Victor Tsaconas, étudiant à l’ENSA Dijon, vidéaste, cycliste et assistant de Kaori Kinoshita (Quoi ? Vous connaissez pas ?), nous parle du festival Global Groove les 4 et 5 avril à Dijon, où neuf villes du Grand-Est vont s’affronter à coup de vidéos.

Salut Victor. Global Groove, c’est un festival international de danse africaine, c’est ça ?
Haha non, c’est le « festival vidéo des écoles d’art du Grand-Est ». Mulhouse, Strasbourg, Épinal, Metz, Besançon, Chalon, Nancy, Reims y participeront, et bien sur Dijon. Cependant, si tu parles de l’essence même de Global Groove, un peu oui. La première chose qu’on a faite lorsqu’on a eu envie d’organiser ce festival de vidéos, c’est de regarder Global Groove de Nam June Paik. C’est un artiste Coréen pionnier de l’art vidéo. Mais à l’époque c’était un peu différent de maintenant. C’était un nouveau médium et Paik expérimentait beaucoup avec tous les effets que l’on pourrait trouver maintenant ringards : colorimétrie, négatif, superposition, incrustation… Mais, passé le look ringard de certains effets, cette vidéo se veut la somme de différentes cultures populaires, occidentales et orientales (pas africaines du tout donc, mais il y a de la danse dans la vidéo). La vidéo sera diffusée lors du festival, donc tu pourras la voir.

Fantastique. Et donc le festival, c’est quand ? C’est où ? Et qu’est-ce qu’il y a de gratos à faire ?
C’est les 4 et le 5 avril, à l’ENSA Dijon et au cinéma Eldorado. C’est un festival semi-public, si ce terme existe. En gros, le jeudi, c’est ouvert au public toute la journée à l’école des Beaux-Arts (3, rue Michelet) à partir de 14 heures. Dans l’école, des dispositifs vidéos ont été sélectionnés. Puis à 16 heures, il y a une conférence de la part d’Isabelle Lemaître (collectionneuse d’Art Vidéo) et à 18 heures, un concert de Skylab, un groupe de punk électro dijonnais, en collaboration avec certains étudiants de l’organisation du festival. Au programme : projections vidéos et d’autres trucs cools je pense. Tout ça c’est gratuit. Le lendemain, il y aura deux artistes vidéos en conférences : Kaori Kinoshita et Mihai Grecu. C’est à 15 heures et à 17 heures, venez tôt car c’est dans la limite des places disponibles ! Kaori a fait un documentaire sur Second Life qui est juste génial, je l’ai découvert par hasard au Palais de Tokyo et maintenant je suis son assistant pour la journée, ça en jette ! Allez faire un tour sur le vimeo de Mihai aussi, c’est également génial.

D’accord.
À partir de 20 heures à l’Eldo, il y aura la diffusion de la sélection des vidéos en compétition et la remise des prix. C’est un tarif unique de 4 euros et le public est grandement invité à venir y assister. Le cocktail va être réalisé par Bye Bye Peanuts, un duo dijonnais qui en a eu marre des apéros pourris où trois chips se battent en duel. La dernière fois que j’ai assisté à un vernissage dans lequel ils se chargeaient de la table, j’ai pu manger ce que je voulais sans me demander s’il y avait de la viande, de la crème ou du fromage à la con, parce qu’il y avait quasiment que des légumes ! J’adore les légumes ! Pour le jeudi soir, après le concert, on va sûrement faire la fête avec les étudiants qui logent sur Dijon donc restez dans les parages après le concert de Skylab pour savoir ce qu’il va se passer.

Sexe, légumes & vidéo, ça me va. Comment avez-vous sélectionné les participants ? Est-ce qu’il y aura des internationaux ?
On a reçu un programme de 30 minutes de chaque école et la sélection s’est faite en petit comité, c’est-à-dire avec les étudiants et les deux artistes enseignants qui organisent le festival depuis le début de l’année. On est une quinzaine. Les deux artistes enseignants sont Lionel Thenadey et Lydie Jean-Dit-Pannel, quant aux étudiants de la 3ème à la 5ème année, il s’agit de Coralie Amiot, Alexis Bouchez, Charlotte Carteret, Margaux Chapyts, Charlène Chemin, Lucas Jacquet, JiSun Lee, Jiyoung Lee, Camille Le Tallec, Adrien Menu, Juliette Miséréré, Mathilde Rachet, Satu Sipilä, Faustine Suard, et Victor Tsaconas (c’est moi). En gros, on s’est enfermés dans l’amphi de l’école des après-midis entières et on regardait des heures de vidéos. On s’arrachait les cheveux pour faire le programme de la compétition à l’Eldo. Les programmes complets de chaque école seront visibles à l’école le jeudi dans une salle spéciale et ça dure environ 4h30 donc vous aurez de quoi faire.

