Bon, on se doutait bien qu’en plus de monter les scènes, les baraques à frites et à binouzes, on ne montait pas le joli décor verdoyant sur fond de lac et de joli ciel bleu. Mais on n’était jamais allé voir le lac et le site du Malsaucy en dehors du festival non plus… Alors, je me suis renseignée et j’y suis allée. Je vous dis tout.

Voyons, que nous vend Belfort tourisme ?

« Lieu privilégié pour les amoureux de la nature : activités nautiques, randonnées, VTT, animations… Il est très prisé par les habitants du Territoire de Belfort. » Je vous l’accorde, ça sonne brochure pour car de retraités « tamalou » ou instit’ en Lafuma qui veut randonner. « Sentier de la Véronne, pêche, observatoire aux oiseaux et ses 49 espèces animales protégées. » Tout cela est bien vrai , le sentier est très agréable, on fait le tour du lac à pied, on croise de gentils promeneurs apaisés par le chant des oiseaux, de respectueux pêcheurs, la vue est superbe. J’ai même assisté au sauvetage émouvant d’un cygne malade par deux héros de l’environnement qui travaillent pour le site. Pas de trop près, ça mord ces bestioles. Je parle des cygnes, évidemment.

La plaquette n’est donc pas mensongère. Bon point.

Et la base ?

Une base de loisirs et une base nautique offrent aussi une grande possibilité d’activités dans un sympathique espace. Le traditionnel pédalo « tu pédales, je bronze à l’arrière », la pétanque (je t’épargne la foule de mauvaises vannes autour des boules, c’est indigne de nous, lecteur), le beach-volley, un espace aqualudique pour les enfants, des espaces de détente, de mignonnettes cabines de plage… Là aussi, bon point.

Et de l’autre côté de la plage, vous pouvez boire un verre ou manger à l’auberge du lac. Très belle terrasse et petits cabanons flottant sur l’eau. Sur pilotis bien sûr, ne sois pas con non plus… Bon, tu payes la vue mais le moment est agréable, si tu évites la friture de perche. Elle vient du Nil, là non plus, ne sois pas con.

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Et la baignade ?

Aïe. Selon, un article de l’Est Républicain du 23 juillet dernier, j’ai bien fait de ne pas essayer : « Des dizaines de personnes malades ont en commun d’être allées se baigner dans le lac du Malsaucy ces derniers jours. La baignade a été interdite mais, pour l’heure, rien d’anormal n’a été détecté dans les analyses d’eau. »

Du coup, pour l’heure, la baignade est interdite, sous peine de bonne gastro. Je veux pas enfoncer le clou mais l’article signale aussi un problème d’odeurs. Bon, ça, aux Eurocks, j’avais un peu remarqué le désagrément olfactif ambiant, mais ce n’était ni les algues ni les matières organiques contenues dans la vase, plutôt un subtil mélange de weed, de transpi’ et de frites.

Un lien entre le festival et ces petits ennuis ? D’après les habitants : « quelques semaines après les Eurockéennes (période qui correspond aussi aux pics de chaleur annuels), l’eau du lac provoque des désagréments gastriques chez les baigneurs » ! Une enquête approfondie mériterait d’être menée… Moi je peux pas, je me tiens encore les côtes de rire.

Mauvais point, personne ne le contestera.

Reste la plage

La même chanson qu’ailleurs. L’enfer des plages me donne une incommensurable envie de me jeter dans la flotte, mais je ne peux pas, la gastro ne me tente pas. Cependant j’ai un maillot de bain neuf et très mignon. Je ne peux pas me baigner à cause de l’interdiction, je ne me mets jamais au soleil pour cuire comme une dinde, mais mon épilation est au poil et il était pas donné ce maillot. Alors, pour toi lecteur, je reste quelques minutes sur le sable et j’observe. C’est cadeau.

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La typologie du couillon-plagiste

Vous l’aurez compris, je suis la rabat-joie à lunettes de soleil/chapeau/indice 50 qui veut conserver son teint laiteux, à tendance intellectuelle qui lit un gros livre sur une serviette impeccablement étendue. Je m’insupporte moi-même, ne me juge pas. Tour d’horizon.

  • À ma droite : la « dame pain d’épices sans âge », recouverte de graisse à traire, qui, d’après la couleur dans le nuancier, a commencé la saison très tôt, il y a vingt ans sûrement. Elle a tout : le transat, la glacière pour tenir le siège, le mini-bikini pour limiter les marques de bronzage. Ne lui manque plus que l’indispensable « raidorée »…
  • À ma gauche : le « jeune », en bande évidemment, qui débarque bruyamment aux heures les plus chaudes, vers 14 heures, puisque jusque là il cuvait sa cuite de la veille au camping d’à côté, et se met en plein soleil, avec du son, des clopes et de la bière premier prix tiédasse.
  • Devant : la « famille du bonheur », genre Ingalls des plages ; les enfants font des châteaux de sable dans leur combinaison anti-UV avec leur petit bob vissé sur la tête, papa aide en portant les seaux des choupinous qui courent et me foutent du sable partout sur la serviette. Maman observe de son œil bienveillant et dégoulinant de tendresse, celui qui dépasse de son Cuisine actuelle, spécial recettes d’été.

Je rentre chez moi. Pas de point cette fois. Une belle journée estivale qui fut douce malgré tout…

– Simone G.
Photos : S.G.