Flavigny-sur-Ozerain, Flav’ pour les intimes. C’est dans cette magnifique cité médiévale de Côte d’Or, à 60 km de Dijon, que se tiendra le Pimpinella festival samedi 28 juin. Une journée de concerts, de spectacles et de planches à charcut’. Vacances pour ceux qui restent. On en parle avec l’organisateur, David Meugnot.

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Organiser un festival à Flavigny, dans un village de la campagne côte d’orienne, c’est un pari osé. Qu’est-ce qui t’a motivé à lancer ce projet ? Je ne pense pas que ce soit un pari osé. C’est plutôt de faire un festival de musique actuel dans un village « catho » et assez conservateur qui peut être osé. Je suis originaire de Flavigny. Ma famille est là depuis quelques générations et a toujours été ouverte vers les autres. Ma grand-mère a été postière de Flavigny pendant 15 ans, elle a co-créé La Grange il y a plus de 25 ans, une association de femmes de cultivateurs qui cuisinent et vendent les produits de leurs fermes encore aujourd’hui. Et mon oncle a tenu le bar du village pendant 20 ans : Le Trop-Chaud. Un bar bien connue dans la région.

Pourtant toi à la base, tu viens de l’audiovisuel. Non, j’ai travaillé dans différents établissements de nuit pendant 15 ans à Dijon. À la grande époque du Pick-up, à L’An-Fer qu’on ne présente plus. Et j’ai ouvert un bar Le B@rt avenue Aristide Briand que j’ai tenu pendant quatre ans. C’est seulement après que je me suis mis à l’audiovisuel. Ce qui m’a permis de travailler comme chargé de la communication audiovisuelle pour différents festivals comme GéNéRiQ à Dijon, Les Plages Electroniques à Cannes, CrossOver à Nice et Martizik en Martinique. Pour mes 40 ans, j’ai organisé un méga-anniversaire et j’ai invité le maire de Flavigny que je connais depuis toujours. Il a vu que je connaissais un peu de monde dans le milieu de la culture et de l’événementiel, alors il m’a demandé d’organiser quelque chose qui claque à Flavigny. Quand je suis revenu m’installer en décembre dernier après huit ans à Paris, je me suis dit que c’était le bon moment.

Des concerts à cinq euros, de la convivialité, de la découverte… c’est quoi finalement, ton objectif ultime avec Pimpinella ? C’est que d’ici cinq ans, des gens viennent passer une semaine à Flavigny en chambre d’hôte ou en gîte. Qu’ils profitent de la région pendant le début de semaine et qu’ils profitent de trois jours de festival à Flavigny le week-end. J’espère pouvoir mettre en place des packs festival (trajet jusqu’à Flav’, hébergement, visite des lieux phares du coin et pass trois jours festival). Mais il n’y a pas que ça. Pimpinella, c’est aussi un moyen de dynamiser Flavigny. Que l’on parle du village. On a besoin que des jeunes viennent s’installer ici. On a un des plus beaux villages de France mais ça devient un musée. Quand j’étais gamin, il y avait cinq bistrots, deux hôtels, des épiceries, etc. Maintenant, quand tu viens à Flav’, tu vas voir la fabrique d’anis et basta. Tu te dis que c’est beau mais qu’il ne se passe pas grand chose. Si on ne fait rien, dans 30 ans on va se retrouver avec 50 papys-mamies de 80 ans dans un village certes très beau, mais où toutes les maisons seront fermées.

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La programmation est plutôt classieuse (Mike Ladd, The Rainbones, Toro Piscine…) Comment on fait pour convaincre les artistes de venir jouer dans une église, ou tout simplement dans un petit village sur un festival qui débute ? Merci pour la prog’ classieuse. Je me voyais mal faire une prog’ punk à chien à Flav’. Et pour convaincre les artistes, ça doit être mon charme naturel… Plus sérieusement, quand j’ai expliqué l’idée du festival aux artistes et surtout quand tu montres une ou deux photos de Flav’, généralement, ça fonctionne tout de suite. Le spot est vraiment mortel – non je ne suis pas chauvin -. Tout le village est classé aux monuments historiques. J’espère pouvoir convaincre plein d’autres artistes. J’aurais bien aimé inviter Damon Albarn à jouer dans l’église mais je ne l’ai pas croisé cette année. J’ai envie de mélange dans des lieux surprenants. Et surtout d’une prog’ plutôt pointue et actuelle. C’est pas parce qu’on est dans une cité médiévale que l’on doit forcément faire du baroque et du classique. Je n’ai rien contre, bien au contraire, mais cette programmation existe déjà.

Quels sont les retours des habitants jusqu’à présent ? Ils flippent pas trop ? Comment ont-ils réagi lorsqu’ils ont appris l’existence du festoche ? Tu sais, dans les petits villages, beaucoup de gens parlent de toi ou de ce que tu fais, mais très peu font des choses en face. Je crois qu’il y en a qui pensent que j’organise le Hell Fest. D’autres qui s’en foutent complètement et puis d’autres qui sont à fond avec moi. Et ça, ça fait plaisir, je les remercie.

Pimpinella, c’est la fleur d’anis. Hommage aux bonbons très connus de Flavigny ? Pimpinella Anisum, c’est la plante de l’anis. Alors ce n’est pas forcément un hommage à la fabrique d’anis, mais la graine d’anis est arrivée dans notre région avec Jules César en 52 avant JC pour soigner ses troupes contres la dysenterie. Elle est exploitée à Flavigny depuis cinq siècles. J’ai trouvé ça cohérent. Et souvent on me dit que le nom est frais. Ça sonne comme Coachella ou Primavera, c’est plutôt flatteur mais ça met bien la pression.

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Tu t’es inspiré d’autres événements du genre en France, pour monter Pimpinella? L’idée du pack festival, c’est un concept que j’ai connu avec Panda Production de Nice, avec qui j’ai travaillé ces dernières années. Ils ont développé ça pour le festival Martizik en Martinique et Les Dunes Electroniques en Tunisie. Le tourisme culturel et de festival est en pleine expansion. Ce serait con de passer à côté. Pour ce qui est de la déambulation dans le village et des scènes dans des lieux différents, ça m’a paru naturel de jouer dans tout le village et de ne pas rester dans un seul lieu. De plus, pendant le festival, il y a trois lieux où les touristes n’ont pas accès habituellement. L’Oratoire est un nouveau lieu restauré récemment. L’Abbatiale est un jardin privé, et Le Lavoir est à l’extérieur du village, les touristes y vont rarement.

Y’a pas mal de com’ sur le net, notamment Facebook. On vous voit beaucoup, on en entend parler. Il est content, monsieur le Maire ? Facebook, c’est un peu mon terrain de jeu. J’y suis assez à l’aise. Beaucoup plus que sur Twitter même si j’ai ouvert un compte pour garder un oeil sur ce qu’il se passe. Et oui, le maire est carrément content. Mais il faut que je lui fasse sa petite photo « PimpStagram ». Ces photos ont vraiment bien fonctionné. On est vu dans 26 pays. Même si ce n’est pas des chiffres faramineux (50.000 vues en quatre semaines), pour une première édition c’est plutôt cool. Allez jeter un oeil sur la page facebook. J’aime les like. Et sur le site pour connaître tous les détails de la journée. Bisous.

– Propos recueillis par P.-O.B
Photos : (c) Anis de Flavigny, D.M., DR.
Pimpinella festival, samedi 28 juin. Plus d’infos.