Toutes les semaines, on va te faire découvrir un disque qui sort des sentiers battus. Pas la peine de t’échiner à te faire croire que tu t’y retrouves dans la jungle des sorties d’albums, EP, mixtapes ou démos… Tu galères. Nous, non. Alors on t’aide. Cette semaine : gangsters mexicains et virilité.

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Prayers
“SD Killwave”

Tags : cholo goth, pop 80’s, électro
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Rafa Reyes et Dave Parley sont Prayers. Leur musique défonce. Il y a un truc assez évident, très direct, frontal dans l’esprit et la direction des morceaux. Les sons 80’s regonflés par de l’électro soutiennent une scène de déferlement de rage, de punchlines dark qui ont le mérite de ne pas être bidons. Il suffit de regarder deux secondes les Prayers pour savoir qu’il ne sont pas dans la pose et que la musique sert d’exutoire.

Ils ont enregistré l’album SD Killwave en deux jours. Ils ne se connaissaient pas avant de mettre en boite sur le vif, dans la chambre de Reyes, 8 titres qui composent le disque. Au troisième jour de travail en commun, ils montaient sur scène pour un premier concert.

Tout ça, c’était en 2013. Rafa Reyes jouait dans le groupe Vampires et était déjà dans le délire goth, cholo goth pour être précis. Soit un mélange des codes de la culture de rue chicanos et de toute l’imagerie cold-new wave / post-punk. Un crossover original et quasi improbable de prime abord, produit de San Diego en Californie.

Le truc fonctionne et permet à Reyes d’affirmer plutôt fier la primauté du concept : « On est les numéros Un dans cette putain de ville ». C’est pas tous les jours que Rafa était numéro un, dans le quartier de Sherman. En gros, face à la culture chicano virile et hip-hop, un fan de Joy Division ou des Pet Shop Boy, ça ressemble à un loser. Et finalement, c’est ça qui au fond rend le projet Prayers si intéressant. « Briser les stéréotypes, c’est ça le cholo goth, l’auto-libération », l’extraction sociale par le maquillage, un mythe prométhéen qui forcément se crame dans la violence de rue, la culture de gang et le « fuck you ». « Un cholo, c’est un putain de mec qui peut faire ce qu’il veut, qui n’en à rien à foutre des gens. C’est un vrai guerrier ». Reyes a deux condamnations en Californie, à la troisième, il prend perpète. Heureusement, il dit s’être calmé.

Mais Prayers n’est pas que dark. Pour Dave Parley et Rafa Reyes, leur musique   représente le danger, la violence des rues mais est aussi porteuse d’espoir, d’un avenir. « Avec Prayers, on a trouvé les clefs, une nouvelle porte pour explorer la culture chicano ». Prochain chapitre, espéré pour cette année, l’album Young Gods, enregistré avec la batteur de Blink 182. Quand ils viendront en Europe, il faudra quand même leur faire écouter The Young Gods, qu’ils ne connaissaient visiblement pas. Ça pourra leur plaire.

– Martial Ratel

Les + :
Une bien longue et bien intéressante interview en français à lire là.
Une vidéo interview.