Salut gros lard. Puisqu’il est à peu près certain que tu invoqueras la chaleur pour justifier ta flemme de te faire à manger, tu vas à coup sûr finir en terrasse, à te goinfrer de mets soi-disant légers, alors même que les salades et autres plats que tu as choisis sont hyper-caloriques et/ou mauvais. T’aurais p’tet mieux fait d’aller à Grand Frais ou dans un magasin bio à la con pour t’acheter des produits sains à préparer à la maison. Mais si tu tiens vraiment à grailler à la fraîche, Sparse t’évite quelques désillusions et te recommande quelques tables.

place Emile Zola

Of course, si tu veux des avis détaillés, rien ne t’empêche de te rendre dans ta librairie la plus proche et de t’offrir le petit fûté ou le Michelin, c’est à toi de voir. Ici le propos sera tout ce qu’il y a de plus subjectif, ce qui ne signifie pas qu’il ne se prêterait pas au débat.

Voici donc quelques établissements où nous ont mené nos tribulations, et où les bonnes pioches ont alterné avec les désillusions, voire, pour tout dire, une certaine forme d’agacement, tant certains restaurateurs peinent à nous convaincre. Heureusement, il n’a pas été question pour une fois de qualité. Peut-être que l’advenue du label « fait maison » va faire du bien dans la cité de la gastronomie, et limiter certains abus….

À la limite, autant expédier tout de suite ce qui a motivé la rédaction de cette petite tribune. Comme rédigé plus haut, il arrive qu’on ait bien envie de se faire une salade, mais certainement pas de ces « Océane » diététiques afin de garder la ligne au lac d’Arc-sur-Tille. Non, plutôt de ces « maxi-salades » scandaleuses qui feraient passer ton Best Of 280 pour un monument de modération. Du magret, du foie-gras, des patates sautées, du Saint-Marcellin, de l’Époisses… Autant de d’ingrédients qui viennent rappeler que dans tout ça, le vert de la salade ne sert guère que de caution à ta boulimie maladive. C’est, d’après mon souvenir, notamment le cas place Émile Zola, où la salade « Honoré le fromager » de L’Épicerie est tout à fait recommandable tant l’apport glucidique y dépasse sans difficulté celui conseillé quotidiennement. Mais pour tout dire, on n’y fout plus les pieds pour manger, il y a bien trop de monde et de poucettes. Manger de grosses salades, oui, mais pas à n’importe quel prix.

Au Bistrot République (place de la République), on s’est bien fait avoir quand même : ils l’annoncent franco de porc sur une énorme ardoise. « Salades XXL », comme la taille que vous peinez à trouver à H&M. En tout cas, le prix ne sera pas indiqué avant la carte : il est plutôt conséquent. Là où par exemple, La Mère Folle (rue Berbisey) en propose aux alentours de 10 euros -certes plutôt rudimentaires-, ici on ne propose que trois « maxis » salades  de 15,90 à 19,90 euros. Même si on est confortablement installé place de la Rép’ à regarder les pauvres aller au boulot en tram’, on est en droit de se dire qu’à ce prix-là, un midi, on se verra offrir un beau saladier, avec de bonnes grosses quantités un peu honteuses. T’as deviné, gros, c’est l’arnaque concernant ce critère. Au Bistrot République, on a vu arriver qu’une petite assiette même pas compacte, et même si la fraîcheur des légumes n’était pas à remettre en question, il n’y avait clairement pas de quoi s’extasier. Très vite mon accompagnatrice a dû se rabattre sur le cornet de frites que j’avais pris (flairant l’embrouille) pour accompagner mes oeufs en meurette à l’Époisses, qui n’en avaient absolument pas le goût, un comble pour un tel plat.

Pour le prendre à moindre coût, je recommande chaudement le Marco Polo rue Monge. Je te vois bien rire sous cape, mais dis-toi bien que derrière son allure d’énième pizzéria, à la carte suspecte car surchargée, je n’y ai jamais mal mangé. Certaines pizzas ou salades y sont même carrément goûteuses, surtout pour le prix à y consacrer. La terrasse, toujours ombragée par d’imposants parasols, est relativement bien placée, à côté du Parvis Saint Jean. Au fond, on préfèrera ce genre de petites enseignes honnêtes plutôt que celles qui se la jouent gastro.

