La saison du DFCO est aussi incertaine qu’est la vie d’un homme. Toi parfois, il t’arrive d’avoir du fric et de ne jamais rater ton coup et y’a d’autres moments où les huissier dégondent tes portes et où les soirs, tu dors sur la béquille. Avec Dijon, c’est pareil.

Si la ligue 1 était une entreprise, le DFCO serait employé stagiaire au service marketing. Bref, le genre à se faire humilier par sa hiérarchie. C’est ce qui est arrivé aux troupes de Dall’Oglio contre Lyon. Alors que les Dijonnais tenaient le match jusqu’à la 80ème, une erreur d’arbitrage plus tard, et c’est la dégringolade. Battu 4 à 2 et des points qui se perdent en route. Manque de mental.

Une charrette est une voiture à deux roues, avec deux ridelles et deux limons. Cela désigne aussi, et ça nous regarde un peu plus, n’en déplaise aux historiens du bas-moyen âge : la zone de relégation de la ligue 1. Cette « panic room », ce « plan social », c’est ce qui fait flipper au moins 4 ou 5 équipes laborieuses du bas de tableau. Dont le DFCO. Les cancres, ces équipes qui voyagent en classe éco avec une dizaine de valises.

Après la guigne au parc OL (bordel, il y a jamais péno là-dessus !!!!), le DFCO pointe à une dégueulasse 16ème place. Certes non relégable à ce jour, mais chassé telle une galinette cendrée par les quatre de derrière. Un nouvel incident et c’est le ravin. Dijon n’est qu’à deux petits points du 18ème, Caen. Une situation peu encourageante.

Rien n’est acquis, et des mecs comme Roland Courbis te dirait que c’est à 40 points que se situe le maintien. C’est pas faux. Si tu me suis, le DFCO doit engranger au moins 13 points avant la mi-mai. C’est pas gagné. Pourtant comme dirait Didier Deschamps à chaque conf de presse quand il parle de Dimitri Payet, le DFCO « a du potentiel et de la qualité ». Une équipe joueuse et pas farouche. On imagine que pour Lorient, c’est plié. On voit bien Bastia dans le contexte agité de Furiani se marraver. Il reste le strapontin pour le barrage. La 18ème place, là « rien ne va plus, faites vos jeux ».

Pourquoi le DFCO, qui ouvre le jeu, galère t-il autant ?

Je n’ai pas d’accointance particulière avec les complotistes qui pensent que Stanley Kubrick a tourné dans un studio londonien les premiers pas de Neil Armstrong sur la Lune, mais force est de constater que Dijon fait l’objet d’un arbitrage sévère. Des cartons jaunes sur des tacles réguliers, des pénalty sifflés contre alors qu’il n’y a pas lieu, des buts en situation de hors-jeu pour l’équipe adverse. Le ras-le-bol est palpable. Florent Balmont, de lâcher : « la ligue nous veut en ligue 2. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. C’est fatiguant. On est un promu, un club qui ne fait pas de bruit, ils sont tranquilles avec nous… ». Il continue, « à Dijon, on essaie de faire de belles choses, mais on se fait entuber… »

Si le contingent arbitrale veut la tête de Dijon, on peut dire aussi que le DFCO se met dans la merde tout seul. Les hommes de Dall’Oglio attaquent plus qu’ils ne défendent. Cette paire Varrault – Lang est une grosse blague. La charnière souffre sur le moindre appel. Alors qu’en Ligue 2, l’arrière-garde ressemblait à Alcatraz, aujourd’hui c’est « fenêtres ouvertes ». La défense dijonnaise est meuble, perméable. C’est souvent Baptiste Reynet qui s’emploie pour garder sa cage inviolée.

Enfin, ce qui peut empêcher Dijon d’être devant à la photo finish, c’est son calendrier. Il va falloir se sortir les doigts dans le sprint final. Trois matchs couperets avec les collègues du maintien (Bastia, Angers, Nancy), les fameux matchs à 6 points, autrement appelés « matchs de la peur » et puis des oppositions avec quelques grosses écuries du championnat, ces équipes qui veulent se qualifier à tout prix pour l’Europe (Nice, Saint-Etienne, Rennes et Marseille). Du lourd.

Ce dernier chapitre de la saga dijonnaise qui pourrait s’intituler « main dans la main jusqu’au maintien » débute en ouverture de la 27ème journée ce vendredi à la Beaujoire contre les canaris. Gageons que l’auteur du bouquin soit niais et doucereux comme Marc Lévy avec le prévisible happy end plutôt que créateur d’effrois et de cauchemar comme Stephen King.

Julian Pietro Giorgeri

Photo: Philippe Desmazes