Coupe de la Ligue, pour l’amour du bide ! On vous explique pourquoi le DFCO va taper Paris.
La Coupe de la Ligue jouit d’un petit cachet, d’une image un peu franchouille. La Coupe de la Ligue souffre aussi, d’abord, de l’absence totale d’enjeux sportifs (tout le monde s’en fout!) et de la tonalité journalistique un peu démodée, celle de « France Télé ». Ah ! France Télévision « le plus grand terrain de sport ». Allumons une première mèche si vous le voulez bien. A la manette des commentaires les soirs de match de CDL, on trouve donc le semi-professionnalisme des commentateurs du Service Public. Tous sapés comme des fonctionnaires, chemisette et lunettes Alain Afflelou, tous diplômés d’un premier cycle IUT à l’université de Limoge.
Ces grands « naïfs » ont été biberonnés depuis leur plus tendre enfance comme des trousse-pets par leur trois super papas , Robert Chapatte, Gérard Holtz et Patrick Chêne au sein de l’Institution. Qu’est ce que l’Institution ? Une authentique pouponnière audiovisuelle et son consortium d’idéologues, (le mot d’ordre : « sucer les boules de ce vieux Baron Pierre de Coubertin »). L’Institution, c’est aussi une des plus vieilles émissions du paysage audiovisuel hexagonal, la « Thalassa du sport ». l’Institution, c’est Stade 2, l’émission sportive dominicale.
Traditionaliste, giscardienne, et sainte patronne du sport amateur et des causes perdues, Stade 2 la « chauvine », Stade 2 la « familiale », capable de consacrer des dossiers d’enquêtes au Triathlon handisport, ne s’est jamais remodelée avec le temps. Fidèle à sa formule originale, fidèle au dogme : droitdelhommiste (« tout le monde, il est beau et égaux »), éducatif (reportage pédago, et lénifiant) et patrimonial (nostalgie pour les vieilles breloques : Jacques Anquetil, le Stade de Reims, et les JO de Mexico).
Les enfants de ce Service des Sports très « Troisième Rép’ », ce sont eux qui aujourd’hui commentent les matchs de Coupe, ce sont ces jeunes-vieux, les Fabien Lévêque, Kader Boudaoud, Rodolphe Gaudin, et autre Alain Vernon. Des types policés, propres sur eux. Des pères de famille honnêtes, bon contribuables. Le genre à regarder les sketchs de Laurent Gerra en douce, mais qui le trouvent un peu trop vulgaire quand même. Des pisse-froids ! Bref, autant dire que visionner un match commenté par ces « barbants », c’est une véritable affliction. Idées noires et hypocondrie assurées. J’ai essayé. Il y a deux ans, à la 40ème d’un Sochaux-Nice, j’ai paniqué. Hypotension, j’avais comme des frissons dans la jambe gauche, sentiment d’un vide dans la tête, sans le voir j’étais en train de crever.
Je déconseille Alain Vernon aux personnes qui viennent de perdre leur emploi ou qui vivent une période de deuil. Et encore si la responsabilité n’incombait qu’aux « boys » de Stade 2… mais il y a aussi les consultants ! Tenez, quand TF1 se targue d’avoir dans ses rangs « l’homme de l’année 2010 » selon le magazine GQ, le bien balancé Bixente Lizarazu, France 3, la chaîne des régions, s’accommode d’un Xavier Gravelaine. Quoiqu’on en dise, pour ceux qui connaissent, c’est pas la même télé-génie.
Tu verras pas Gravelaine faire une publicité pour des sous-vêtements masculins, ou alors seulement pour la télévision japonaise. Gravelaine, c’est un physique très ordinaire entre Philippe Gildas et un conseiller-client BNP Paribas et aussi une élocution dégueulasse, pas du genre « bankable ».
Et puis on peut pas dire qu’il suscite un désir charnel chez la ménagère. Bon, c’est pas un mauvais footballeur pour autant, certes un poil besogneux, incapable d’exécuter correctement une roulette, mais Gravelaine savait jouer les plombiers quand il fallait, combler les trous et marquer quelques cageots. A son actif, 4 sélections en équipe de France sous l’ère Jacquet, tout de même. Après une dernière pige au FC Sion (D2 suisse), l’ancien international range les protèges-tibia, et se lance dans le coaching. Première année sur le banc des entraîneurs à Istres, il fait descendre le club à l’étage inférieur. C’est ce qui s’appelle un « coup foiré ». Perdant pour perdant, Gravelaine décide de « faire tapis » en 2005 et s’en va rejoindre France Télé et ses « jeunes giscardiens », il devient le consultant « maison ». Sa pénitence ? Se coltiner les phases finales de la « coupe machin » (Ray mond Domenech), de Metz à Angers avec une météo de merde, pour 4% de part d’audience et toujours flanqué de l’inusable Daniel Lauclair, l’homme à l’anorak qui tient le point-presse d’après match.
Bon, résumons, la Coupe de la Ligue, le bébé de Noël Le Graët, c’est une coupe à élimination directe, diffusée sur le Service Public depuis Novembre 1994. La CDL, c’est aussi la vanne qui fait le plus marrer les gars de chez Médiamétrie. Un match de CDL se tire toujours la bourre avec les soirées Thema sur Arte pour le bonnet d’âne de l’Audimat.