place Emile Zola

Après, si tu continues de te marrer comme un zouave parce que j’évoque cet établissement qui n’est certes pas un étoilé, je te dirais bien d’aller comme moi à La Maison des Cariatides (rue Chaudronnerie), mais je sens que ton porte-feuille pleurniche. T’inquiète, le mien aussi. Mais pour marquer le coup et fêter un événement, il vaut mieux mettre un peu de côté pour s’y rendre. Outre le décor magnifique, tu y trouveras une cuisine ouverte. Tu pourras ainsi scruter les moindres faits et gestes de l’équipe en cas d’inquiétude. Mais vu la qualité des plats et le nombre d’entremets qu’on vous y propose gracieusement, tu iras plutôt voir comment bosse le chef par gratitude. Bon, au pire, si la thune suit vraiment pas, y’a un menu à 22 euros le midi dont on nous a dit monts et merveilles. Fais-le péter devant belle-maman lorsque elle viendra sur Dijon, ça fera passer la pilule. Et puis, ils ont une carte des vins à se damner pour t’aider à passer ce délicieux moment, avec notamment un Chambolle-Musigny de chez Arnoux-Lachaux au verre. Bon, évidemment, à 11 euros le verre, hein.

Si tu veux te faire un bon repas tout en sirotant du bon vin à prix doux, on ne peut que te recommander de passer au milieu de la rue Berbisey au bien nommé La Fine Heure : une équipe jeune et éminemment sympathique vous y conseillera les meilleures bouteilles prix caviste. Il sera ici possible de se déguster un bon Monthélie pas trop jeune pour moins de vingt euros, là où les concurrents n’hésiteront le plus souvent pas à vous proposer la même bouteille à plus de trente. On refera un topo sur le lieu lorsque il sera davantage question des bars à vins : on pense notamment à ce qui remplace Vinomania rue Jean Jacques Rousseau et à La cave se rebiffe (rue Vannerie), où le patron propose une carte incroyablement riche et de la charcuterie très fine.

Enfin, à noter l’existence récente d’un burger truck, un camion à hamburger, qui se gare du côté du Parc technologique le mardi et vers l’arrêt de tram de la Toison le mercredi. Itinérant (mais qui s’intéresse sérieusement aux losers de Beaune et de Chagny), celui-ci propose apparemment des produits locaux qui donnent bien envie de doubler l’épaisseur de la couenne qui sert de bouée l’été. B comme Burgui, c’est son p’tit nom, vous mettra l’eau à la bouche avec des burgers à l’Époisses et compotée d’oignons, des cromesquis de Brillat-Savarin ou encore un burger poulet, épinards frais, poulet fermier, chèvre frais-miel. Le tout, à des tarifs plus que raisonnables : comptez 7 euros pour le sandwich seul ou 10 à 12 pour un menu. Les nouveaux concepts sont suffisamment rares pour être mis en valeur.

Dans les mêmes prix, il faut savoir que les proprios d’El Berro ont ouvert récemment place du théâtre Le Trinidad, bar à cocktail aux tables cubaines dont on pensera ce qu’on voudra, mais qui propose des hamburgers à 8 euros avec frites maison, ce qui permettra pour une fois une belle alternative aux habituelles chaînes de restauration rapide. Cerise sur le gâteau, après discussion avec un serveur, on a appris que le lieu rouvrait à 5h du mat’ pour les afters, et qu’il proposait de faire à grailler pour les noctambules affamés. Oh, rien de compliqué, steack-frites, diverses pâtes… mais ô combien salvateur à cette heure.
La question est simple : où trouver à se mettre dans le gosier qui ne soit pas liquide à une telle heure, à part à un certain Drive à Marsannay ou en tambourinant aux portes des boulangers ? Excellente initiative donc. Il nous faudra d’ailleurs bientôt faire un dossier sur ce thème angoissant.

Voilà, on ne risque pas de vous éviter des mauvaises expériences en une simple page, mais si ça peut déjà vous motiver à aller dans les établissements qui le méritent pour vous y remplir la panse… Une membre éminente de la rédaction de Sparse me demandait il y a quelques temps de privilégier les « bons plans » dans mes chroniques. Soyons sérieux : face au business, si on arrive déjà à éviter les foutages de gueule et les petites déceptions, et qu’on ne claque pas trop nos deniers pour rien, on pourra déjà s’estimer heureux.

Bon, et sinon, il vous sera toujours loisible de faire un régime avant de vous rendre à Palavas-les-Flots. Si c’est le prix à payer, ça va me va finalement pas si mal de rester la plupart du temps à Dijon cet été.

– Tonton Stéph
Photos : POB