Comme ça commence à sentir bon la montée du côté de la Bourgogne, les gars de France 3 Bourgogne nous ont créé une petite émission sur le net, Objectif Ligue 1, dans laquelle ils parlent de l’actu et des ambitions des deux clubs bourguignons, le DFCO et l’AJA. La première était hier. On a posé 2-3 questions bien sournoises à l’animateur Théo Souman.

Objectif Ligue 1 F3 Bourg 1bis

On parle de football bourguignon dans ton émission, pourquoi pas Franche-Comté ? Pas de grande région sur France 3 ? Pour le moment, il y a toujours France 3 Bourgogne d’un côté, et France 3 Franche-Comté de l’autre, même si certains programmes ou JT sont communs. Disons que l’idée d’une émission foot est surtout venue de la perspective d’avoir un club en Ligue 1 la saison prochaine… Et sans vouloir remuer le couteau, la dynamique est meilleure en Bourgogne. Je me voyais mal inviter le coach de Sochaux, actuel 19e, dans Objectif Ligue 1. Ça aurait été vécu comme une provocation, et notre belle BFC qui se construit n’a pas besoin de ça, non ?

Pourquoi l’émission n’est diffusée que sur le net ? Parce qu’il y a une volonté de faire un programme court, qui se partage sur les réseaux. Les gens ont pris l’habitude de regarder des vidéos de 15 minutes sur leur ordi ou smartphone, quand ils veulent. Là, le contenu peut être intéressant pendant plusieurs jours, jusqu’à la prochaine journée de championnat. Une diffusion télé, à heure fixe, ne serait pas forcément plus adaptée. Et puis on a une grille de programmes en place, pas simple à bousculer surtout en cours de saison. Donc voilà, c’est une tentative que nous faisons sur le net. Après, c’est vrai qu’une diffusion télé en complément, ça peut être un plus. On verra selon les retours si on peut l’envisager.

Y’a pas de pognon pour le plateau ? Vous êtes durs, les gars. On enregistre quand même dans le grand studio de France 3 Bourgogne, avec moultes lumières et caméras, et le rendu est de mon point de vue assez sympa. Après, c’est un programme court, une petite discussion détendue avec un invité autour d’une table, on n’allait pas construire le plateau du 20h de Delahousse. Remarque, on aurait pu au moins lui envoyer un mail, au cas où…

Ton poulain dans le football bourguignon ? « Poulain », c’est marrant, ça fait très éleveur de champions à la Mr Manatane de Poelvoorde, une vidéo hilarante sur le foot d’ailleurs. S’il s’agit de choisir un chouchou, il y en aura plusieurs. En ce moment déjà on est plutôt gâté avec les deux entraîneurs, Olivier Dall’Oglio à Dijon et Jean-Luc Vannuchi à Auxerre sont des gens simples et accessibles, avec beaucoup d’humour et de recul sur leur fonction, ça fait plaisir. Et pour citer un joueur, je dirais Romain Philippoteaux, l’ancien du DFCO parti à Lorient la saison dernière. Un joueur très talentueux, qui a percé sur le tard après avoir bossé dur, avec un super état d’esprit.

T’es plus DFCO ou AJA ? Ca va faire le mec qui botte en touche, mais je suis journaliste, pas supporter. Les gens ont du mal à comprendre ça. Ils sont dans la passion, et souvent dans la parano, très crispés sur les rivalités régionales. J’avais écrit un petit édito là-dessus, sur notre blog, que je rebalance à chaque fois que des accusations d’être pro-AJA ou pro-DFCO ressortent. Et ça arrive souvent ! Un coup on est la « DFCO TV », un autre il n’y en a que pour l’AJA… Nous, on est content dès qu’il y a du sport de haut niveau en Bourgogne. Pour la montée du DFCO en Ligue 1, c’était un grand moment, l’émission spéciale dans les allées du parc reste un grand souvenir. Tout comme la spéciale en direct du stade de France en mai dernier, avant la finale de la coupe de France entre Auxerre et le PSG, devant la tribune bleue et blanche. Quand tu as des rapports réguliers et cordiaux avec les gens des clubs, tu fais vite abstraction du côté supporter. Mais ça n’empêche pas ceux qui veulent se croire victimes d’un mauvais traitement médiatique de te faire des reproches… Faut laisser pisser. Et donc, pour conclure, si les deux clubs remontent en même temps en Ligue 1, ça me fera très plaisir. Et ce sera un joli succès pour notre émission, tiens.

La Ligue 1 pour le DFCO, franchement t’y crois ? Et ce stade qui n’est pas fini… Olivier Dall’Oglio l’a reconnu lui-même dans Objectif Ligue 1, il y pense en se rasant le matin ! Si le coach y pense, c’est évident que tous les observateurs aussi. À vrai dire, ça fait un moment qu’on voit bien que le DFCO tourne bien, mais il y avait le spectre de la saison dernière, et le passage à vide du mois de janvier qui avait bien plombé l’ambiance… Du coup, cette fois tout le monde se veut un peu plus prudent. Mais 51 points en 25 journées, +24 de différence de buts, c’est propre. Il faut en gros 5 victoires sur les 13 derniers matchs, ça semble jouable. Pour le stade, c’est vrai que ça aurait plus d’allure si les travaux pouvaient être terminés cet été. Mais j’ai trop peu de connaissances dans le BTP pour livrer un pronostic fiable.

Bon, votre émission c’est juste une interview en fait…? Vous êtes de plus en plus sympathiques ! C’est le concept qui veut ça. Un invité chaque semaine, pendant 15 minutes. Il n’y a certes aucune prétention de révolutionner le journalisme, juste la volonté d’offrir un contenu foot aux internautes, en milieu de semaine, entre deux journées de championnat. Le foot aujourd’hui, c’est sur des chaînes payantes, et nous, service public, on diffuse des extraits au titre du droit à l’information. Là, on trouve un moyen de parler foot quand même. Et puis 15 minutes, c’est presque la durée d’un journal complet de France 3 Bourgogne, donc ça laisse quand même le temps d’aller un peu plus loin que dans un reportage d’1’30.

Comment on fait pour faire des interviews intéressantes avec des footballeurs ? Sans que les mecs te répondent : « l’important c’est les 3 points » ou « le groupe vit bien ? » parce que t’auras pas toujours un mec comme Dall’Oglio en plateau… Et voilà qu’on tombe maintenant dans le sale et tenace cliché du sportif qui ne réfléchit pas, c’est pas sérieux les gars de Sparse. C’est vrai qu’Olivier est à l’aise devant les micros, ce n’est bien sûr pas le cas de tout le monde. Mais c’est vrai dans le foot comme dans la culture, ou la politique. Ça se travaille, même, et de plus en plus. J’ai interviewé des artistes ou des responsables politiques qui avaient du mal à terminer une phrase. Et si les réponses des sportifs sont souvent les mêmes, ça vient aussi des questions qu’on leur pose. Alors on va essayer de varier les plaisirs, de les surprendre parfois. C’est ce qu’on essaye de faire avec notre rubrique sur le banc bourguignon chaque dimanche. Au-delà d’un jeu de mot grotesque, la séquence permet au grand public de réaliser qu’un sportif peut aussi parler d’art ou de politique.

T’as joué au foot ? Non moi c’est plutôt le basket, et depuis longtemps… Au foot, j’ai bien fait le nombre avec mes frangins le dimanche après-midi, souvent dans les buts. Je frappe du pied gauche, mais je n’ai jamais été très doué. Faute de lucarne, j’ai atterri dans la petite, c’est pas si mal.

– Propos recueillis par Chablis Winston
Photos : France 3 Bourgogne