Faudra pas hésiter à se lâcher sur la machine à café de l’ENSA à ce moment-là.
Aussi, la sélection des installations vidéos a été choisie selon le même principe : dans le noir avec un écran géant, un papier et un stylo. Il y a 11 dispositifs installés dans l’école et ça c’est visible le jeudi, la journée gratuite. La sélection de Dijon a été un peu plus compliquée car c’est un peu tendu de sélectionner sa propre vidéo, donc on a laissé la sélection aux deux artistes enseignants. Et je suis dans la compét’ dispositif ! Sinon, dans les écoles il y a des gens de partout, donc on peut dire qu’il y a des internationaux.

Je te souhaite bonne chance. La sélection est déjà faite ?
La sélection oui, mais il reste le plus important : les prix. Il y en a 4, deux de 1000 euros de la ville de Dijon et de Géotec, une exposition offerte par les Ateliers Vortex, et un prix de la part des Bret Brothers, une caisse de vins Bourgogne.

Parle-nous plus précisément des deux événements majeurs : la soirée du vendredi et la conférence…
Oui, le vendredi comme dit ci-dessus, c’est à l’Eldo avec la diffusion du programme des vidéos en compétition et à la fin, la remise des 4 prix. Chaque prix est également accompagné d’un trophée réalisé par Maude Felbabel : chaque pièce est unique et tout droit inspirée de sa pratique artistique. C’est elle qui va les remettre en personne. Ça va être assez cool, la sélection dure 1 heure 15 et entre chaque vidéo, il y a des jingles que les étudiants de l’ENSA ont réalisé lors d’un workshop au mois de janvier. Donc il y a 15 vidéos et 18 jingles, tout est inédit ! Enfin les végétariens et vegans seront bien servis au cocktail de clôture cette fois.

À la bonne heure.
La conférence d’Isabelle Lemaître va être vraiment intéressante je pense. Ce sera sur « Qu’est-ce que collectionner la vidéo ? » et on aura un aperçu de sa collection. C’est la première collectionneuse d’Art Vidéo en France ! C’est à 16 heures jeudi à l’amphi de l’école, il faut pas rater ça.

C’est noté. Tu avais déjà participé à l’organisation de l’expo Pluriels, une expo de jeunes artistes internationaux et dijonnais, à l’Atheneum, il y a un mois. Où trouves-tu toute cette énergie ?
Oui, une expo à l’Atheneum qui s’est finie le 29 mars, c’était vraiment cool ! L’énergie, je sais pas trop. Je dors comme une merde la nuit et je bois beaucoup de café. Mais je mange beaucoup aussi, je fais plein de vélo, je vais courir, je répète avec mon groupe… Mais c’est un peu comme tout le monde, quand on a vraiment envie de faire des trucs, on trouve toujours le temps et l’énergie. Et certaines nuits, tu te rattrapes. Comme hier par exemple, j’ai dormi plus de 12 heures, et là, je vais super bien !

Tu as l’air. Tu vas bientôt passer ton master d’Art à l’ENSA. En cas de réussite éclatante, que je te souhaite bien entendu, à quoi vont ressembler les prochains mois pour toi ?
C’est un DNSEP, Diplôme national supérieur d’expression plastique, qui est équivalent du master universitaire. Déjà, je me suis prévu un super long trip en vélo à travers la France durant tout l’été avec mon matos vidéo et photo pour continuer à bosser. Puis après, quand je vais rentrer chez moi vers août ou septembre, ça va être de la paperasse pour tout ce qui est concours, demande de résidences, inscription à la maison des artistes… Sinon, je vise la bourse pour partir dans les îles Kerguelen, dans les terres australes françaises. Ou bien je me rebarre en Islande pour une résidence de 6 mois dans un fjord paumé dans le nord du pays, puis je commence mon tour du monde du Nord : Islande, Groenland, Canada, Alaska, Sibérie, Scandinavie… Bref, les prochains mois seront bien remplis.

– Propos recueillis par Anthony Ghilas
Crédit photo : Juliette Miséréré 

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