lls sont trois copains d’enfance, une moyenne d’âge culminant à 21 ans et déjà, ils sont considérés comme une valeur sûre de la nouvelle scène (post ?) rock française. Sorti à la fin de l’année 2017, leur album The Thread a confirmé tous les espoirs placés en eux. Peut-être le concert révélation de votre dimanche.

En parlant grande littérature, votre nom Lysistrata, vous l’avez dégotté d’une pièce de théâtre qu’on vous a obligé à jouer au Collège ? ça vous a traumatisé ?

Théo (guitare) a trouvé le nom en seconde lors d’un cours d’histoire sur la Grèce antique. Ça ne nous a pas du tout traumatisé. 

Du coup, c’est un nom assez féministe, ça ne vous saucerait pas un duo avec les Pussy Riot ?

Lorsqu’on a choisi ce nom, on était assez jeune. Surtout le mot « Lysistrata » nous avait marqué. C’était donc un choix assez léger. On est pas particulièrement engagé dans nos textes, du moins pour le moment. 

Ça fait quoi de gagner le prix Ricard ? Est-ce que l’on développe une addiction aux boissons anisées ?

On a beaucoup trop parlé de Ricard SA live, il y a des articles sur internet. On vous laissera chercher des infos sur cette aventure. 

Nous chez nous on boit du Pontarlier, vous connaissez ?

On s’est mit une caisse avec pendant le nouvel an effectivement. 

« On a quand même la chance d’être un peu dans cette époque « internet » comme disent les très vieux. »

Lysistrata, c’est quand même principalement instru. Vous avez récemment ajouté du chant. Vous faites ça parce qu’on vous a obligé ? Vous vous y retrouvez ? De quoi parlent les textes ?

On a intégré le chant il y a maintenant 2 ans donc c’est pas vraiment récent. Qui nous aurait obligé à rajouter du chant ? Bien sur on a rajouté du chant parce qu’on en avait envie, on avait envie de dire des trucs. Il y a des sujets qui nous touchent, auxquels on est sensible. 

Quand on écoute votre son, on entend pas mal d’influences, les plus érudits lâcheront que c’est du post avec un titre derrière, ça vous dérange d’être post ? Vous trouvez pas ça un peu trop prout prout ?

Bah c’est vrai que c’est assez post parce qu’on est arrivé après tout. On sait plus qui a dit un jour « vous faites du post un peu tout ». On trouvait ça marrant et un peu vrai. Non c’est pas prout prout. Le free jazz c’est prout prout.

En terme d’influence, nous on entends pas mal de trucs que l’on qualifie de vieux à la rédacs, des trucs genre Don Caballero, Dog Faced Herman, limite, n’ayons pas peur de sortir les poncifs Fugazi, ou At The Drive In. Vous avez ces références chez vous, genre Dischord Records et compagnie ?

Oui on aime beaucoup ces groupes. C’est d’ailleurs devenu un rituel de nous comparer systématiquement à ces groupes. On les écoute beaucoup. Après on s’en détache évidemment pour pas devenir une caricature de cette époque. 

Si oui, comment cette musique est arrivée jusqu’à vous, puisque les internet ça fait pas tout, on a souvent un prescripteur pour ce genre de style underground, c’était le cas pour vous ?

On a quand même la chance d’être un peu dans cette époque « internet » comme disent les très vieux. On a découvert des groupes de post rock via YouTube et Spotify, ça nous a fait prendre conscience que c’était possible de composer si différemment. Près de chez nous il y avait un bar associatif qui s’appelait « l’ogre rouge » qui ramenait des groupes qui nous ont fait évolué aussi ( Ropoporose, Sound Sweet Sound, Equipe de Foot..).

« La vie à Saintes ? Y’a des caravanes pour les gens du voyage mais toujours bien à l’écart. Gros big up à eux. »

Vous avez sorti un EP en mai de l’année dernière, masterisé au West West Studio à NY. Parmi les noms passés par ce stud : Converge, Mastodon, Dillinger Escape Plan, des trucs de méchants, quoi. Pour votre premier album, c’était au Globe Studio à Bordeaux, qui a fait Ibrahim Maalouf, Agnès Bihl, Axel Bauer, Boulevard des airs ou les BB Brunes. On change d’univers. C’est que du mastering, mais quand même. Vous devenez déjà vieux ?

Que des beaux noms au Globe audio. Qu’est ce qui sonne le mieux pour vous ? Nous on est content d’avoir pu assister au mastering pour une fois et comprendre vraiment ce qui se passe derrière cette étape de l’album. Masteriser à NYC c’est cool mais on voit rien de ce qu’il s’y passe donc bon.. Ça manque de contact humain. A vrai dire on s’en branle de qui a fait quoi, regarde juste qu’est ce qui sonne le mieux.

Comme on parle d’influences, on peut peut-être parler de La Dispute, groupe de post-hardcore américain, qui a emprunté, comme vous, leur nom à une pièce de théâtre de Marivaux, c’est un groupe que vous connaissez/suivez/adorez ? 

On aime beaucoup, on ne suit pas ni on « adore » mais il y des morceaux qui nous touchent. 

C’était quoi le plateau le plus fou que vous avez partagé ?

La soirée au Ferrailleur avec Corbeaux, Papier Tigre et Totorro était bien fat quand même. 

« Saintes c’est pas plus perrave que Paris en tout cas. » 

Quel est le groupe avec qui vous rêvez de partager la scène ou d’enregistrer un split ?

La fanfare de Vénérand je pense. Très sincèrement. 

C’est comment la vie a Saintes, c’est comme les Saintes-marie-de-la-mer, y’a des caravanes ?

Y a des caravanes pour les gens du voyage mais toujours bien à l’écart. Gros big up à eux. Sinon on y est attaché sentimentalement même si culturellement ça se casse un peu la gueule.

Vous le connaissez-vous François & the Atlas Mountain (lui aussi originaire de Saintes ndlr)? Pourquoi il s’est cassé à Bristol à votre avis ? C’est parce que Saintes c’est perrave ?

Oui on se connait pas mal maintenant. Bristol ça défonce et il a bien raison d’y aller. François passe souvent sur Saintes quand même, il aime beaucoup cette ville. Comme Amaury d’ailleurs. Ben (batteur de Lysis) est originaire de Bristol et c’est une des meilleures villes d’après lui. Saintes c’est pas plus perrave que Paris en tout cas. 

Vous êtes des rockeurs de province. Ça représente quoi Paris pour vous : the place to be ou l’endroit à éviter ?

On pense avoir répondu juste avant. Même si les concerts se sont toujours bien passés dans cette ville. Impossible pour nous de respirer autre que cette bonne odeur de campagne. 

 

  • Interview réalisée par Martin Caye et Frank le Tank.