La vraie info de la semaine, ce n’est pas le retour de François Rebsamen dans son fauteuil de maire de Dijon. C’est cette proposition faite à David Lanaud du Gray, l’homme qui valait 8,5%, le mec au chapeau, de rejoindre un groupe de travail pour bosser « sur l’attractivité de la ville et la meilleure manière pour Dijon de tenir son rang de capitale régionale ». Rebs qui veut DLDG… What the fuck ?! Tout ceci est bien réel ? Entretien vérité avec le principal concerné.

DLDG

À ton avis, pourquoi François Rebsamen souhaite faire appel à toi ?

C’est vrai que c’est assez surprenant de balancer ça comme ça en plein conseil municipal seulement quelques minutes après avoir été réélu devant toute la presse nationale, sans s’être entretenu avec moi au préalable. Mais bon, c’est flatteur en tout cas. Je pense que pendant son long séjour à Paris, j’ai dû lui manquer… Peut-être aussi qu’il s’est tout simplement abonné à ma page Facebook comme plus de 16.000 Dijonnais, pour suivre mes posts quotidiens lorsqu’il était ministre pour se distraire quand il s’ennuyait et avait le mal du pays. Et finalement avec la distance, il retourne un peu sa veste et trouve que je ne sors pas que des conneries pour Dijon (finalement, la Tour Eiffel…). Il a peut-être aussi enfin compris qu’il fallait être moins dogmatique, et ça si c’est sincère, c’est bien. C’est dommage qu’il en prenne conscience seulement maintenant. Mais mieux vaut tard que jamais. Quelques semaines plus tôt, on aurait peut-être pu éviter le choix de changement de nom du CHU du Bocage en CHU François Mitterrand. Ça, c’est très dogmatique et ça divise beaucoup les Dijonnais ! Et aujourd’hui, on a besoin de choix qui rassemblent les citoyens et non qui les divisent gratuitement. Il lui manque peut-être aussi de jeunesse et de bons éléments dans son équipe actuelle. Il a peut-être peur également que je me représente en 2020. Selon la rumeur d’un sondage tenu secret, ce n’est pas 8,55 % que l’on risque de faire en 2020, mais énormément plus ! Je pense que c’est surtout un « coup de com » ! Une tentative de récupération peut-être. Je crois qu’on appelle ça comme ça…

Nous, on se dit qu’il avait pensé à toi car tu avais été parmi les nominés aux Sparse Awards en décembre dernier… Et tout le monde sait à présent que ça pèse à mort. Ton avis ?

Grrr… Moqueur ! Franchement ? J’espère surtout qu’il n’a pas vu mon apparition sur scène ce soir-là (seuls les présents dans le public comprendront). Et puis je te rappelle juste que j’ai seulement été nominé. Je n’ai même pas eu de trophée !

Tu as réagi sur GazetteInfo.fr en expliquant que tu serais chaud sous certaines conditions (moyens, liberté de parole…). Si elles sont réunies, quel chantier serait prioritaire selon toi en terme d’attractivité ?

Attention ! Je n’ai pas dit que j’étais « chaud ». J’attends vraiment de voir ce qu’il a exactement à me proposer. Si c’est juste pour assister à 2 ou 3 réunions de branlettes où on nous demande notre avis, et où au final tout est déjà ficelé d’avance… Ça ne m’intéresse pas, je ne cherche pas la gloriole ! Si je le fais, ce serait parce que de véritables moyens seraient mis à ma disposition, une liberté de pensée et de parole, et un vrai champ d’action. Et puis, pour les chantiers que je juge prioritaire, je ne vais pas tout te dévoiler tout de suite. En tous cas, j’attends son appel pour que l’on puisse se voir pour parler de tout ça. Mais apparemment, il ne s’agirait que de participer à un groupe de travail… On ne parle pas de me confier un ministère non plus !

Tout le monde parle des « couacs de communication » de Rebs. On dirait que c’est trop cool d’utiliser cette expression, quand t’es un journaliste, quand t’es en politique ou quand t’es Régis, accoudé à ton zinc préféré sur le marché. Franchement, le mot « couac » n’est-il pas le truc le plus vilain qu’on puisse utiliser à égalité avec « bad buzz » et « E-Reputation » ?

