Deux bouquins et c’est pas compliqué, deux coups de cœurs.

Le premier, et c’est maintenant un grand classique pour vous tous : Anna et Froga, le tome 5. Anouk Ricard au dessin et c’est juste super drôle. Anna et Froga vous connaissez… c’est une p’tite fille et une grenouille qui s’amusent bien ensemble.

Elles ont comme copain René le chat, Christophe le vers de terre et Bubu le chien. Là, attention aventures à fortes sensations, tout ce petit monde va à Paris en train pour voir la tour Eiffel. Ils font même un tour de montgolfière, dis donc, parce qu’Anna a gagné un vol gratos. Et attention, roulements de tambours, ils jouent au scrabble ! Hé ouais, tu crois que c’est facile, tu crois que c’est drôle de jouer au scrabble quand l’orage tombe sur le quartier, qu’il fait tout noir et que quand la lumière se rallume, le nouveau voisin frappe à ta porte et que c’est… un vampire.

Entre déconne, absurde, second degré et plaisanteries enfantines, ce nouvel album est un vrai régal. Certainement le plus drôle depuis le début de leurs aventures. Tiens un p’tit exemple : qu’est ce que ça donne un chat qui fait la carpe ? Un poisson chat ! En tout, 6-7 histoires à sucer comme un bon berlingot.

Donjons & dragons, tu te rappelles ?

Mon deuxième choix, mon deuxième coup de cœur risque encore de te scotcher à ta tendre enfance lorsque, tout juste pubère, tu jouais à des jeux de rôles. Avec ton dé à 20 faces, tu chassais les points d’expérience dans des châteaux et des forêts hantées. A la recherche des trésors, t’en mettais plein la face à des gobelins, des orcs et des dragons.

Dans le bouquin Orcs, forgés pour la guerre de Stan Nicholls et Joe Flood, tu retrouves tes grosses créatures vertes à 15 points d’expérience. Entre nous, dès que t’es un peu balaise, l’orc c’est le casse croûte de l’aventurier. C’est gros, ça sait se défendre, quand tu tapes bien, ça pète, ça gicle dans tous les sens… Un vrai bonheur, et en général ça signifie que t’es sur le bon chemin.

Là, l’idée tirée d’une série de romans anglais qui se sont déjà vendu à plus de 1 millions exemplaires dans le monde, et adapté pour la première fois sur un scénar’ original en bédé, c’est que le bestiau, il est pas forcément détestable. Faire de l’orc autre chose qu’une banque à points expérience, c’est pas banal.

Dans ce monde où l’orc peut être aimable, les valeurs classiques de l’heroic fantasy sont justes inversées. Les orcs, gobelins, ogres et compagnie vivaient peinards dans leur p’tit monde jusqu’à ce que les humains déboulent pillent, colonisent, exploitent, polluent, souillent la terre ancestrale… provoquant des déséquilibres et scellant des alliances avec certains peuples « ainés ». L’orc n’est pas le mal, il peut aussi avoir des espoirs, une vie de famille, une vie sociale, faire des courses… mais ça reste une bestiole de guerre.

On retrouvera des éléments proches de Mononoké avec une nature magique, et parfois terrible, face à l’expansion et l’exploitation de la terre première. Une espèce de fable écolo qui renouvelle l’univers de Tolkien. L’histoire, c’est un groupe d’orcs qui doit protéger un convoi et forcément, il va leur arriver plein de problèmes. Graphiquement, c’est très classique, ça ne cherche pas la virtuosité. C’est du dessin numérique, un style très US avec une pointe de manga. Très très bon.

Martial 

Orcs, forgés pour la guerre, Stan Nicholls et Joe Flood – Bayou / Gallimard, 23 euros
Anna et Froga, En vadrouille tome 5, Anouk Ricard – Sarbacane, autour de 10 euros 

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Retrouvez la chronique bédé de Martial sur les ondes de Radio Dijon Campus tous les mardis à 8h40 et vers 12h20.