La belle histoire continue pour DJ Deep et Roman Poncet. Après deux EPs, Extraction et Hydraulic Pressure, sortis sur Tresor Records sous le nom Adventice (Exsurgence, leur troisième, sortira le 19 octobre sur le label allemand), les deux producteurs présentent le premier album de leur autre side project : Sergie Rezza.

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Les deux Français cultivent la même manie d’avoir de nombreux alias et il est parfois difficile de s’y retrouver, car Roman Poncet, c’est aussi Traumer et Marion Poncet. Chaque nom correspond à une sensibilité de l’artiste, de la techno brutale de Roman à la house langoureuse de Marion. Il en est de même pour DJ Deep que l’on peut retrouver sous divers noms. Et quand ils décident de travailler ensemble, rebelote. La sphère techno avait découvert avec joie Adventice, une techno puissante et taillée pour les clubs. Ce n’est pas pour rien que leurs EPs sont sortis sur Tresor records, label du mythique club berlinois. Si ce qui vous plaît, c’est la transpiration et l’industriel, c’est vers Adventice qu’il faut se tourner.

Avec Sergie Rezza, ces producteurs de génie nous entraînent dans une partie plus complexe et expérimentale de leur sensibilité. Après Mist, un premier EP qu’on pourrait qualifier de mise en bouche, il est maintenant temps de rentrer dans le vif du sujet et de plonger tête baissée dans les méandres sonores de Sergie Rezza, album éponyme sortie le 09 octobre sur Desire Records. Les plus chanceux d’entre nous avaient pu avoir un aperçu de cette nouvelle collaboration lors de leur premier live à l’Institut du Monde Arabe à Paris, dans le cadre de l’opening du Weather Festival. DJ Deep déclairait d’ailleurs à cette occasion dans une interview pour Beware Magazine : « Sergie Rezza c’est une musique assez introspective, assez intime, c’est pas forcément facile de rentrer dans l’univers (…) c’est vraiment une musique d’émotions. »

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L’écoute de l’album n’est pas aisée. Les habitués du 4×4 seront d’ailleurs peut-être un peu perdus. Pourtant, chaque morceau fourmille de détails et de sonorités inconnues jusqu’alors. Il faut laisser à la musique le temps d’envahir l’esprit afin d’atteindre peu à peu un état de trance terriblement agréable et apaisant. Wof, par exemple, pourrait paraître oppressante, tant ses sonorités sont noires et lugubres, mais il n’en est rien. L’album dans son ensemble se présente comme une invitation au voyage moderne. Avec Toucan, c’est en Afrique que Sergie nous emmène, au fin fond d’une savane resplendissante. Pari réussi pour cette nouvelle collaboration de DJ Deep et Roman Poncet, qui prouve à tous qu’ils ne doivent pas leur succès au hasard. L’album se termine sur Peace Quest, dont le nom est suffisamment évocateur. Un album sur fond de catharsis pour les deux producteurs, qui subliment leurs pulsions pour notre plus grand bonheur.

– Lucas Martin