Hindi Zahra se produisait le 24 septembre dernier sur la scène de La Rodia à Besançon dans le cadre du festival Détonation. Longue dame brune qui n’œuvre pas dans la traditionnelle chanson française mais au contraire développe une musique syncrétique influencée tant pas les artistes gnaoua que par le jazz afro américain, Hindi Zahra est une artiste totale qui écrit, chante, joue de la guitare, et pratique avec assiduité la peinture depuis l’adolescence.

Hindi Zahra

Enfant berbère marquée par le souvenir de ses tantes s’affairant à la broderie traditionnelle aux motifs géométriques, pendant les heures les plus chaudes du jour, alors que la maison respire à l’ombre des volets tirés, Hindi Zahra prend l’origine comme direction. Toujours l’Afrique est là, non pas comme une terre sacrificielle médiatique, mais comme une source à laquelle il convient de s’abreuver pour voir l’invisible. « L’Afrique demande l’abandon de la raison occidentale, l’abandon de l’obsession du confort matériel pour se laisser voir. L’Afrique c’est la puissance de l’invisible, comme cette richesse minière endormie dans les sous-sols de ce continent » affirme l’artiste installée à Marrakech, dans une maison où lorsqu’elle n’est pas en tournée, elle mène une vie disciplinée par la pratique artistique. Levée à trois heures trente, la jeune femme pratique quotidiennement le yoga, enchaîne avec l’écriture et la peinture puis se consacre à la guitare en fin de journée. Pour l’heure Hindi Zahra a exposé ses toiles collectivement dans le cadre d’une vente de charité mais ne serait pas hostile à l’idée un jour de faire voir davantage sa production. Peuplée d’animaux et de figures multiples mêlées de motifs ancestraux comme les points et les étoiles, Hindi Zahra parle de ses toiles avec conviction : « L’art est avant tout un chemin de guérison, c’est son essence que l’on tend trop à oublier dans un jeu conceptuel ». Citant avec ravissement Frida Khalo, les aborigènes australiens, ou encore le surréalisme belge contre l’intellectualisme, l’art pour Hindi Zahra est affaire de transe : « Ma peinture exprime mon inconscient. Les personnages qui émergent sur la toile me surprennent, je ne décide pas les choses à l’avance, cela me ressource, me purifie de mes maux. La peinture est une méditation active ».

– Florence Andoka
Photo : F.A.