Toutes les semaines, on va te faire découvrir un disque qui sort des sentiers battus. Pas la peine de t’échiner à te faire croire que tu t’y retrouves dans la jungle des sorties d’albums, EP, mixtapes ou démos… Tu galères. Nous, non. Alors on t’aide. Cette semaine, c’est hip-hop électronique et timidité.
29 piges au compteur, Hudson Mohawke (vrai nom Ross Birchard) est un producteur de Glasgow, auteur d’un deuxième album Lanterns qui sort ces jours-ci chez WARP. Looké comme un nerd timide qui jouerait 24h/24 à la console dans sa chambre, il forme également le duo TNGHT avec son copain Lunice, cerveau ayant déjà commis des attentats de ce type ou de ce genre. Un projet musical plus tape à l’oeil et mainstream (même s’il dit ne pas avoir prévu que ça explose autant) qui lui permet de poser tranquillement sur la bande son de GTA 5 ou de rajouter quelques zéros au cachet de ses prestations lives en festival.
Auréolé de tout ça, ce fan de Janet Jackson se positionne efficacement sur la courbe de l’amour : hip-hop, R&B et bass music au programme. Sur ce nouveau disque sorti lundi, HudMo partage le gâteau avec quelques « backers » : Irfane, Miguel, Antony ou encore Ruckazoid & Devaux… Parce que qu’on sait tous que c’est plus vendeur de mettre des voix dans un morceau. Gros malin. Mais le plus important n’est pas là. Hudson Mohawke a ça de fascinant qu’il parvient à être dans la hype sans y être totalement. Le Guardian le voit comme le mec qui est en train de changer la pop, Libé vient de faire un focus sur l’album pas plus tard que le week-end dernier et Pitchfork lui colle un 7.4. Sauf que personne ne sait vraiment où le situer. Producteur pour les plus grosses pointures du hip-hop, de Drake à Pusha T, l’Écossais est capable d’envoyer le bousin avec des bangers crados-beaux (System, Scud Books), il peut également nous attendrir avec des combos soul / synthé géniaux (Ryderz) ou des hits pop (Very First Breath, Portrait of Luci). Autre preuve de cette schizophrénie : le magnifique Chimes -pas présent sur l’album- sorti il y a 7 mois et illustrant la campagne MacBook Air. Alors, vrai génie ou arnaqueur ? À vous de juger. Mais toute cette ambivalence résume assez bien notre HudMo : le mec sait tout faire, il est dans un entre-deux rempli de gigantisme, de tendresse et de sale assumé.
Dans une interview de 2009, Hudson Mohawke résumait l’affaire. « L’envie de composer des pop songs, c’est que j’aime ça, tout simplement. Je ne sais pas si on peut dire que c’est plus mainstream du coup. Tu sais, aujourd’hui, cette barrière entre ce qu’on appelle mainstream et underground est de plus en plus floue. Les productions de Beyonce ou Britneys Spears sont parfois plus recherchées que celles de beatmakers de l’underground. Dans le futur proche, j’espère avoir l’occasion, moi aussi, de collaborer avec des artistes de renom. » Mission accomplie p’tiot.
– Pierre-Olivier Bobo