Chez Sparse, on n’a pas tous les mêmes sensibilités et les mêmes attentes dans la salle noire. Comme ma camarade Alice Chappau, (cf. Sparse magazine, numéro 02), j’attends beaucoup en 2013 de Terrence Malick et de James Gray. J’attends Only God Forgives de Winding Refn et le prochain Hobbit. Mais quelques autres films également. À quelques mois du festival de Cannes qui risque d’être fort Américain et qui, d’après les rumeurs, devrait d’ailleurs être présidé par Spielberg himself, voici donc les prochaines sorties attendues de pied ferme.

Déjà, de Terrence Malick, on attend également Knight of cups, pamphlet prometteur contre le monde du cinéma, avec Bale, Portmann et Blanchett à l’affiche. Aussi parce que peut-être que pour une fois il y sera moins question de théosophie, mais probablement tout autant de crise existentielle voire mystique. Reste à savoir si le film déboulera chez nous cette année. Espérons que cela ne saurait tarder. Sachez par ailleurs que dans la semaine du 13 mars, l’Eldo rediffusera La ligne rouge et Le nouveau monde vers 17h.

Camille Claudel 1915, avec Juliette Binoche. Bruno Dumont, prof de philo dans le civil, a l’art de créer des atmosphères mystiques et dérangeantes. Ca tombe bien, la mystique et la théologie, c’est plus ou moins ses thèmes de prédilection, comme on a pu le voir dans Flandres et surtout dans Hors satan. Attention, cerveau obligatoire. Et pourtant, ce sont aussi des films très physiques, qui ont du corps et des décors souvent somptueux. En tout cas, l’actrice, elle, ne s’y est pas trompée : c’est elle qui a demandé à Dumont de collaborer. Ne vous attendez pas à un banal biopic. Le film est apparemment tourné là où la sculptrice se trouvait cette année là depuis un moment : en hopital psychiatrique, avec les patients utilisés comme acteurs dans… leur propre rôle !

Pour en terminer avec la philosophie, sachez qu’un Hannah Arendt est attendu à l’Eldo au mois d’avril. Pour rappel, cette penseuse juive du vingième siècle, qui a dû émigrer aux USA dans les années trente, avait été la maîtresse d’un penseur… nazi : Martin Heidegger. Dans ce film il sera question de la manière dont elle a médité le procès du commandant d’Auschwitz, Eichmann : le livre qui en découlait à l’époque (La banalité du mal) avait alors fortement choqué.

L’écume des jours. Parce que c’est Michel Gondry, le type qui exporte le mieux la France outre-Atlantique. Ceci tout simplement parce qu’il est le plus talentueux et inventif. On le savait depuis ses clips pour Björk et la choses avait été ô combien validée à travers Eternal sunshine of the spotless mind. Pour adapter le roman de Boris Vian que tu vas pouvoir prendre le soin de (re-)découvrir d’ici le moins d’avril, il s’entoure en quelque sorte de la crème de la crème des acteurs français des quinzes dernières années : Duris, Elmaleh, Sy et Tautou. On a vu pire.

Si tu apprécies Joaquin Phoenix à sa juste valeur, il ne sera pas que dans le prochain James Gray, mais aussi du côté d’un autre auteur de clips inoubliables pour Björk : Spike Jonze. Depuis Dans la peau de John Malkovich, on ne peut pas dire que ce réalisateur ait été forcément en réussite. Le scénario de Her laisse songeur : un écrivain solitaire qui se procure un tout nouveau système développé dans le but de satisfaire les moindres désirs de son utilisateur. De façon inattendue  celui-ci va avoir une relation romantique avec ce système. Une histoire d’amour non-conventionnelle qui mêle science-fiction et romance dans une tendre histoire qui explore la nature de l’amour et la manière dont les technologies isolent et nous connectent tous à la fois.

Le retour des frères Coen, avec Inside Llewyn Davis. Il y aura John Goodman dedans, le très susceptible Walter dans The Big Lebowski. On sait très peu de chose, si ce n’est que les frangins explorent encore un nouvel état des USA, puisque il s’agira d’aborder un quartier de New York à travers l’oeuvre du musicien folk Dave von Ronk. Bon là aussi, question : quand va sortir en France Hail Caesar! , terminé depuis un bon bout de temps ? Le pitch envoyait pourtant du rêve : « Une troupe d’acteurs pas très malins tente de mettre sur pied une tragédie grecque. » On imagine déjà des situations rocambolesques et kafkaïennes, des regards bovins et des acteurs qui se déchaînent.

