Tu les as remarquées ? Ces belles mosaïques fleuries qui apparaissent depuis un an dans les failles du bitume dijonnais ? Derrière cette initiative, l’enseignante dijonnaise Fanny Pitoiset. Une femme pleine de poésie qui s’est donnée une mission : utiliser l’art pour réparer les rues. Et surprise ! Certaines de ses oeuvres ont des petits secrets bien gardés. Références à des proches, anecdotes autour de leurs installations… Aller hop ! On met les gants et on creuse pour en savoir plus.

En juin 2024, Fanny a commencé à réparer les rues dijonnaises avec des mosaïques. Une technique utilisée par des collectifs comme Bien urbain à Besançon. Et d’autre artiste indépendant comme Ememem à Lyon ou encore La Fée des Trottoirs à Montréal. “Grâce à eux, j’ai vu sur internet que c’était possible d’utiliser ce médium-là” explique-t-elle. Elle qui fait de la mosaïque en famille depuis son plus jeune âge, en voyant ça, tout a connecté. “On allait à la décharge des Émaux de Briare, dans le Loiret, chercher des morceaux de mosaïque”. Au début, ses récoltes donnaient vie à des cadeaux pour son entourage. Aujourd’hui, ce sont des déclarations d’amour en public. Elle fait du repérage pendant ses sorties et pose racine où son coeur lui dit de le faire. Certaines de ces créations rendent hommage à des lieux qu’elle affectionne. C’est le cas du Vieux Léon, rue Jeannin ou encore de la rue Auguste compte. “Mes parents avaient leur magasin de tapis là-bas dans lequel je travaillais les week-ends.” D’autres sont des hommages à son cercle proche. Comme sa représentation d’une pensée ornée d’une petite couronne qui a dû être déplacée. “Ma grand-mère est décédée en janvier. Mon grand-père l’appelait ma petite reine, d’où la couronne”. (Non, on pleure pas… Il pleut).

Ses compagnons de route ne sont jamais loin. Que ce soit dans ses créations ou avec elle pendant ses ateliers plantation. Amis, amoureux… Sa première partenaire reste sa fille de 10 ans, à qui elle transmet sa passion. Tout part d’un trou en bas de chez elles, qu’elles voulaient réparer. C’est à ce moment que Fanny a établi son mode opératoire qui est toujours d’actualité. On part sur un “What’s in my bag” (ndlr : présentation du contenu d’un sac) version mosaïste ! Des morceaux de mosaïque (improbable, mais vrai), du mortier, un filet à béton en fibre de verre, une pince coupante, un seau et une éponge pour nettoyer les joints… Bon. On s’arrête là, mais il faut se trimbaler un sacré équipement ! Il n’y a pas que son matériel qui nous fait réaliser l’implication nécessaire pour faire pousser ces jolies fleurs, mais aussi le temps passé sur une compo. “Entre le moment où je repère l’endroit et où la pose est totalement sèche, plusieurs mois peuvent s’écouler”. C’est un vrai travail de maître du temps. “Pour l’installation et les 48 heures de séchage, il faut vraiment des températures spécifiques. Entre 5 et 35 degrés. Et surtout, pas de pluie”. Autant dire que Dijon ne facilite pas la floraison. (On aime notre ville, promis).

Malgré les caprices du ciel, ses plantations éclosent et plaisent aux passants. C’est un tel succès qu’elle reçoit des demandes. “Les gens me proposent de réparer le sol devant leur maison, leur bureau… Donc, je pense que ça égaye aussi leur quotidien” se réjouit Fanny. Et bonne nouvelle, notre jardinière en chef du pavé dijonnais ne devrait pas finir derrière les barreaux ! (Oui, on exagère). La ville ne semble pas être opposée à sa démarche. “Une amie était passée, il y a quelque temps, à l’office de tourisme demander s’ils avaient une carte qui montrait où étaient mes mosaïques. Et il lui en avait fourni une.” On ne sait pas si ce document est officiel, mais Fanny a pensé à tout. “Je mets leurs localisations sur Google Maps. Comme ça, tout le monde peut les voir et c’est interactif”. Inconsciemment, elle a mis en place des petits trésors cachés à découvrir lors de tes balades en ville.

On sait que t’as envie de les voir en vrai. Aller ! Clic ici pour les retrouver.

Texte : Léa Rabet // Photos : Fanny Pitoiset et Léa Rabet