Des bancs d’écoles clermontois aux studios d’enregistrements parisiens, presque rien n’a changé. Il est toujours aussi attaché à Clermont-Ferrand et utilise la musique pour soigner ses peines. The Doug sera en concert pour l’avant-dernière date de sa tournée à L’Arc au Creusot le 22 mai. Métal, adolescence, boite de nuit, on a parlé avec le chanteur. Attention spoil : il nous a dévoilé une exclu !

T’as grandi à Clermont-Ferrand. Et j’ai vu passer que t’avais trouvé ton nom de scène, The Doug, grâce à ton prof d’anglais au collège. Est-ce que tu peux nous raconter ça ?

The Doug : Ah, c’est pas vraiment ça. Mon grand-frère avait un copain qui s’appelait Douglas, qui était écossais. Et dans ce cours d’anglais, il fallait qu’on trouve un nom anglophone. Du coup, j’ai volé le nom du pote de mon frère parce que je trouvais ça fou de s’appeler Douglas. 

Et pour ton nom d’artiste, t’as transformé un peu le prénom quoi.

The Doug : Ouais, c’est qu’à la base, je savais pas si je voulais faire un groupe… Tu sais, y a plein de groupes qui commence par cet article : The Kooks, The Beatles et tout. Mais finalement, The Doug, c’est juste moi. 

Justement par rapport à cette idée de groupe. Quand t’étais ado, t’étais plus fan de métal. On peut citer Linkin Park, Prodigy ou encore Gorillaz. Mais au lycée, t’as commencé à rapper. Est-ce que c’était un moyen de t’intégrer ? Parce que le rap, c’est le genre populaire pour notre génération.

The Doug : Bah ouais, carrément, c’était le moyen d’expression du moment. Quand je suis arrivé au lycée, plus personne faisait de groupe de musique. T’avais une enceinte, des mecs qui rappaient en rond, et voilà. En voyant ça, je me suis dit : “Bordel, je veux faire la même chose”. J’ai commencé à écrire avec ma guitare, à rapper sur des prods, et j’ai kiffé. Je me suis dit : “Vas-y, il faut que je continue”. C’est un truc qui me plaît, ça me permet de m’exprimer.

Au fil des années, t’as continué à bosser ton art et à faire évoluer ton style musical. Maintenant dans tes projets on peut retrouver cette influence rap avec des moments un peu plus kickés, une guitare un peu rock… C’est qui tes inspirations ?

The Doug : Ça dépend pour quoi. Pour l’écriture, tous les auteurs ou autrices qui écrivent de manière très simple, très directe et qui racontent des histoires. Si tu vas dans le rap, le plus connu ça va être Orelsan. Et si tu sors du rap, Renaud ou Anne-Sylvestre. Après, pour la musicalité, c’est autre chose. J’écoute toujours beaucoup de rock. Du rock des années 90, 2000. Et beaucoup de rap. 

Et il y a quelques jours, t’as sorti un nouveau single clipé : Vestiaire. J’ai cru reconnaitre les sièges rouges des bus clermontois. Est-ce que t’es resté à Clermont ? Et si c’est le cas, pourquoi t’as pris cette décision ? C’est pas commun, quand on est artiste, surtout signé en label comme toi, de ne pas aller à Paris.

The Doug : Alors, moi, je suis resté à Clermont jusqu’à il y a deux ans. Et j’y retourne encore souvent. Mais j’habite à Paris maintenant. Je me suis fait avoir.

Pourquoi t’as pris la décision de tourner ce clip à Clermont alors ? Parce qu’on peut se dire qu’il y a plus de possibilités et de choix de décors à la capitale.

The Doug : À travers ce clip, la ville de Clermont peut parler à toutes les villes, à peu près, moyennes ou grandes, qui sont pas Paris. Puis visuellement, c’est une proposition différente. Et j’aime bien montrer Clermont parce que c’est ma ville et que je l’aime, voilà.

Et au niveau des paroles, tu donnes pas mal de détails sur l’ambiance du bar. Les tâches de vodka pas nettoyées, le videur qui frappe un mec, tout ça. Ce son, c’est ton vécu ou c’est du pur storytelling ?

The Doug : Au moment d’écrire, je pensais à une boîte de nuit en particulier qui a été la boîte de nuit de mon adolescence, le 101. C’est d’ailleurs là où on a filmé le clip. C’est une boîte de nuit bien techno, bien boom boom. Mais j’ai jamais été serveur en boîte de nuit. Par contre, j’ai des amis qui l’ont été et c’est quand même un environnement de travail spécial. Tu vois passer autant des jeunes, que des vieux cramés, que des gens qui font n’importe quoi… Et toi, t’es sobre au milieu de tout ça. Finalement, ce son raconte un endroit, un autre point de vue aussi que celui de ceux qui font la fête.

Mais actuellement t’es en tournée pour ton premier album qui est sorti en juin dernier, Réparer. Dedans, tu parles de sujets assez deep comme le deuil, la perte d’innocence… Est-ce que, pour toi, cet album a été une manière de réparer justement ton ado intérieur ?

The Doug : Ouais carrément. Mais ça reste un processus qui n’est jamais vraiment fini. J’aimerais que mon album ait ce rôle-là aussi. Que via mes paroles, mon propre processus de réparation, il puisse aider les gens à aller mieux.

Je vois. Là, il te reste que deux dates sur la tournée de cet album. Il y a une différence entre enregistrer les morceaux au studio ou de chez soi, et les présenter au public. Surtout avec les sujets que tu abordes, c’est une véritable mise à nu. Ça n’a pas été un trop gros challenge d’évoquer tout ça sur scène ?

The Doug : Non, là-dessus, ça va. Et puis même, ça rajoute de la puissance et de l’émotion au concert, justement.

Et tout à l’heure, tu disais que le processus de guérison n’était jamais vraiment fini. Mais après cette tournée, est-ce que t’as l’impression qu’avoir présenté tes maux au public t’as fait du bien. T’as l’impression de pouvoir tourner une page ?

The Doug : Oui, travailler sur l’album en général m’a fait du bien, c’est sûr. Mais maintenant, je suis concentré sur la suite.

Et on peut s’attendre à quoi pour la suite ? 

The Doug : Un EP le mois prochain qui s’appellera Grandes Surfaces. Et voilà. Surprise !

Il performe à L’Arc au Creusot ce jeudi. Et devine quoi ! Il te reste quelques heures pour tenter de gagner une paire de place sur notre insta, juste ici.

Texte : Léa Rabet // Photos : Virgile Reboul