Quentin Tarantino revient en grande forme pour une nouvelle réussite digne du cinéaste le plus cinéphile d’Hollywood. On en attendait pas mieux.

Ça y est, il l’a enfin fait son western. Depuis qu’il clamait haut et fort que le western spaghetti était l’un de ses genres favoris, on crevait d’impatience de le découvrir son film des grands espaces, un genre quelques peu épuisé, il faut bien le dire. On avait déjà eu un savoureux avant-goût dans le second volet de Kill Bill puis dans l’excellent Inglorious Basterds en 2009.

Justement, après son film de guerre où les juifs prennent leur revanche sur les nazis, Tarantino écrit à nouveau un brillant scénario de vengeance mêlant western et fresque historique. Ici, on parle d’ une période souvent ignorée de l’Amérique : l’esclavage. Là encore il se permet de réécrire l’Histoire, pour notre plus grand plaisir de cinéphile.

La littérature mythique traverse éternellement le cinéma de Tarantino avec cette fois les légendes germaniques des Nibelungen pour illustrer le récit initiatique d’un esclave qui se révolte contre l’ordre établi. L’humour est toujours l’un des meilleurs ingrédients du réalisateur de Pulp Fiction, c’est peut-être même le film le plus drôle de sa filmographie. On retient surtout cette scène hilarante du Ku Klux Klan et ses dialogues totalement absurdes.

Casting de luxe et bande son intelligente

La violence, évidemment, revient toujours dans le cinéma de Tarantino. Mais dans Django Unchained son traitement est intéressant : si les exécutions sommaires des vilains esclavagistes sont toujours représentées de façon exagérée et de fait amusantes (geyser de sang à chaque tir), a contrario les scènes qui impliquent des esclaves (un combat mortel à mains nus ou un massacre avec des chiens) sont filmés de façon plutôt « pudique ». Tarantino ne montre pas cette violence de manière frontale. Les mouvements de caméra sont rapides et les plans deviennent flous, comme si certains faits, insoutenables, ne pouvaient être montrés tels quels.

Côté casting, notre bon vieux Quentin a le chic pour bien s’entourer et choisir les meilleurs acteurs, à commencer par son désormais fidèle Christoph Waltz, en chasseur de prime allemand hilarant avec sa parfaite diction et son humour pince sans rire. Jamie Foxx s’en sort également sans problème, passant de l’esclave tout en contenance au héros vengeur et sauveur de sa bien-aimée. Et puis Leonardo DiCaprio bien-sûr, en parfait salopard flippant. On remarque aussi l’apparition de Franco Nero, héros du Django original de Corbucci, dans une excellente scène hommage. Enfin la B.O. mixe Morricone, Bacalov, du blues et du rap US, un cocktail plutôt intelligent pour un western dont le héros est black.

Django Unchained combine tout ce qu’on apprécie dans la filmo de Tarantino. Il témoigne aussi d’une certaine évolution dans l’œuvre du cinéaste américain le plus dingue, non pas du mais de 7ème art. L’année 2013 commence décidément très bien.