The bling ring, de Sofia Coppola. Même si elle donne la désagréable impression que depuis Virgin suicides, ses films sont de moins en moins réussis, on apprécie toujours l’atmosphère cotonneuse de ses oeuvres et sa capacité à saisir le spleen contemporain. Elle est aussi du genre à assumer ses origines friquées de fille à papa et il en sera encore plus ou moins question ici. Il s’agira en effet des tribulations d’ados braquant des célébrités : histoire vraie ayant eu lieu à la fin des années 2000. Peu d’infos ont filtré, si ce n’est qu’il y aura Emma Watson dans le rôle principal. Tu me diras, qui est-ce ? Ben c’est la gamine dans Harry Potter… Enfin, paraîtrait qu’il y aurait encore bien sûr Kirsten Dunst.

jOBS. Son réalisateur est inconnu au bataillon, mais franchement imaginer Ashton Kutcher, finalement aussi irrésistible que le génie Charlie Sheen dans Two and a half men (il y joue déjà le rôle d’un génie en informatique), camper le rôle de Steve Jobs, ça a de quoi titiller. Et pourquoi pas avec un résultat aussi palpitant que le film sur le fondateur de Facebook ? En tout cas la ressemblance avec le gourou de Microsoft est assez épatante, jugez plutôt.

Comme tous les ans, le très prolifique Jonnie To va nous pondre un de ses thrillers tendus de Hong-Kong, plus ou moins efficace et étonnant ne serait-ce que parce que les armes à feu se font rares dans cette partie de l’Asie. Les personnages de ses films sont souvent très attachants. On avait adoré Election 2, et Exilé, on n’a pas encore osé mater le film qu’il a fait avec notre Johnny Halliday national, Vengeance. De ce qu’on en sait, le type est capable du meilleur comme du pire, mais il commence quand même à être reconnu à sa juste valeur. Exemple parmi d’autres, les lycées iront voir son Sparrow dans le cadre du dispositif Lycéens au cinéma cette année. On attend donc Drug war et Blind detective en espérant retomber sur une pépite.

Si t’es comme nous à donf’ sur le cinéma asiatique, et à défaut d’un nouveau Kitano (on prie chaque jour pour un retour du maître), un nouveau Kim-Ki-Duk est annoncé, intitulé Pieta. Le film a ni plus ni moins été consacré par le Lion d’or à la Mostra de Venise, et connaissant l’auteur, ce n’est pas étonnant. Depuis des chefs d’oeuvres comme Printemps, été, automne et hiver ou bien Locataires, on se demandait pourquoi il n’avait pas plus été célébré pour ses films émouvants, toujours à fleur de peau. Si son dernier bébé a été couronné, on vous encourage d’autant plus à sauter dessus à sa sortie à l’Eldo (ouais, ça passera clairement pas à Quétoch).

 

La vénus à la fourrure, de Sacher-Masoch, roman qui a inspiré un de ses meilleurs essais à Deleuze, va être adapté par le sulfureux Roman Polanski. On rappelle que l’auteur y dépeint ses propres tendances masochistes. Et on comprend que cela ait pu intéressé le réalisateur, quelque peu désabusé par ses expériences avec la gent féminine. Petite citation de l’ouvrage pour vous dépeindre un peu l’ambiance : « la femme, telle que la nature l’a faite, et telle qu’elle attire l’homme de nos jours, est son ennemie et ne saurait être que son esclave ou bien son tyran, mais jamais sa compagne ». Après si tu veux aller le voir avec ta nana ou ton mec, ça te regarde, hein.

Dans la même veine, Nymphomaniac de Lars Von Trier, désormais tricard à Cannes depuis ses propos tenus sur le nazisme. Le film sortira en deux versions : une érotique et une pornographique… avec Charlotte Gainsbourg dans le rôle principal. Que dire de plus ? On vous laisse admirer la première photo dévoilée par le réalisateur, tout un programme. À priori, Monsieur Yvan Attal est un mari ouvert.

Par contre, on te laissera aller au Cap Vert pour voir Fast & furious 6, Gatsby le magnifique (avec Di Caprio mais… par l’épileptique Baz Luhrmann, beurk, préférez plutôt le roman de Fitzgerald ou l’adaptation classieuse avec Robert Redford) ou bien encore Very bad trip 3 et Hansel & Gretel 3D (!) Désolé.

– Tonton Stéph