Un joli pari que de proposer une quinzaine de films cette semaine autour de l’animé japonais et du manga à Dijon. On a voulu en savoir un peu plus avec le principal intéressé, le directeur du cinéma Devosge Cyril Jacquens.

tatsumi

Première question Cyril, pourquoi organiser un tel événement ? D’où t’es venue cette idée ? Personnellement, je suis un fan de manga, en version papier et animée. Je fais partie de ces spécialistes qui détestent entendre parler de manga quand on parle de dessin animé japonais. Ensuite, à Dijon, il se trouve qu’il y a beaucoup de dessins animés japonais qui ne sortent pas, à part Le Vent se lève de Myasaki qui a quand même mis trois semaines à sortir en VOST. Et puis deux assos sont venues me voir, une pour me demander la date de sortie d’Albator en VO sur la ville et l’autre pour me dire « écoutez, on fait des trucs sur un événement bientôt prévu, est-ce que ça vous intéresse ? » Du coup, on a commencé à travailler tous ensemble autour d’une programmation. Et plus avançait, plus la liste grossissait. On arrivait sur des trucs comme Ken le survivant, des films complètement improbables, des One Piece, du cosplay, faire une conférence sur le manga et l’animé, et enfin montrer des films inédits comme Quartier Lointain. Des distributeurs sont venus se greffer avec des projets comme Real de Kurosawa (sortie le 26 mars). Et puis il y a Ghost In The Shell Arise qu’on essaie de proposer depuis environ six mois, sans trouver de créneau, donc c’était vraiment l’occasion de faire un événement un peu plus visible parmi la quinzaine de longs métrages proposés.

Ton but, c’est donc de faire un événement fédérateur, de rassembler toutes les générations autour de l’animé japonais ? Le but n’était pas de se cantonner au public geek, un public connaisseur qui serait là uniquement pour voir de la VO sur des films compliqués ou que sur de la série animée. Le but du Devosge c’est d’ouvrir des pages du cinéma à des publics. C’est pour ça qu’on propose Mon Voisin Totoro, magnifique film pour les petites et Panda petit panda, passé un peu incognito. On redonne une chance à Pantema dont la sortie est un peu compliquée en salles car le film n’est pas encore très visible. Et c’est important de proposer des séries comme Ken le survivant, mais aussi One Piece parce que c’est un film d’animation qui marche, toujours en rapport avec des séries. Donc l’objectif est de rassembler un maximum de public avec un maximum de genres puisque l’animé se compose lui-même de beaucoup de genres différents. On voulait aussi être ludique, parler du manga et de travailler avec des assos que j’aime beaucoup sur Dijon, à savoir l’asso franco japonaise et l’ADMA qui fait quand même un des plus beaux événements français sur l’animation et le manga, le Dijon Saïten.

Parlons de Ghost In The Shell Arise, vous projetez ça comment ? On aura les 2 volets ? Oui, on diffuse bien les deux films. En fait ce sont deux préquels qui étaient prévus pour de la DTV, la Direct To Video. Au Japon, ils ont prévu une sortie en salle puisqu’il y a un vrai engouement autour de cette saga, les films comme la série. Arise a été proposé avec un visa d’exploitation temporaire qui arrive bientôt à échéance donc il fallait se dépêcher de le montrer. Ce sont deux parties de 54 et 53 min. En fait, c’est une sorte de pilote pour une nouvelle série. Ça se rapproche beaucoup de Innocence, le film précédent.

Comment va s’organiser l’événement cosplay ? On aura des gens en masse costumés ce week-end dans une salle de ciné ? J’avoue que je ne sais pas exactement comment ça va se passer. C’est l’asso franco japonaise et Kabuki Cosplay qui s’en occupent. Ce sera une première. Je ne sais pas si ça va marcher ni si les gens vont avoir envie de venir déguisés. J’espère en tout cas que l’événement sera fun et festif, c’est le principal. Il y aura en tout cas un concours avec des places pour le concert symphonique de One Piece au Grand Rex, des places de ciné, des mangas et des dvd.

Comment va s’organiser la conférence sur le manga ? C’est Antoine Vessière, passionné de manga et gérant de la boutique Momie Mangas à Dijon, qui propose cette conférence chronologique sur l’histoire du manga, l’origine papier, comment ça se décline… Il parlera aussi des grands auteurs comme Mizuki et Tezuka. Il reviendra sur les adaptations ciné. Cette conférence va durer environ une demi-heure.

Suite à cette première édition, est-ce qu’on peut s’attendre à un festival qui revient tous les ans ? Si ça fonctionne et si les gens sont contents, oui, pourquoi pas. Si sur les années qui suivent on a d’autres films qui permettent de renouveler la programmation, on le refera. Là, pour l’instant, on va voir comment ça se passe. On a proposé un tarif à 4€ pour que ce soit accessible et festif. J’espère que les gens seront nombreux, que ça leur fera plaisir et qu’ils auront envie de re-participer à Animanga.

Et du coup, est-ce qu’il y aura d’autres films que tu souhaiterais programmer par la suite ? Oui, pas mal de choses comme les films de Tezuka qui sont peu sortis en France. Pour moi, c’est vraiment un auteur emblématique, un auteur important. Si ça doit être refait, on fera un focus sur un réalisateur et sur un dessinateur. Et on aimerait beaucoup faire venir l’illustrateur Jean-Pierre Lyonnet à Dijon.

– Propos recueillis par Alice Chappau
Illustration : Tatsumi d’Eric Khoo