Y’a des mots comme ça qui deviennent à la mode, qui ne sont pas géniaux en effet. Et puis qui disparaissent presque aussi vite qu’ils sont apparus ! C’est vrai que le mot « couac » est devenu très utilisé depuis que François Rebsamen a été nommé ministre. Je ne sais pas si c’est une coïncidence… Mais c’est vous journalistes qui « inventez » comme ça des mots, ce n’est pas nous ! Je pense que Régis accoudé à son zinc préféré sur le marché que je croise souvent n’utilise pas le mot « couac », tout ça lui paraît loin et déconnecté de son quotidien. Faudrait que je t’emmène autour du marché pour écouter Régis et les autres…

Si t’y vas, t’as pas peur de décevoir certains de tes « sympathisants » qui se diront que t’es à la botte de la mairie ?

Il est clair qu’il est hors de question pour moi de prendre une carte de parti politique quel qu’il soit ! Si j’y vais, ce sera en toute indépendance.. Je veux garder ma spontanéité, ma liberté qui me caractérise. Mais je n’y suis pas encore ! Je suis très touché par les centaines de commentaires qui ont été postés sur ma page Facebook quand j’ai partagé l’article où il y a ma réaction suite à cette proposition de François Rebsamen. Beaucoup de mises en garde de leur part, de faire attention, de ne pas tomber dans le panneau, de ne pas les « abandonner », c’est touchant et ça fait plaisir… Surtout lorsque ça vient de personnes qui ne te connaissent que par les réseaux sociaux et les médias. Ils ne veulent pas que je me fasse avoir et que je rejoigne un « système » de partis politiques dans lesquels ils ne croient plus. Que je tombe dans un piège qui me censurerait et qui me ferait devenir comme eux. D’autres m’encouragent et pensent que ce serait une bonne idée de pouvoir participer activement dans l’équipe pour donner une impulsion nouvelle, bousculer la fourmilière de l’intérieur, me faire remarquer pour mieux me préparer pour la suite et de pouvoir agir pour construire. Mais je pense que la plupart sentent bien que je ne suis pas un opportuniste. Si j’étais un opportuniste, j’aurais cherché à « négocier » un poste avec mes 8,55 % et j’aurais appelé à voter pour telle ou telle liste plutôt que de choisir de ne rien avoir.

Après tout ce que t’as craché sur la municipalité, tu baisserais pas un peu ton froc en disant oui à Rebsamen ?

Moi je trouve que c’est plutôt lui qui baisse un peu le sien… C’est lui qui ne me trouvait pas sérieux, qui m’avait fait écarter du débat 3 jours avant le premier tour sur France 3 Bourgogne. Je te rappelle sa phrase au soir des résultats de l’élection l’obligeant à un second tour : « Un candidat anti-système a perturbé le système ! ». Et une autre : « Je ne comprends pas comment presque 10 % des électeurs ont pu voter pour le rapatriement de la Tour Eiffel à Dijon ! » Je trouve que c’est bien qu’il accepte de changer de point de vue et de voir ce qu’il y avait derrière… Maintenant, je ne suis pas dans sa tête. Je ne sais pas ce qu’il pense vraiment. Mais peut-être que son passage par un ministère difficile lui a fait voir les choses autrement. Plus ouvert, plus à l’écoute, plus proche… Espérons que ce soit sincère et que ce ne soit pas uniquement un « coup de com ». Je te rappelle juste que je n’ai jamais craché sur la municipalité comme tu le dis. J’ai toujours donné ma vision des choses en critiquant de façon constructive ce que je jugeais critiquable et en félicitant lorsque de bonnes initiatives ont été prises. Je pense être juste avec moi-même. Je suis libre et indépendant. Je ne suis pas obligé d’être contre tout parce que ce n’est pas moi qui l’ai proposé. L’opposition systématique, ce n’est pas moi, ce n’est pas mon rôle ! Pour moi, il y a ce que je juge bon pour Dijon et ce que je juge qui ne l’est pas. Et ça, c’est indépendant du fait que ce soit de droite ou de gauche. Je suis entier, je dis ce que je pense.

En te ralliant à lui, Rebsamen n’essaierait pas de te la faire à l’envers pour 2020 ?

