Tous les ans, la ville de Besançon marque le coup avec  l’événement de clôture de sa programmation « Hors saison » (prog’ culturelle estivale). Cette année, c’est la troisième création de la compagnie bisontine Bilbobasso qui a été choisie. « Le bal des anges » raconte l’histoire d’Alfonsina qui est hantée par le fantôme de son défunt mari, et a bien du mal à passer à autre chose. Rien de bien différent des Feux de l’amour, te dis-tu ! Mais interprété sur fond de tango argentin sublimé par un spectacle pyrotechnique audacieux, ça prend toute sa dimension. Imagine qu’en plus, tout ça se passe dans la cité forte de la ville aux sept collines, la citadelle de Besançon.

Bilbobasso

INDICE TRANSPI.

40° à l’ombre, ce samedi 29 août. La compagnie a mis le feu, au sens propre comme au figuré. Le dilemme amoureux, interprété par une danseuse de tango argentin des plus virtuose, se jouait sur un parterre enflammé (oui, elle danse au milieu des flammes). La danseuse s’amusait à actionner une machine bizarre qui crache des flammes de plusieurs mètres au-dessus de la citadelle. Et un gros coup de chaud sur le final…

Du côté public, c’est 1 500 personnes qui ne pensent même plus à respirer pendant toute la durée du spectacle, et se lèvent pour 10 minutes d’applaudissements en hurlant à la fin de la performance. Il faut dire aussi que les bisontins, on est comme ça. Quand les artistes nous en mettent plein la tronche, on leur montre qu’ils nous ont retourné les tripes.   

POINT FASHION WEEK.

L’entrée dans le site ressemblait à un pèlerinage, ou des centaines de personnes s’infligeaient la longue et raide montée au sommet du mont Saint Etienne pour atteindre le fort. Ce n’est qu’après 3 crises cardiaques et que mes poumons m’abandonnent sur le bord de la route, que je me suis retrouvée face à la citadelle. Ce soir là, on y croisait le (grand) bisontin classique qui hante habituellement la ville.

La citadelle avait été réouverte plus tôt dans la soirée pour permettre de pic-niquer avant le spectacle. Certains s’étaient donc bien installés avec serviettes de plage, ou même chaise pliable. Pas bête car le sol de la cour de la citadelle n’est pas vraiment étudié pour le confort des séants délicats comme le mien.

Côté scène, les costumes nous emportent directement dans l’univers de la compagnie Bilbobasso : entre le visage masqué de l’époux défunt qui rappelle Erik dans le Fantôme de l’opéra, et la robe à collerette de la chanteuse diabolique qui évoque Maléfique de Disney le jour de son mariage. Le décor est planté : on est bien là pour un spectacle à la fois moderne et plein de poésie.

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CE QU’ON A AIMÉ, AU FINAL.

C’est un truc bien bisontin d’aimer faire des spectacles nocturnes dans les monuments historiques. La citadelle était magnifiée et les effets pyrotechniques lui donnaient un petit côté ensorcelé. Le fait de pouvoir apprécier le bâtiment de nuit en dévoile une autre facette. Et puis, une fois qu’on a repris son souffle après la montée du mont Saint-Etienne, on en profite pour une vue du centre ville de Besançon de nuit.

L’univers de la compagnie Bilbobasso, nous emmène dans un monde de rêve et de poésie, épicé par el fuego de la passion. Rien de gnant-gnant. Ces contes-là sont modernes, endiablés et à la fois plein de sensibilité. Les décors sont sobres sans être dénudés. Juste ce qu’il faut pour t’emmener dans un autre univers.

Le chant qui accompagnait tout le spectacle était magnifiquement interprété, par une voix à la fois intense et pleine de finesse, qui transmettait à merveille la passion et le dramatique de la situation. Tout simplement envoûtant.

Les performances pyrotechniques de la compagnie Bilbobasso rappellent celles de sa grande sœur et compatriote, la compagnie La Salamandre. Dans un univers artistique tout à fait différent, les deux compagnies font partie de ces artistes de rue qui jouent avec le feu de façon grandiose, et savent donner des frissons aux spectateurs. La chanteuse principale était vêtue d’un costume avec une traîne qui s’enflamme, et la bataille de coq entre le fantôme de l’époux d’Alfonsina et l’amant, était symbolisée par un tourbillon de chutes de Kerdane. A couper le souffle.

Les jeux avec le feu ont réellement un sens pour l’histoire : ils ne sont pas uniquement utilisés pour démontrer une capacité technique. Chaque effet  pyrotechnique a une utilité, et fait partie de la mise en scène pour mieux exprimer les émotions intérieures des personnages. Le feu sert à symboliser tout ce que d’ennuyeux dialogues auraient fait perdre en efficacité au spectacle.

Et surtout, des artistes qui n’hésitent pas à repousser les limites techniques pour nous offrir toujours plus de magie. La compagnie Bilbobasso nous offre des artistes complets qui donnent tout ce qu’ils ont pour entrer en lien avec le public.

CE QU’ON N’A PAS TROP AIMÉ.

– la montée à la citadelle, bien trop raide

– que cela ne dure pas toute la nuit

– le sol de la cour de la citadelle qui était trop dur pour s’asseoir

Bon, sérieux, t’as toujours pas compris que c’était juste éblouissant ?

TAUX DE REBOND.

Une fin d’offre culturelle estivale grandiose qui donne juste envie d’attaquer la saison. Ca tombe bien, le festival de musiques de Besançon commence cette semaine !

Et puis, on pensera à surveiller la compagnie Bilbobasso. Depuis sa création en 2006, elle a déjà fait plusieurs fois le tour de la France avec ses créations (dont Châlon dans la rue cet été), et s’est même produite dans plusieurs pays en Europe. Pourquoi ne sont-ils jamais venus embraser la place de la Lib’ ?

– Mamz’elle Deucinq
Photos : Cie Bilbobasso et Mamz’elle Deucinq