Pas le temps pour les regrets, c’est bien connu; mais le silence n’est pas un oubli : toutes ces années passées, tu n’as pas cessé pour autant d’écouter tes mixtapes de Cut Killer, tes enregistrements de la nocturne de Skyrock et tes disques de Fabe sont bien rangés, comme des reliques. Il est bien temps de faire le bilan, calmement, sur l’histoire du rap çaisfran des années 90, et le Zénith va te permettre, vendredi, de retrouver les gloires de ta jeunesse.

Âge tendre et tête de bois

On ne va pas se mentir, le concept, en soi, prête un petit peu à sourire : tout cela pourrait sentir un peu la naphtaline, le suranné, le réchauffé; mais il peut y avoir une réelle légitimité à ce spectacle; d’une part, on assiste à un rassérénant retour aux années 90 – je pense bien sûr à un collectif comme Bon Gamin, qui seront présents bientôt au festival MV- ou bien à Prince Waly. Pompant le meilleur de ce que le rap de cette époque avait à offrir, ils ont pu nous rappeler à quel point on aimait ce qui se passait avant, même si on n’est pas devenu des vieux cons rétifs à la trap, incapables de comprendre ce qui se passe avec PNL et compagnie. Par ailleurs, un grand nombre des rappeurs qui t’ont fait dodeliner de la tête avant que tu passes le bac se proposent actuellement un come back, avec certes plus ou moins de réussite, IAM aurait pu rester en retraite par exemple. Il y a la Fonky Family qui repointe le bout de son nez, et on aura toujours plaisir à entendre Le Rat Luciano. Mais les artistes prévus à Dijon sont pas mal non plus.

 

Un line-up qui te donne envie d’appeler Difool et le Doc’

Bien sûr, comme on n’est pas les perdreaux de l’année, on se demandait un peu si tous les rappeurs qui accompagné l’apparition et la disparition de ton acné seraient bien là le jour J. Nous voilà rassuré. Vise un peu les artistes annoncés comme présents – même si cela reste à prouver; on te les classe dans notre ordre de préférence.

 

  • Les X-Men : rien de moins que le meilleur duo des années 90; Ill, meilleur lyriciste, avec le meilleur producteur au nom pété, Géraldo. Retour aux pyramides mec. Quoique c’est loin d’être leur meilleur titre
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xmen

  • Les Sages Poètes de la rue, Danny Dan, 2e meilleur flow de France à un poil de Ill.
  • Assassin : bordel, Rockin Squat, quoi! On manque d’experts en géopolitique par chez nous, donc il pourra nous parler des Iluminazis, de Total et de la Françafrique, transformant le Zénith en antenne de science po’; on valide!
  • Ministère ÄMER : classique des classiques. Stomy Bugsy et Passi sont annoncés à part, peut-être se fendront-ils d’un de leurs tubes ensemble.
  • Matt Houston : ce bon vieux Matthieu Rouston a reçu bon nombre d’hommages circonstanciés dans la matinale de Sparse chaque vendredi sur les ondes de Campus ; une bonne dose d’humour sera nécessaire pour se mettre sur le flex au moment où il montera sur scène.
  • Busta Flex : longtemps disparu des radars, il restera ad aeternam un des plus grandes espoirs du rap français
  • K-Reen : dans le même registre golri, entendre les miaulements des meilleurs backs du rap français sera une façon pour toi d’admettre qu’au fond, tu en as écouté, du R’n’B – et oui… « tu me plais , mais t’exagèèères… »
  • La Cliqua : Daddy Lord C et Rocca sont annoncés à part, le fait est qu’ils ont eu des projets solos. Mais ce n’est que dans ce groupe mythique qu’ils ont vraiment marqué les esprits.

    lacliqua

  • 2BAL 2NEG : la voix caractéristique de G-kill sur les sons de Masta et Tefa, ça a rythmé l’époque où tu gaulais des survet Lacoste, gros, avoue.
  • Expression Direkt : le titre 78‘ avec Big Red de Raggassonic est encore dans ta tête : c’est dans ton esprit que je crache mon venin – Mantes la Jolie c’est loin, certes.
  • Ménélik : Quelle aventure, Tout baigne, Bye bye : que des tubes, mec. Et puis, c’est du smiley rap, ça fait du bien.
  • Les Nèg’Marrons : ah ouais, Jacky et Ben-J, bon, oui, on les avait oublié, pour tout dire.
  • Daddy Nuttea : bon, honnêtement, c’est pas pour lui qu’on ira. Mais on ira.

– Tonton Stéph