Je ne compte pas me « rallier à lui », j’attends de voir ce qu’il propose réellement. Mais tu sais, ce n’est qu’un groupe de travail… Juste pour aller à la pêche aux idées. C’est peut-être ce qu’il souhaite : essayer de prendre quelques-unes de mes idées pour que je n’ai plus rien à proposer en 2020, tu as peut-être raison ! Je ne vais peut-être pas tout donner alors. Merci à toi de m’avoir prévenu au cas où ! À moins qu’il cherche un dauphin à former, à qui donner les clés de l’avenir de Dijon… Et c’est à moi qu’il a pensé !

Si t’y vas, tu vas peut-être pouvoir croiser très souvent Nathalie Koenders… On la trouve trop jolie…

C’est vrai que Nathalie, sans faire le grand macho de base, est très jolie. Et comme beaucoup je pense, je n’y suis pas insensible… J’avoue clairement être plutôt du style Nathalie que du style Colette ! Je sais que toi tu préfères Colette mais il en faut pour tous les goûts… Nathalie pourrait être quelqu’un à qui je pourrais proposer de me rejoindre sur ma liste en 2020. Pas seulement parce qu’elle est jolie, mais aussi parce qu’elle a un bon potentiel qui n’est pas encore assez exploité. Et en plus, j’adore son parfum !

Le coup de la discothèque géante dans l’église Saint-Philibert, ça va marcher tu crois ?

L’église Saint Philibert n’est plus qu’utilisée actuellement que pour des expositions temporaires 2 fois par an. Un lieu de nuit pointu, dans un monument atypique comme une église, donne une image de jeunesse et de « branchitude » à une ville. Il n’y a pas vraiment de boîtes de nuit dans une église en France. Si tu vas à l’étranger comme en Italie, en Belgique, aux États-Unis, en Suède, tu verras que ce sont des lieux magnifiques qui font la fierté de la jeunesse d’une ville et qui donnent envie à nos jeunes de venir y passer une soirée… Voire plus ! Tu me demandais si ça va le faire ? Je ne sais pas… Je sais que sa fille sort pas mal quand elle vient à Dijon, elle est jeune, on la croise assez souvent, je suis sûr qu’elle aimerait !

Que vas-tu faire de l’arbre qui tourne rue de la Lib’, bordel ?!

Il est là, on le garde maintenant ! Il a coûté assez cher… On devrait peut-être l’habiller un peu l’hiver ! J’avais adoré le collectif anonyme qui avait osé créer une animation au pied de cet arbre avec des dizaines de nains de jardin il y a quelques mois sur le micro carré de verdure à son pied. Un critique d’art avait exposé sa vision du « tronc qui tourne » un samedi après-midi, c’était assez sympathique et ça nous donnait une vision différente. Moi, perso je n’aurais pas choisi ça. Ce que la grande majorité des Dijonnais n’ont pas apprécié dans le choix de cette œuvre, c’est la symbolique d’un tronc d’arbre artificiel dans un centre-ville piéton qui manque cruellement de verdure. On nous a offert un bâton pour se faire battre ! Mais j’ai vu les esquisses des prochaines places rénovées au bout de la rue Piron, et place des Cordeliers, la mairie donne l’impression d’avoir entendu nos cris puisque la plantation d’arbres bien verts et bien réels y sont prévus. Moi, j’aurais proposé une série de 5 œuvres d’art aux Dijonnais à qui on aurait demandé de s’exprimer sur le choix de celle à retenir, on aurait eu moins de problème d’adhésion de la part de la population si c’est elle qui choisit plutôt que d’imposer une seule oeuvre. Ça fait un peu « caprice du roi » ! Ce n’est que mon avis.

Bon et sinon, tu fous quoi de ton été ?

Je travaille… À un rythme un peu moins soutenu que d’habitude, mais je travaille. Pendant que mes collaboratrices sont parties 3 semaines en vacances pour se reposer et pour pouvoir mieux me supporter à la rentrée. Le contexte économique cette année ne me permet pas de partir pour de vraies vacances, donc je reste là et en profite pour découvrir les paysages naturels de notre belle grande région. Week-end dernier dans l’Auxois, celui d’avant dans le Jura en randonnée à Baume-les-Messieurs… J’en profite pour lire un peu plus que d’accoutumée. Je vais essayer passer de 2 ou 3 jours à Paris pour rencontrer certains clients et tenter de m’exiler 2 ou 3 jours en Europe Centrale.

Tu nous aimes toujours autant ?

Ça va ! Je ne vous vois pas assez proportionnellement à l’amour que je vous porte…

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Photo :  A.C.