Tandis qu’une bonne partie de la team Sparse était au cinéma mercredi dernier, nous, on a pris nos guibolles et un appareil photo pour aller écouter Sallie Ford & The Sound Outside à la Vapeur. Récit d’un concert qui ne s’est pas forcément passé comme on l’imaginait.

Pour la première partie de soirée, les bourguignons de Liquor & Poker ont fait le show avec un rockabilly rigolard. Chauffés par la présence de leurs potes, ils alternent les vannes et les morceaux. On a l’impression d’être sur une monture furieuse qui mène tout droit au saloon. Les têtes secouent, on voit des jeux de jambes dignes d’Elvis, c’est sympa mais répétitif. Lorsqu’on n’y connait rien au rockabilly, on peine à apprécier les nuances et on peut avoir l’impression d’entendre plusieurs fois la même chanson à peu de chose près.

Chez les Liquor & Poker, on ne se fait pas des nœuds au cerveau pour écrire des paroles. Sur la page myspace du groupe, on lit  « no brain, no pain ». Ok, promesse tenue. En tout cas,  c’est un moment sympa. Le bassiste/leader est hyper content d’être là avec ses potos et ça se voit, ils sont en plein kiff. Cette complicité avec le public est l’ingrédient qui fera défaut à la tête d’affiche…

C’est par la scène que Sallie Ford & the Sound Outside ont été remarqués en France (en décembre 2011 aux Transmusicales de Rennes). Si l’album studio est très bon, les vidéos vues en ligne laissaient penser que ça serait carrément quelque chose de les voir à la Vapeur. Et c’est vrai que c’était sympa, mais ça manquait de nerfs et de swing dans la salle. Sur scène, le groupe était centré sur lui-même. Sallie bavarde un peu, elle présente rapidos les chansons, elle picole du thé en alternance avec du vin rouge (Regular wine, Pinot Noir, nous précise-t-elle en fin de soirée). Mélange atypique à l’image de l’anti-diva qui n’est pas là pour taper des poses.

Atout majeur du groupe : la voix de Sallie Ford

Alors que le monde entier porte le deuil de la très camée Voice Houston, il faut dire que Sallie se pose là niveau voix, elle balance des notes perchées, des rugissements profonds. Une voix surprenante, rare, explosive. Si elle peut être assez saoulante et gueularde sur l’album, elle est simplement épatante en live, on ne se lasse pas de l’écouter.

Le set commence par Nightmares, un morceau qui révèle le large spectre de ses possibilités vocales, une chanson suave qui nous fait danser mollement sur nos jambes à défaut d’enlacer quelqu’un pour un slow désuet. Après un début tranquille, le groupe enchaine avec I swear, le morceau le plus connu de l’album Dirty Radio. I swear est le titre qui réunit à lui seul le plan de carrière du groupe. Sallie promet de faire quelque chose de différent, lassée d’entendre la même merde mainstream sur toutes les radios.

Le seul souci de cette soirée avec les quatre Américains, c’est que ça ne décolle pas, quelques personnes dansent mais comme disent les théâtreux : la proposition ne fonctionne pas. Sallie, intimidée, ne nous regarde pas franchement, chaque membre du groupe est concentré sur son instrument, le batteur est derrière un nuage de fumée, bref, il y a un manque interaction. On peut avoir l’impression de voir des potes se faire plaisir, et même si c’est agréable, ce n’est pas le délire « boum fifties » qu’on a pu imaginer et dont il est question au début du clip de I swear.

Un tableau parfait, mais qui manque de fun

C’est vrai que nous ne sommes pas nombreux et à part quelques personnes isolées vraiment à fond, l’ambiance est plutôt aux discussions de comptoir ou à la contemplation bienveillante de Sallie et son crew. Le guitariste Jeff Munger qui déboutonne sa chemise au fil des chansons, le visage planqué derrière une moustache maousse, Tyler Tornfelt le contrebassiste qui headbang sensuellement, et le batteur Ford Tennis qui s’excite pas mal dans sa fumée. Le tableau est parfait, mais c’est assez figé, ça manque de fun.

Robe année 50 ceinturée, imprimé pois, des lunettes rétro, c’est Sallie comme on l’a vu un peu partout, elle entre dans la catégorie chanteuse à dégaine. A cheval entre modernité et vintage. Le groupe reprend Tom Waits et Buddy Holy, deux artistes qui les ont beaucoup influencés. Elle dédie une chanson à son bled, Portland.Oregon.U.S.A. On comprend, si on ne le savait pas déjà, d’où vient son accent. C’est une fille cool qu’on a envie d’adorer, elle a un rire de souris qui fait plaisir, de l’humour et surtout la voix dont on a déjà parlé.

Un mec vraiment à fond qui n’a pas cessé de danser pendant tout le set a eu la bonne surprise d’être rejoint par Jeff Munger avec sa gratte et Sallie qui a twisté un peu avec lui. Un cadeau plutôt cool pour cet infatigable danseur.

J’étais contente de voir Sallie Ford & The Sound Outside mais, plus que tout, j’ai hâte de les revoir d’ici quelques années, avec un live à la hauteur de leur talent. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne s’agit pas là d’un groupe en bois qui va disparaître après deux albums, c’est prometteur et tellement bien ficelé que je parie qu’un jour, on l’aura cette boum fifities et dingue.


Georges

agirlcalledgeorges.blogspot.com

Crédit photos : Lorenza Moreno