Depuis quatre ans, CirQ’ônflex travaille en collaboration avec le collège Jean-Philippe Rameau. Un bahut qui a ouvert une option cirque, rassemblant chaque année une vingtaine de jeunes, de la 5ème à la 3ème. Cette année, dans le cadre de Jours de fête à Fontaine d’Ouche, ces différents acteurs ont chapeauté une soirée cirque en commun vendredi 09 mai. En première partie aura lieu la création des élèves du collège au Théâtre de Fontaine d’Ouche. Puis en seconde partie, CirQ’ônflex proposera un spectacle de la Mini Compagnie sur le quai des Carrières Blanches. Explications croisées avec Anne-Laure Léonard, responsable de l’action culturelle chez CirQ’ônflex et Richard Dorme, professeur d’EPS encadrant la création « La vie à l’envers » des collégiens.

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Comment se déroule la préparation du spectacle par les collégiens ?

Anne-Laure Léonard : Ils sont encadrés par Richard Dorme, Aude Poussin, et Damien Chovet, professeurs d’EPS. Les élèves de cette option cirque se retrouvent tous les jeudis après-midi pendant deux heures pour suivre leur enseignement aux arts du cirque.

Ils ont pris part au processus de création de la pièce ? C’est une histoire qu’ils ont « écrite » ?

Richard Dorme : Les élèves sont évidemment associés au processus de création car c’est ce qui permet de les mettre en projet et de les impliquer au maximum au spectacle. On travaille le plus souvent au départ à partir d’un “ brainstorming” puis nous trions les idées pour ensuite écrire un scénario qui va évoluer avec les différents apports techniques de chaque élève.

Pouvez-vous nous en dire plus sur « La vie à l’envers » ? À quoi peut-on s’attendre ?

Richard Dorme : Tout est partie de l’idée du film L’Étrange histoire de Benjamin Button dans lequel Brad Pitt commence sa vie vieux et rajeunit. Je n’en dis pas plus, il faut aller voir le spectacle avec les 20 élèves sur scène.

Ce spectacle réalisé par des jeunes s’adresse à tous. Les arts du cirque sont-ils intergénérationnels du coup, selon vous ?

Richard Dorme : Ce spectacle est complètement intergénérationnel et je ne pense pas que les arts du cirque, surtout celui que l’on pratique, cible plus particulièrement un public. Cependant, le cirque contemporain évolue, les compagnies se multiplient et certaines créations peuvent être d’un abord plus complexe à l’instar de la danse contemporaine.

Etes-vous surpris par le niveau de certains élèves ?

Anne-Laure Léonard : Tous les élèves ont de bonnes bases techniques, qui leurs ont été enseignés par leur professeurs d’EPS. Les artistes qui sont intervenus auprès de l’option cirque jusqu’à présent ont toujours trouvé qu’il était très intéressant de travailler avec ces élèves car ils ont de bonnes bases, une grande envie d’apprendre et progressent très vite. Ben sûr, il y a de petites différence de niveaux entre les élèves de 5ème qui viennent d’intégrer l’option et ceux de 3ème qui la suivent depuis trois ans.

En fin de compte, qu’apporte cet atelier et ce spectacle à ces jeunes élèves ?

Richard Dorme : Les enjeux de formation pour nos élèves de l’option cirque sont très riches, l’acquisition de techniques de cirque (jongleries, équilibres divers, acrobaties) ne suffisent pas. Nous souhaitons également former des élèves “metteurs en scène” capables de créer un spectacle, des élèves “ acteurs” capables d’interpréter un personnage, des élèves “spectateurs” capables de développer un jugement critique sur les numéros. Pour réussir à transformer nos élèves en véritable petits artistes, ils devront apprendre de nouvelles habiletés motrices mais également gérer tout l’aspect affectif, c’est à dire apprendre à contrôler ses émotions afin d’accepter le regard des spectateurs mais aussi accepter de coopérer ensemble sur un projet et d’adopter des attitudes de respect d’autrui, d’écoute, de confiance en soi et envers les autres. Le cirque est aussi une activité à risque qu’il faut savoir maîtriser pour éviter tout accident.

– Propos recueillis par P.-O.B
photo : Frédéric Joyeux / Mini Cie