du paysage, ambiance farniente.

Au programme, de nombreuses dégustations : Cabernet, Sirah et Pinot noir, notamment au domaine de la Behrens Family. Fait original, les propriétaires du domaine vous accueillent dans une caravane au style 60’s mais à l’intérieur très luxueux. Quand tu vois le prix de la bouteille (la moins chère était à 50$) tu rigoles moins. Mais oubliez les fonds de verre radins des dégustations des Hospices de Beaune, pour une dégustation à la californienne vous avez droit à 8 vins différents, versés à moitié dans des verres énormes (n’oublions pas qu’aux États-Unis, tout est plus gros). Ce qui fait qu’après 4 ou 5 domaines visités, le calcul est vite fait : tu es bourré.

On termine malgré tout cette journée en beauté en dînant au restaurant Greystone du CIA, The Culinary Institute of America, où tous les plats sont cuisinés par les meilleurs élèves de cette grande école de cuisine américaine. Ici vous n’aurez pas de hamburgers, mais des plats travaillés et surtout délicieux, très inspirés par la cuisine française, sans aucun doute. Les cuisines sont ouvertes au public, j’ai pu donc assister à un cours sur la crème brûlée. Cependant, les (nombreuses) dégustations de la journée ont quelque peu altéré ma mémoire.

Passons maintenant à une découverte mémorable, l’un des endroits les plus beaux et les plus paisibles de la Californie : la petite bougarde de Glen Ellen, au sein de la Vallée de la lune. À une vingtaine de kilomètres de Napa Valley, Glen Ellen est surtout connue pour son Jack London State History Park, magnifique propriété qui a bien failli fermer faute de moyens financiers. Avec un musée, une forêt magnifique, un vignoble et les deux anciennes maisons de Jack London, le parc est une propriété du domaine publique et ceux qui y travaillent sont tous des retraités passionnés et bénévoles… Heureusement, grâce aux dons du public (le lieu est désormais devenu payant, 10$ l’entrée quelque soit le nombre de personnes), le parc reste ouvert.

On peut donc visiter le musée Jack London dans l’ancien cottage de la veuve de l’auteur, Charmian London. Dans 4 ans, le parc fêtera les 100 ans de la mort de l’auteur de L’Appel de la forêt. Pour la petite histoire, Jack London, ce n’est pas seulement Croc-Blanc que tu as été obligé de lire en 5ème, c’est aussi un des artistes emblématiques de San Francisco, auteur de 53 livres, un million de vies différentes vécues en une poignée d’années. En effet, London est mort en 1916 à seulement 40 ans des suites de nombreuses maladies (+ l’alcool, la drogue, un régime alimentaire catastrophique, un rein infecté et j’en passe) dans sa dernière demeure, à Glen Ellen. Avec son épouse, ils avaient fait bâtir une immense villa en pleine forêt, la Wolf House, mais 2 semaines avant d’emménager, la maison fut détruite par un immense incendie dont l’origine reste encore floue. Le couple ne se laissa pas abattre pour autant, ils décidèrent tout de même de vivre à Glen Ellen dans le ranch prévu pour leurs invités. C’est donc là que Jack London a passé les derniers jours de sa courte vie.

Ci-dessous : la chambre où Jack London a vécu ses derniers instants

Il fut enterré dans la forêt selon ses souhaits, avec un simple roc posé sur la terre, sans aucune écriture. Dans le silence de la forêt, c’est impressionnant de découvrir les ruines de la maison ravagée anciennement par les flammes et cette pierre tombale de pratiquement un siècle, où repose l’un des plus grands auteurs de la littérature américaine.

Jack London souhaitait être enterré à Glen Ellen après avoir découvert quelques années auparavant les sépultures de deux enfants, emportés trop tôt. Fait réel que l’on retrouve dans son roman La Vallée de la lune. Ces petites pierres tombales sont d’ailleurs situées à quelques mètres de celle de Jack London. Le vignoble de London produit toujours du vin, le vin Jack London, avec un loup sur l’étiquette de la bouteille. De nombreux concerts sont organisés l’été près du vignoble. Par contre, durant la balade, attention aux serpents : le parc en est infesté. Bref, le parc Jack London n’est pas la première destination touristique qu’on trouve dans les guides, et c’est bien dommage.

Voilà pour cette seconde partie, prochain et dernier arrêt aux US : San Francisco !

– Alice Chappau

Photos : AC