Quand tu couvres GéNéRiQ, tu ne peux pas te caler tranquille à faire le malin dans les loges avec les artistes pour boire des canons en attendant que la soirée passe. Tu dois être mobile, envoyer des équipes en duplex des lieux de concerts, lâcher les fauves de Sparse dans la ville, au risque d’en perdre certains. Ce qui s’est passé d’ailleurs…On vous file quand même une vue d’ensemble du jeudi à Dijon. 360°.

Siboy

Sur scène

Dijon. Cellier de Clairvaux à 18h30, Bloodshot Bill est seul sur scène, non pas qu’il soit autiste (il joue fréquemment avec d’autres groupes : avec King Khan, le Heavy Trash de Jon Spencer), mais c’est plus simple pour tourner. One man band rockab’ à souhait. Blues déglingue direct from Montreal. Gominé comme un beau diable. Il a d’ailleurs sa propre marque de Gomina, il n’a besoin de personne pour faire sonner sa vieille gratte.

À la Vapeur, c’est Siboy qui attaque en premier et qui fait trembler les murs de la salle, cagoule sur la tête façon hold up avec ses 8 potes. Hip hop brutal. Puis Kenta i Tambú enquille sur un rythme endiablé, fait de percussions et de danses exotiques. Enfin, celui que tout le monde attendait : Abd Al Malik, qui oscille entre ses classiques, son dernier album produit par Laurent Garnier, dont les prods font bouger les murs, et du slam. À fond dans son truc, il donne tout et surjoue même un peu. Mais il aura peut-être provoqué quelques épiphanies dans la salle avec son rap tendresse ? En tout cas jolie scéno.

C Duncan

Rock chialant à la Cancale à 21h pour le set d’Emilie Zoé. La jeune dame accompagnée de son band laisse trainer les guitares et est complétement habitée sur scène. Coup de cœur de ce coquin de Thierry Binoche, le Phil Manoeuvre dijonnais. C Duncan clôturait la soirée dans la cale. Le jeune Écossais est cool, doux, et joue une petite pop cotonneuse qu’il produit lui-même. Sur scène, il peut pas tout faire tout seul le gars (n’est pas Bloodshot Bill qui veut), donc il a invité 3 potes. Les harmonies de voix sont parfaites. Elles emportent un public conquis dans les nuages. Le gamin a de l’avenir.

Dans les salles

Viens tôt au Cellier de Clairvaux les prochains jours. Blindé. Gros succès, ambiance apéro.
Chacha Boudin s’occupe de vos mômes avec ses petits ateliers. Niveau bouffe, les plats thaïlandais sont exquis et généreusement servis. Important. La totalité de la communauté rockabilly de Bourgogne Franche-Comté était dans la place. Blouson Teddy, chaine de la poche à la ceinture, chignon pour les dames. Ils peuvent acheter le peigne gravé « Bloodshot Bill ». La classe 50’s.

Sinon, La Vapeur n’était pas pleine et ça c’est triste. Et puis il y a ce malaise quand Siboy gueule « Dijon ! Dijon ! » et que la foule reste figée comme face à la Méduse. Vous faites peur avec vos cagoules, les gars. Un peu plus d’ambiance pour Kuenta i Tambú mais pas encore la fièvre du jeudi soir. Pour finir, même Abd Al Malik se heurte au public dijonnais, toujours aussi peu réceptif.

À la Cancale, salle pleine. Il y avait les VIP, les programmateurs qui comptent dans l’est de la France. Si tu cherches un stage, fallait y être. Tous étaient venus voir C Duncan, petite pépite du festival, qui a déjà des hardcore fans à Dijon. Les Québécois en séjour dans le coin pour GéNéRiQ ont eu le temps de boire le bar, presque en entier. Au comptoir : 4,50 le verre de rouge ? Oui c’est du Santenay mais bon… les Bourguignons… Bon, file moi une bière.

La punchline du jour

« Eh tu peux m’ouvrir ma bière, je sais pas le faire avec un briquet… » Bloodshot Bill, 18h Cellier de Clairvaux. Il m’ a tué le mythe du rocker en deux secondes. Mais comme il nous en a payé une, il l’a ressuscité de suite.

– Chablis Winston
Photos : Alexis Doré et Édouard Roussel