GéNéRiQ, c’est bien. C’est la diversité, l’éclectisme et la fraîcheur. Des pointures, des découvertes. Ne faites pas comme si vous n’étiez pas au courant, on vous l’a déjà expliqué , ou encore . On surfe avec classe sur une montagne de genre divers et variés : hip-hop colombien, pop éthérée danoise, folk chansonnier québécois, bref, tout roule pour l’aventure GéNéRiQ 2012 à Dijon. Les artistes sont contents. Les orgas sont contents. Le public est content. Ou presque.

Certes, il faut admettre que Dijon a été relativement gâtée par la programmation après un Crew Peligrosos ou un Cody Chesnutt à la Ferronnerie, éventuellement Keny Arkana à la Vapeur. Mais il faut avouer qu’un genre manque à l’appel, lésé par l’organisation dijonnaise dans ce qui devrait pourtant être la capitale de la moutarde qui monte au nez et qui arrache à votre épiderme suintante de grosses gouttes de sueur houblonnées. Comme le rock’n’roll, en fait.

Eh oui ! La programmation de cette édition 2012 de GéNéRiQ avait pourtant déniché quelques perles de rejetons pas si lointains d’Elvis Presley… On a bien eu Von Pariahs au Consortium. Pas trop mal. Même s’il a été immensément ardu de les défendre devant un Emmanuel Pop partagé entre l’enchantement d’avoir vu The George Kaplan Conspiracy et l’impatience d’en découdre avec la math-pop de BRNS (prononcez Brains, mais bon, vous êtes au courant depuis le temps). Bref, vous l’avez compris, Dijon n’est pas la ville rock de cette édition 2012 et il y a peu de chances que cela change d’ici la prochaine fois que la France sera championne du monde de football, dans facile 50 ans.

Il suffisait pourtant de lorgner vers l’Est, comme Bonaparte en son temps, à une centaine de bornes pour découvrir l’affiche qui fait briller les yeux de n’importe quel amateur de gros son digne de ce nom : Red Fang, Hark et Blood for Navajos à la Rodia. C’était mercredi 28 novembre à la Rodia.

Allo le rock’n’roll, vous êtes à Besançon ? 

À peine arrivé sur les lieux, stupeur ! Qui sont ces gens même pas habillés en noir, affublés de sweat-shirts « la Rabia Del Pueblo » ? Ah oui, c’est vrai, ce soir, La Rodia tente plus fort que le gouvernement Chirac/Jospin de 1997, la cohabitation hip-hop/stoner rock. Les regards se croisent, ça commande sa pinte ou sa vodka-redbull sans broncher, les uns filent voir Keny Arkana dans la grande salle, les autres gravissent les étages pour aller joyeusement remuer de l’occiput (headbanguer, dans le jargon) dans la salle du club.

Jusqu’à l’ultime concert, de Red Fang, le club de 300 places n’a jamais été complètement plein, sans non-plus être complètement vide. Blood for Navajos ouvre les hostilités plus tard que prévu. Il faut tout de même préciser que si le concert a été retardé, c’est parce que la facétieuse rappeuse Keny Arkana n’a pas supporté entendre cette « musique satanique » depuis la scène principale. Bref, 21h05, les montbéliardais sus-nommés lancent le bal. C’est carré, ça groove, même si les types n’ont pas foulé les planches depuis 5 ans, la faute à une tronçonneuse trop ardemment tombée en pamoison avec la main du batteur. On tape plutôt dans la sphère métallisante, ce qui n’a pas l’air de déplaire au public de la Rodia, sans pour autant déclencher autant d’enthousiasme que la sortie du nouveau Justin Bieber chez l’adolescente prépubère youtubement abrutie.

Keny Arkana, l’eau bénite et les sheitaneux

Suivent ensuite les très Black Sabbathiens Hark (si ça ne vous dit rien, replongez-vous dans l’histoire du rock), visuellement très impressionnants, de par leur batteur aux cheveux longs, roux et bouclés ondulant furieusement au fur et à mesure des assauts rythmiques de ce dernier, et par le bassiste, sosie parfait de Romain Duris (du moins dans la pénombre, car en vrai, c’est pas tout à fait ça). Lourd, gras et statique. Trois adjectifs pour qualifier aussi bien le public que le groupe lors de ce second concert.

Et on arrive à la cerise sur le gâteau ou plutôt… le gâteau sur le gâteau tant tout le monde ne semblait s’être déplacé que pour Red Fang, groupe autoproclamé « heavy rock ». Pas d’intro. Pas de fond de scène. BOUM. Ça envoie. C’est carré. Le public est remué de l’intérieur par les assauts d’un Punk (qui mérite bien une majuscule) ivre qui se déplace dans le public comme balloté dans le tambour d’une machine à laver. Du tube, du nouveau morceau. Bref, un enchantement pour le fan du groupe. Une curiosité pour les autres. On peut cependant difficilement dire que c’était un mauvais concert tant les gars sont généreux, humbles et heureux d’être là. Portland-Besançon comme si vous y étiez. Un dernier « ça va Besac’ ? » appris sur le tas quelques minutes avant de monter sur scène, les Américains remballent leur matos. Le public rentre chez lui, heureux. Seule Keny Arkana, aux dires de certains, aura été déçue de la soirée qu’elle aura passée à répandre de l’eau dite « bénite » dans les loges des « sheitaneux ». L’info reste à vérifier, mais on l’aime bien quand même. Pour l’heure, c’est Besançon-Dijon sous la pluie avec un genre de lumière étrange au fond des yeux et un sourire idiotement béat sur le visage. Demain sera dur, mais tant pis. À l’année prochaine, GéNéRiQ.

– Martin