Ca fait une paye qu’on n’avait pas demandé à quelqu’un de préparer une playlist sur Sparse. Pour le retour de cette rubrique pleine d’égoïsme et de bons sentiments, on a pu chopper au vol des guests de luxe qui seront demain à Dijon pour donner de l’amour et un aperçu de leur shaolin connerie dans le cadre du Tribu festival. Hé ouais, on vous parle là des deux fondateurs de Gasface, le meilleur magazine rap de tous les temps, aujourd’hui auteurs de webdocumentaires savoureux (NY Minute, Pretty As I Wanna Be). Nico Venancio et Mathieu Rochet nous ont donc pondu une sélection spéciale Grosse Pomme, l’un via SMS depuis Washington, l’autre depuis ses quartiers de Croix-Rousse Bridge.
(De 1 à 4 c’est Nico qui parle, la suite c’est Mathieu)
1. L’intro d’Illmatic, avec le sample de Wildstyle, le métro, tu sais déjà que c’est un grand disque.
2. Night Train de Public Enemy… Encore le métro ! Le Bomb Squad à la prod et Flav dans le refrain, c’était l’idée que je me faisais de NY avant d’y aller.
3. Heart Of Glass de Blondie. Encore un New York imaginaire : le Roxy, le club 54, Basquiat et le Lower East Side… Le LES que je connais pour le coup et qui mon coin préféré pour m’acheter des sapes, des disques, boire un verre, manger… Je l’aime même en série dans How To Make It In America, c’est un spot pour partir à pied à Soho, dans le Village, jusqu’à midtown…
4. Même si Kid Cudi est de Cleveland, Pursuit of Happiness c’est vraiment un hymne du LES : les sapes, les couleurs, le cote créateur new-yorkais…
5. Cola Bottle Baby. Enregistré à l’Electric Lady Studio et produit par Roy Ayers, ce drôle de morceau a plein de trucs à raconter, le plus étrange étant que son compositeur, Edwin Birdsong, fréquentait la même mosquée de Brooklyn que GZA et Jay-Z quand ils avaient 16-17 ans, bien avant le Wu-Tang et tout… Même le leader de cette mosquée, le Dr Malachi, a chanté dans Blue Magic avant d’expliquer aux copains que le premier homme était noir et parlait déjà anglais.
6. Take The A Train. Quand Uptown était le centre du monde… Grâce à Ella Fitzgerald et Duke Ellington, tu sais quelle ligne prendre pour aller à Sugar Hill et tout là-haut dans Harlem. Le Duke a peut-être grandi à Washington avant de s’installer Uptown, mais c’est à lui que je pense quand j’entends « swag ».
7. How Many Emcees. Je connais pas d’autres villes où des mecs de 18 ans font des titres qu’on écoute encore 20 ans plus tard… même le sample est new-yorkais, tu peux pas te tromper… La série A Night in Alphabet City, on l’a faite pour rappeler aux copains pourquoi ils ont tellement aimé le rap. Juste au cas où ils l’auraient oublié. On a filmé ça dans le LES, dans un coin où les rues n’ont pas de nom, juste des lettres. D’où le titre. Pour ceux qui veulent creuser ce coin-là, chopez Souvenez-Vous de Moi, de Richard Price (l’auteur de Clockers).
8. The Big Payback. De la haine pure. « Pas assez funky » pour le réalisateur de Hell Up In Harlem, qui se retourne vers Edwin Starr pour la B.O de son film.
9. La Novela. Un soap-opera portoricain. Composé par Galt MacDermot, un québecois new-yorkais d’adoption, avec Bernard Purdie à la batterie. T’as sans doute remarqué qu’on a récemment sorti un minidoc sur ce mystérieux funky drummer… Si t’as les oreilles affutées, t’as peut-être même remarqué que ce morceau est dans la version long format de NY Minute, mais pas dans la mini-série web…
10. Rappers Delight. Le premier hit rap le résume tellement bien. Hank qui pique les rimes de Grandmaster Caz sans même se faire chier à les changer quand il épelle son nom, Nile Rodgers (de Chic) qui découvre le titre à peine pressé en dansant en boite, menace les mecs de procès… et finit par le chanter dans ses propres concerts quelques années plus tard.
11. Everyday de G-Dep. C’est le titre qu’on retrouve au générique de fin de NY Minute (la version de l’album, sans Faith). Y’a des tas de morceaux chouettes, deep, très NY, qu’on aurait pu mettre, mais celui-là est le seul qui appartienne vraiment au film… d’ailleurs c’est le seul morceau de rap de toute la B.O. Les noeuds au ventre, les Timberlands trop petites, ton ex qui se fout de ta gueule en passant devant toi en caisse : le plus vrai de tous les morceaux vrais est sorti sur Bad Boy… Tu me crois pas ? Essaye Une cigarette au petit-dej, de la fierté à midi et du sommeil au souper : y a que la vérité pour être aussi cruelle.
Photo : (c) Gasface
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Projection de « New York Minute, a hip-hop guide to the fast life »
Vendredi 14 octobre, 18h (gratuit) – La Nef
Gasface dj set
Vendredi 14 octobre, 22h (3 euros) – Péniche Cancale