[Note de service : je suis correspondant pour Sparse à Paris depuis plus de six mois. J’ai dû dire 15 fois au grand chef du site « Faut que je t’envoie un sujet’ » mais entre le temps perdu dans le métro (si jamais vous ne connaissez pas, c’est comme le tram Devia, mais souterrain, donc moins de risques d’avoir des collisions avec des voitures) et les expos de hipsters, je n’ai jamais eu le temps d’écrire un papier jusqu’à ce jour]

1044975_269920683148019_579111287_n

Salut à toi le Dijonnais,

Oui, je sais, Sparse Incorporation, c’est désormais de Nevers à Dôle, en passant par Mâcon et Besançon, mais vous êtes encore majoritaires à Dijon, donc c’est à toi que je m’adresse.

C’est à toi, la capitale de la BFC, que je parle, depuis la capitale nationale, touchée par un effroyable attentat vendredi 13 novembre. Parce que tu ressembles à Paris, toi, Dijon. Parce que tu es cultivé et parfois snob, tu as une histoire, tu as ton propre caractère, tu fais parler à ton échelle et tu as même tes haters ! Parce qu’avec ta LINO, tu as désormais ton petit périphérique, et qu’après avoir fait des miracles à Paris – mais si, mais si – François Rebsamen a préféré garder ses meilleures idées pour la mégapole bourguignonne. Quand on me demande, dans la ville lumière, à quoi tu ressembles, je réponds, une fois passée la vanne insolite sur la moutarde, que tu es une sorte de petit Paris, avec les avantages et les défauts induits. Je t’ai vu te recueillir pour la Capitale, et je sais qu’au fond de toi, tu cherches comment rajouter du bleu dans le vin blanc et la crème de cassis du Kir, histoire de faire de la fierté régionale un hommage tricolore national.

Le Parisien est parfois con, et quand on l’invite à ne pas faire quelque chose, il le fait en double. Parce qu’il est obstiné et libre. La peur sera son moteur mais au lieu de vivre en ermite, il sortira et retournera boire des coups en terrasse, regarder des matches et écouter des concerts. Et plutôt deux fois qu’une.

Alors prière d’être Parisien. Si tu lis ce site Internet et le magazine, tu le sais déjà, mais Dijon regorge de nombreux endroits qui emmerdent Daesh et sa curieuse définition du vivre ensemble. Quel que soit ton caractère, il y a un bar qui te correspond à Dijon. Football, basket, handball, rugby, tennis, hockey ? Tu peux voir le match de sport professionnel que tu souhaites. Et tu as assez d’infrastructures pour aller le pratiquer sans problème. Doit-on vraiment parler de concerts ? Tu as la flemme de payer en plus ? Sparse te permet de gagner des places pour les meilleurs spots in town. Elle est pas belle la vie ?

Prière d’être Parisien, parce que tu en as les moyens. Inutile de faire des longs débats politico-démago-sécuritaires, la réponse, elle est partout, elle est chez toi, elle est en toi, en vivant, tout simplement. La probabilité que Daesh change complètement d’idées pour finalement frapper Dijon est égale à celle de voir ton DFCO chéri un jour en Ligue des champions. La peur ne pourra être ton moteur, certes. Mais pourquoi t’empêcher de vivre ? Sois ce gros con de Parisien qui rigole fort en terrasse – même si bon, par -5° en ce moment, ça ne doit pas être facile –. Sois ce gros con de Parisien qui râle mais ne changerait son centre-ville pour rien au monde. En ces temps difficiles, on accepte même que tu sois ce gros con de Parisien qui klaxonne dans ce même cœur de ville et qui n’accepte plus les voitures dans son sein, mais bon, on parlera d’urbanisme un autre jour, en attendant, on sourit de te voir bloquer tout seul dans ton gros véhicule. Ce désormais fameux vendredi 13, chaque Parisien a reçu/envoyé plus de messages d’amours à/de ses proches que dans toute l’année. Pour se rendre compte qu’il est heureux d’être vivant. Tu es vivant Dijon. Alors prouve-le. Et sors !

– Baptiste Binet
Photo : L.V.