Le cinéma, ça coûte une blinde et c’est dur de trouver un bon film parmi toutes ces merdes qui envahissent les écrans. Chaque mois, on fouille dans notre collection de VHS pour trouver quelques pépites à te conseiller, alors ressors ta carte d’abonné au vidéo-club du quartier.

Election 2 – Johnnie To (2007)

Le cinéma de Hong Kong à son meilleur. Chacun se doute de ce que va donner la tentative d’appliquer une procédure démocratique au sein même d’une triade, ces mafias chinoises sanguinaires : de la poudre aux yeux et une boucherie indescriptible. Mention spéciale à la scène dans le chenil qui va te faire passer l’envie d’aller adopter un clébard à la S.P.A des Cailloux. Une mise en scène splendide capte la monstruosité de la volonté de puissance des divers protagonistes, prêts à tout pour prendre la tête du syndicat du crime. Mate ça, Marie-Guite, avant de prendre une décision favorisant Besac… À noter que le même réalisateur a produit un film avec notre Johnny national par la suite. Lol.

Annie Hall – Woody Allen (1977)

Le dernier Woody Allen Café Society renoue avec les vieux films du réalisateur, les « mieux » comme on l’entend souvent. Mieux parce que l’on y découvrait la verve de l’acteur Allen dont Eisenberg est devenu dans son dernier film le parfait double : même physique peu facile et même diction saccadée et bafouillante. On y retrouve surtout les errances d’un couple, tant physiques que sentimentales. C‘est donc l’occasion parfaite de retourner voir Annie Hall et de replonger dans l’un des plus drôles et touchants films de Allen, dans un New York magnifié par le noir et blanc. À sa sortie, le film remporte à peu près tous les oscars et de manière justifiée. Les dialogues sont à l’instar des logorrhées des Marx Brothers. Le fameux humour juif y côtoie les plus belles déclarations d’amour sur fond de références littéraires. Surtout, Keaton et Allen offrent un duo d’amoureux qui aura de nombreux avatars dans les décennies suivantes : cocasse, touchant, drôle et hystérique. Si le film est déjà à l’époque une sorte de psychanalyse de Allen et de son couple avec Keaton, Café Society donne la réécriture de ce mythique duo auquel il rajoute cependant une tonalité crépusculaire qui traduit les angoisses d’un réalisateur qui rentre dans sa 81ème année.

Stranger Than Paradise – Jim Jarmusch (1984)

Dans la catégorie film sec comme un blanc de Côte de Nuits, je demande Stranger Than Paradise de Jim Jarmusch, son deuxième long métrage, sorti en 1984. Willie, honteux de ses origines hongroise, crèche dans un studio miteux à New York et doit accueillir pour quelque temps sa cousine hongroise qui doit rejoindre une tante à Cleveland. Willie ne cache pas son manque d’enthousiasme et se comporte comme un vrai goujat avec sa couz’. Pourtant, elle est débrouillarde comme pas deux et fait même la fiesta avec son pote. Petit à petit, Willie tombe sous le charme de cette cousine qui le sort de son ennui, et va la retrouver jusqu’à Cleveland puis en Floride. Il ne se passe quasiment rien dans ce film et pourtant tout est suggéré avec délicatesse, avec une économie de moyens qui ferait vomir Michael Bay d’ennui. Le twist final, complètement déglingué, annonce l’humour pince sans rire et le goût pour l’absurde que Jarmusch déploiera dans ses films suivants (Down By Law, Ghost Dog, Broken Flowers…). Mon conseil dégustation : visionner ce film entre un slasher zombie et un blockbuster style Pirates des Caraïbes, vous en apprécierez d’autant plus l’exquise sécheresse. Je sais, ça donne envie.

Forces spéciales – Stephane Rybojad (2011)

On te dit ce qu’il faut regarder, mais aussi ce qu’il faut éviter. Quand une prod’ française veut faire du Hollywood, c’est forcément bien gras. Le pitch tient sur un confetti : une reporter est retenue en otage par des méchants barbus en Afghanistan donc on envoie des gentils barbus à sa rescousse. Les acteurs sont mauvais, le scénar est bancal, le réalisme a pris des vacances. Forces spéciales se tape quand même un brillant 4/5 sur Allociné par les spectateurs, probablement des fans de Call of Duty ou de grands émotifs qui ont versé une larme quand nos héros tombent sous les balles. Fais pas chier, c’est pas du spoil, tu te doutes que plusieurs des mecs vont y passer à 5 contre 47. Et puis sens de l’honneur, du sacrifice, tout ça. L’armée française a mis à dispo ses plus beaux joujous comme des hélicoptères de combat qui font des gros trous dans les gens. La bande-annonce a l’air d’une belle pub de recrutement. Même si un officier nous a confié que « en vrai, ça se passe pas comme ça ». Ah bon ? Mais engagez-vous quand même.

– Tonton Steph, Melita Breitcbach, Nicdasse Croasky & Loïc Baruteu