Le Tribu festival et moi, c’est une histoire d’amour qui dure depuis 16 ans déjà ! Que ce soit dans le public, dans la programmation, en mode journaliste ou bénévole, j’ai participé à quelques exceptions près à toutes les éditions. Depuis 2012, l’équipe de Zutique Productions a eu l’excellente idée de monter un cabaret éphémère (nom classe pour bal monté) au port du Canal de Dijon. Compte rendu en toute objectivité.

Jour 1

Jeudi 15 octobre : la soirée latino

Fort du succès de l’énorme prestation de Quantic l’année passée, le Tribu festival a de nouveau misé sur une soirée latino muy caliente. Le premier constat est qu’il y a une forte demande de ce genre à Dijon, et c’est tant mieux. Le quintet Roda Do Cavaco ouvrait le bal à 18h30 avec leur style « pagode » très populaire au Brésil, une forme de bossa nova festive qui se joue assis avec percussions et cavaquinho (sorte de ukulélé brésilien). La formule fonctionne et ouvre parfaitement cette soirée, on se croit sur une plage à Rio malgré le froid polaire dijonnais ! Dom La Nena prend le relai à 20h30 avec sa folk saudade, seule sur scène avec son violoncelle et ses machines, elle réconcilie le temps de son set les amoureux defolk et de world. La grosse claque de cette soirée arrive ensuite avec l’énorme prestation de La Yegros, son style mélangeant musique argentine et colombienne, rythmes classiquess et vibe électro, on en prend plein les oreilles ! Le set est rodé, les musiciens sont heureux d’être là et l’échange avec le public est optimal. Les quelques 300 personnes présentes ressortent conquises et souriantes de la soirée et chacun s’amuse à rouler les R comme La Yegros et ses tonitruants « Merrrrrrrrrrrrci ».

La Yegros 3Vendredi 16 octobre: la soirée électro hip-hop

À peine remis d’une grosse after achevée aux aurores, c’est fatigué que j’arrive au port du Canal mais très vite, Variant & Soweto Kinch me réveillent et me remettent dans le bain. Association de talents entre les parisiens et le saxophoniste rappeur anglais, leur univers musical oscille entre jazz, hip-hop et groove, et le résultat est plus que probant. Le californien Charles X enchaîne ensuite avec son hip-hop teinté de soul et de jazz, une belle découverte qui mérite de s’attarder sur la carrière du jeune homme. Comme la veille, la gifle arrive vers 22h avec Napoleon Maddox & Sorg, création initiée par Zutique entre le beatmaker bisontin et le rappeur de Cincinnati. Premier concert après une résidence à Besançon, ils sont accompagnés pour l’occasion par José de La Cédille qui apporte une touche française bienvenue et surtout Dobet Gnahoré, magnifique chanteuse qui nous a procuré de belles émotions et ajoute un atout charme à l’ensemble très masculin ! Le rendu est excellent, les instrus de Sorg bien électro se marient parfaitement avec les flows de ses amis et le public, moins nombreux que la veille, passe encore une excellente soirée. Direction la Péniche Cancale ensuite pour l’after animée par les anglais Dizraeli et Downlow, des gros scratchs, un fast style et un mix hybride qui mélange les vibes, on retiendra surtout la fin de soirée en mode sound system ou Downlow nous envoie classique sur classique,  la folie s’empare du dancefloor et les massives reprennent en cœur les refrains de Dead Prez ou de Shy FX & Uk Apachi !

Vaudou Game 3Samedi 17 octobre : la soirée afro groove

Pas de repos pour les braves, le Tribu a un rythme soutenu et j’en profite pleinement car les amoureux de black music dijonnais ne disposent pratiquement que de cette semaine pour assouvir leur passion dans leur ville chérie avant de passer l’année à migrer à Lyon, Paris ou dans le reste de la Bourgogne. Impérial Quartet nous sert l’apéro avec brio, le leader s’offrant même le luxe de porter deux instruments en même temps à ses lèvres pour un résultat technique et très visuel. Passée cette introduction très jazz, on entre dans le vif du sujet avec le concert de Moh Kouyaté. Le guitariste, véritable virtuose, pratique un afro blues dansant et efficace, et prend énormément de plaisir sur scène. Plaisir qui est rapidement partagé avec le public qui est en nombre pour cette dernière soirée. Arrivent ensuite les très attendus Vaudou Game et leur charismatique leader Peter Solo qui sortent d’une année un peu folle ponctuée d’une longue et intense tournée, et d’un succès d’estime évident. La magie opère, les incantations fonctionnent et à l’instar de La Yegros deux jours avant, on sent que le set est rodé et très efficace, le clou du show étant le tube « Pas contente » que le public reprend en cœur. L’after à la Cancale animée par le spécialiste James Stewart finit de me convaincre, on vient de vivre une des meilleures édition du festival !

POINT FASHION WEEK
Pas grand chose à signaler hormis le retour en force des bonnets, gants, écharpes et doudounes en tout genre. Sobre mais efficace.

CE QU’ON A AIMÉ AU FINAL
La programmation, éclectique et intelligente, marie à merveille découvertes et artistes confirmés. Quand on pense qu’Ebo Taylor & The Heliocentrics ont annulé peu avant, on se dit qu’on aurait pu assister à encore mieux !

Le bal monté, pardon, le cabaret éphémère est la trouvaille, l’ambiance y est chaleureuse et le son y est très bon, les basses roulent et les caisses claires claquent. Et ça, moi, j’aime.

Le village du festival est réussi, Yako et son équipe se sont surpassés une fois de plus entre la Tribu Mobile qui fait office de billetterie, le bar en tonneaux recyclés et les reproductions géantes d’Indiens masqués, on se sent bien et on a envie de revenir.

Tribu jour 3 (1)

CE QU’ON N’A PAS AIMÉ
Le froid polaire, l’année dernière on avait profité du soleil de septembre mais cette fois-ci, faire le festival en octobre a été une torture pour les frileux dont je suis un des plus dignes représentants.

TAUX DE REBOND
En résumé, la 16ème édition du Tribu a été une grande réussite, tant au niveau de la programmation, de l’organisation, de la fréquentation et surtout de l’ambiance, le Tribu est une grande famille et on a une pensée émue pour Nicolas Dorbon, co-programmateur qui vivait son dernier festival à Dijon puisqu’il part dès novembre faire rêver les chanceux nantais, bonne chance à toi amigo. Quant à moi, j’ai déjà hâte d’être à l’année prochaine !

– Riddimdim Selecta
Photos : Maya « Kali » Jones