Mais alors quel est l’intérêt de cette coupe « merdouille » ? Euh, et bien, c’est une « compèt’ » ma foi très appréciée des promus. Ca fait toujours un bibelot à mettre dans la vitrine des trophées pour les « grands » (le trophée par ailleurs est un bijou de laideur que l’on doit à l’artiste manchot Pablo Reinoso). La Coupe permet aussi d’empocher un peu de thunes au passage pour les clubs fauchés, à travers des primes sympas et le partage des droits TV, 30 millions d’euros, une misère.
Et puis la belle carotte pour les finalistes, le vainqueur de la Coupe empoche directos son billet pour l’Europa League l’année suivante. Wahou ! L’Europa quoi ? L’Europa League, soit une autre coupe en carton qui se joue à l’échelle continentale cette fois.
Pourquoi le DFCO va taper Paris en 8ème
Grosso modo la CDL, c’est une coupe taillée sur mesure pour les rookies du DFCO. Ca tombe bien vous m’direz, les rouges et blancs défient la squad de Leonardo, le PSG ce 26 octobre en 8ème de finale au Gaston-Gérard Arena. Trois jours plus tôt au Parc, lors de la 11eme journée, le DFCO a manqué le coche et en a pris deux dans le buffet. Mais Dijon a donné le change à des parisiens qui ont joué 90 minutes le doigt sur la couture du pantalon.
Pariant sur une grosse part d’enthousiasme et une solidarité de tous les instants au milieu de terrain, le DFCO fort d’un gros paquet d’occaz à son actif, s’est fait cueillir au métier par un Paris qui badine pas et qui gagne à chaque fois. Mais voilà mercredi, c’est la coupe de la Ligue, et pour Paris, ça va être une autre paire de manche. Alors, pourquoi les employés de la PME de Patrice Carteron ont une chance cette fois de plier les employés du Qatar Investment Authority. Explications en deux temps.
Premier facteur, Dijon depuis la reprise du championnat jouit d’un bilan comptable honorable. Malgré le naufrage transatlantique face à Valencienne lors de la 7ème journée, où le DFCO s’est fait sécher 4 à 0, et le 5-3 dantesque face à Montpellier, Dijon brille par sa force collective. En dépit d’un teenager dans « les bois », le jeune portier Baptiste Reynet, derrière la charnière centrale coule du béton (presque) à chaque match, j’ai bien dit presque à chaque match.
Dans l’entre-jeu Benjamin Corgnet, 24 ans, pour son bizutage parmi l’élite fait très forte impression. Il ratisse comme un Makelele blanc, distribue des caviars dans l’axe, et quand il faut sauver la patrie, marque son but. Avec sa technique superlative, et cette capacité à faire la décision, Corgnet en l’espace de 2 mois, s’est imposé comme le dépositaire du jeu dijonnais.
Aux avant-postes, on compte sur la triplette Jovial-Thil-Mandanne. Pris individuellement, ils ne valent pas deux pesetas, mais bon ils parviennent tout de même à ambiancer Gaston-Gérard tous les samedi, et font le job.
Mais là, vous m’direz, et j’arrive à mon second point, c’est que l’équipe adverse c’est bien ce New Paris. Un PSG qui surfe sur le haut de la vague depuis que l’homme qui valait 42 millions d’euros, la prima donna Javier Pastore, insuffle au football made in Ligue 1 son brio technique et sa science du jeu. Et puis à gauche, il y a sa doublure-lumière, Néné, et à droite il y a « Jeremstar » Menez et son coup de rein phénoménal. Autant dire que le PSG n’est plus cette équipe de peintres du début des années 2000.
Mais bon, je vous explique pourquoi ça va passer. Ok, je suis pas dans la tête de Kambouaré le technicien parisien, ni « diseuse de bonne aventure », mais une chose est sûre : Antoine va aligné son fameux 4-2-3-1 kanak. Mais alors avec quel casting ? Et bah moi, je mise mon Livret Jeune qu’il va nous sortir son équipe B. Exception faite de la doublure-lumière Néné, qui va encadrer les jeunes pousses du club, « kamboua » va ménager ces starlettes.
Je peux me tromper. Mais là où ma théorie tient debout, c’est que si Peguy Luyindula « le réserviste » est la seule pointe du PSG sur la feuille de match le 26 au coup d’envoi, alors la probabilité d’un succès bourguignon est forte.
Encore faut-il que les dijonnais la jouent burnés et revanchards sur le pré, et bagarreurs dans les duels. Et sait-on jamais que Grégory Thil se transfigure le temps d’une soirée en Johnny Rep. Si toutes ces hypothèses, vraisemblables ou fantasques, se vérifient le 26 à Gaston-Gérard, alors le DFCO validera son ticket. Et 2012 pourrait être l’année d’un premier trophée pour Dijon, l’année d’un dépucelage. Nul doute que Xavier Gravelaine s’en rappellera.
Julian Pietro-Giorgeri