Tu les connais, les papelards sponsorisés, dits « publi-informations », sans honneurs, publiés ça et là dans les journaux de l’agglomération ? Ben nous on te dit ce qu’on kiffe dans le coin sans recevoir un centime, ni même un petit cromesquis à l’Époisses en dédommagement. C’est dire notre degré d’incorruptibilité. Bon, maintenant, tu cours te procurer tout ça.

pain

1 euro. Tu veux pécho le meilleur pain de Dijon, parce que t’as pas une tête à te payer une moulée cracra et toute sèche dans un supermarché.

L’information n’a pas tardé à circuler, la boulangerie la plus zinzin de l’agglo, loin des standards Banette ou Roger, se situe dans la rue des déglingos, Berbisey, juste à côté du kébab. Le taulier pétrit et vend avec la même attitude sourcilleuse, et te propose notamment en bonus un pain au comté à tomber à la renverse.

fromagechevre

2,70 euros. Une folle envie de chèvre sec, du genre qui pique le palais à mort, m’envahit. Oh mon Dieu que faire ? Non je veux pas du Chavroux.

Alors ça va être dur à décrire, mais au marché du samedi matin à Dijon, il faut te rendre au stand situé en face de la boucherie chevaline (steaks hachés piqués à l’ail, miam) et la meilleure poissonnerie de Dijon. Là, un monsieur diligent et souriant te mettra dans un petit papier un fromage tout noir, piquant le palais à fond, et provenant tout droit du 71. Achète, qu’on te dit.

vin2
5,50 euros. Il me faut une bonne teille de pif pour ramener chez tes potos, mais tu veux ni du picrate, ni un 1er cru péteux de la Côte de Nuits.

Au lieu d’y prendre un énième pack à la con, on te conseille un pinard italien, le Barone Montalto, un Nero d’Avola, rouge bien sombre. Il vient de Sicile, ce qui fait que personne ne devrait faire le malin lorsqu’il sera question du fait que c’est pas un Pinot noir mais un Cabernet Sauvignon bien tanique. Pas pour ces délicates qui boivent des petits Chorey. Et ça s’achète où ? À Monoprix mon pote.

6 euros. Je souhaite acheter un plat un peu original et exotique sans me ruiner.

La bonne pioche se situe rue Pasteur, au magasin russe au nom zinzin, Soyuz, où tu pourras aussi emporter des vodkas originales. Achète donc des Pelmeni, des petites boulettes de viande hachée enrobées de pâte fine (fabriquée à partir de farine, d’œufs, d’eau et parfois de lait). La composition de la farce varie en fonction de la région : mélange de bœuf, d’agneau et de porc dans l’Oural, viande d’ours en Sibérie -bon à priori ça devrait rester dans l’Oural, haha ; ça ressemble à des raviolis chelous, mais avec des épices, du poivre, des oignons et de l’ail. Et c’est délicieux avec plein de crème fraîche.

futomaki

9,50 euros. Hors de question de taper un kébab, mais je m’empiffrerais bien un truc sympa à grailler à moins de dix boules.

Tu peux te jeter les yeux fermés sur les 10 bons gros Futomaki concoctés de mains de maître chez Aki (entre la place Zola et la rue Berb’) ; ils sont étouffe-chrétien au possible et devraient ainsi calmer tes ardeurs de gros sac.

burger

11 euros. Marre de bouffer des hamburgers banals autour du marché, et j’en taperais bien un dans un lieu aussi original que le contenu des deux buns.

Le dimanche soir, oublie tes bonnes résolutions consistant à te remettre du repas de famille du midi en buvant une soupe Royco tiède. Car L’Antre 2 mondes, rue d’Ahuy, balance du burger de compétition, avec de bonnes grosses fritasses et une sauce au choix. Le clou du spectacle est assuré par un burger dont la viande de boeuf est marinée dans du whisky.  On recommandera aussi le Burgundy King : steak, salade, sauce tomate maison ou crème de Bresse moutardée, oignons, Epoisses, Morteau. Pensez à réserver, l’info a vite circulé – et pour cause. De quoi te donner du baume au coeur avant la reprise lundi.

100 euros. Tu veux marquer le coup avec un resto romantique sans passer pour un gros radin.

Bordel, t’as gagné au Loto ou bien ? Laisse un peu de côté le Pourquoi pas et Le coin caché  : dans le même délire de petit gastro mignon et encore à peu près abordable, L’Essentiel, rue Audra, est excellentissime. D’après nos infos, les produits qui y sont livrés sont de très haute volée et de première fraîcheur, et ça se constate par exemple avec le marbré de foie gras au vin rosé et pêche qui est une sorte de boucherie intersidérale. Ah, et ils ont un Crozes blanc à se damner.

Tonton Stéph
Illustrations : Hélène Virey