Cette semaine, direction l’espace et Palma de Majorque, aux Baléares, avec en perspective, quand on pense à ces îles, un voyage plutôt agréable si j’en crois les dépliants publicitaires :  moyenne sur l’année de 16 degrés, des pointes à plus de 30 au mois d’août, des grands hotels, des clubs… Majorque c’est comme Ibiza, une destination de teuf. Teuf, oui, mais haut de gamme pour touristes fortunés.

Histoires de quartier

Un endroit très classe donc, sauf que dans cette bédé espagnole Histoires du Quartier, il n’en est pas du tout question. C’est la face B, les années 80 d’un quartier bien chaud de Palma avant le rush touristique. Un récit autobiographique dans la crasse, la came et les casses d’une jeunesse pas méchante mais paumée. Comme si les quartiers nord de Marseille, Vaulx-en-Velin ou Sarcelles, pouvaient devenir des lieux touristiques.

Le personnage principal s’appelle Gabi, comme Gabi Beltrán le scénariste, on le suit à travers les coups qu’il monte avec ses copains : vol de voiture, cassage de gueule d’un commerçant, fumette, course poursuite avec les flics et… désespoir. Parce que ce qui ressort de toutes ces anecdotes, plutôt bien racontées, c’est que derrière les attitudes, l’ennui mortel d’une jeunesse pointe et les pousse à faire n’importe quoi.

Durant ces années 80,  à part les GI’s en permission sur l’île, rien ne vient pimenter un quotidien insulaire. Coupés de tout et plongés dans un quotidien pauvre voir miséreux, ces mômes des 80’s n’ont même pas de DS, de PS4 ou de TV pour s’abrutir. Au mieux, une borne d’arcade qu’ils trafiquent pour ne pas payer.

Alors tout ça aurait un côté platement anecdotique si au détour d’histoires, Gabi Beltrán ne nous lâchait pas des phrases du genre : « Il ne le savait pas encore mais il finira avec une pompe dans le bras, mort d’une overdose ». Dur, très dur pour ces gamins battus par des parents  qu’on dira au mieux à l’ancienne, ou élevés par des mamans absentes le soir parce qu’occupées à tapiner le marin. C’est pas du Zola, ce n’est pas du tout misérabiliste car on comprend que les mômes s’amusent à faire tous ces coups, les caractères se forgent au contact de la rue mais rien n’est évident.

Vol de voiture, cassage de gueule,
fumette et course poursuite

histoire de quartierLe dessin grand public, tout en courbes douces, est assuré par Bartolomé Segui. C’est stylé, y a un beau travail sur les points de vue et les courbes. Le bouquin est précédé d’une préface de l’éditeur espagnol assez énigmatique quand on est français mais il prend tout son sens quand il nous est dit qu’étant donné le quartier dont il est originaire, ce témoignage est une rareté. En tout, huit histoires composent ce livre, des histoires parfois sans lien les unes avec les autres si ce n’est des textes de Gabi intercalés entre les histoires et qui racontent son retour sur l’ile à la recherche de son père décédé. Bon bouquin aussi parce que c’est bien de découvrir ces auteurs espagnols.

Autre genre, autre ambiance, de la SF décalée, dans la très bonne collection Bayou, Star of the stars. Sfar est au scénario et  Pénélope Bagieux au dessin pour une histoire entre « Fame et Star Trek », c’est eux qui le disent. L’histoire est un espèce de huis clos avec des danseuses plus ou moins étoiles et caractérielles qui sont kidnappées par des extraterrestres qui détruisent la terre mais les gardent, elles, comme représentantes de l’espèce.

Bon, je vais vite : je ne vois pas l’intérêt du bouquin. Ça bavarde, c’est du comique qui ne me fait pas rire. C’est le tome 1, je vous conseillerais bien d’attendre la publication du tome 2 pour voir si cette série à mérite le détour.

– Martial Ratel

Stars of the stars, par Bagieux et Sfar, autour de 14 euros, Gallimard
Histoires du quartier, Segui et Beltrán, 18 euros, Gallimard

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