Rencontre avec l’association Les doigts qui rêvent à l’occasion de leur fête-anniversaire (20 ans !) organisée à la Minoterie le mois dernier.


2014_LDQR_fresque tactileTout a commencé il y a 20 ans. 
Philippe Claudet, enseignant, se trouve confronté dans sa classe au handicap visuel : Amandine, une de ses élèves, est malvoyante. Le constat s’impose alors : aucun outil livre n’est à sa disposition. L’écho des parents d’enfants déficients visuels confirme ce besoin de supports pédagogiques et ludiques, des livres à images mais tactiles. Pour les tout petits on connaissait, mais après ? Et avant de savoir lire le braille ? « Souvent, les parents créent eux-mêmes le matériel pour leurs enfants. » L’idée naît alors, elle s’impose comme une évidence : créer une maison d’édition spécialisée dans ces livres tactiles, pour non-voyant, mais aussi écrit pour les enfants et parents voyants, afin de pouvoir partager tous ensemble le plaisir de la lecture et la découverte de l’histoire. Son nom est poétique : « Les doigts qui rêvent » , accompagné du sous titre « … d’avoir des livres malins ».

Pionnière dans son domaine. En France, mais aussi en Europe, cette maison d’édition est bourguignonne, dijonnaise même ! 20 ans après sa création, elle emploie 6 salariés, et plusieurs bénévoles viennent leur prêter main forte. Beaucoup d’énergie, beaucoup de bonne volonté, donc. Pour promouvoir leur action, des événements sont organisés tout au long de l’année, notamment avec des ateliers de sensibilisation aux difficultés rencontrées par les malvoyants.

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C’est à l’occasion d’une manifestation à la Minoterie de Dijon que j’ai pu découvrir leur travail où plusieurs ateliers, spectacles et rencontres étaient organisés. Ce fut aussi l’occasion de rencontrer d’autres associations en lien avec le handicap visuel. L’association Les yeux en promenadeentre autres, qui animait un goûter dans le noir afin de nous sensibiliser à la perception du monde qu’ont les non-voyants.

Dominique Bertucat, présidente de l’association m’en expliquait le concept : « Mettre en lien non-voyants et bénévoles pour mettre en place des sorties collectives, des loisirs, des promenades, des jeux, dans le but de vivre aussi normalement que possible, malgré le handicap. Ne rien s’interdire de faire ! » Dominique soulignait l’importance des bénévoles accompagnateurs, sans qui rien de tout cela ne serait possible.

Lors de cet après-midi, ce sont les enfants qui étaient ciblés, pour qu’ils soient dès le plus jeune âge confrontés à la différence et au handicap visuel. Il y avait alors des jeux de reconnaissance, sans se servir de ses yeux, en privilégiant les autres sens, mais aussi une fresque murale à décorer de textures différentes, des objets tactiles à créer…

Pour les plus grands, une rencontre avec le président des Doigts qui rêvent, Philippe Claudet, nous renseignait sur la naissance de l’asso, son travail, les difficultés rencontrées. Les témoignages de parents d’enfants mal-voyants ayant dû faire face au manque de livres adaptés, et créer eux-mêmes leur matériel, venaient illustrer ses propos. Cette maison d’édition associative basée à Talant, fait appel à l’Acodège, des ateliers de réinsertion, pour la fabrique de ses ouvrages. Ce que je retiendrais de cette rencontre, c’est toute l’énergie des membres de l’asso, toujours motivés pour son travail bien sûr, mais aussi pour organiser des évènements afin de mettre en lumière leur action.

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Les doigts qui rêvent fonctionne financièrement grâce aux subventions, aux ventes des livres et aux mécénats privés. Même si l’asso vend ses livres à perte depuis la création en raison des coûts de réalisation, très lourds, des livres tactiles, l’équipe reste cependant motivée et passionnée, fourmillant d’idées. Vous voyez, quoi.

– Héloïse D.
Photos : Jérémie Blancféné

Merci à Anaïs pour son accueil et ses explications.