On vous en parlait et vous les présentait l’année dernière. Aujourd’hui et depuis le 14 avril dernier, les artistes derrière l’atelier Chiffonnier proposent leur première exposition. L’occasion pour nous d’un rapide retour sur l’initiative et de nous attarder sur ce que l’on peut voir à cette grande première. Place aux oeuvres, place à Chiffonnier.

Situé entre la gare Porte Neuve et la place du 30 octobre à Dijon, dans un ancien bâtiment désaffecté de la SNCF, avait donc germé Chiffonnier : un espace abritant atelier et lieu d’exposition et d’expression d’une association d’artistes dijonnais dont la plupart fréquentent (ou ont fréquenté) l’ENSA de Dijon. Après de longs efforts, travaux et des tas d’idées, les artistes derrière l’initiative peuvent enfin proposer jusqu’au 30 avril leur première grande exposition, « Merci pour la lumière ». Cette dernière présente les travaux de quatorze artistes, certains Dijonnais, dans un bâtiment où la démarche est très clairement de casser le concept white box (grandes salles blanches, neutres et épurées au maximum et ne laissant place pour s’exprimer qu’aux oeuvres) devenu très classique comme signature des lieux d’expositions d’art contemporain plus conventionnels, permettant ainsi et ici à l’ancienne usine de radiateurs automobiles d’exister de façon presque aussi forte que les oeuvres en elles-mêmes.

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Pour faire clair : les oeuvres font écho au bâtiment, à ses différentes sales, à ses structures métalliques, ses tuyaux, ses murs en pierres apparentes et ses vieux bois. Tous ces éléments font à leur tour écho aux oeuvres. L’échange est mutuel, y réside une vraie cohérence visuelle et aucune oeuvre ne jure avec l’endroit qui l’accueille et ce malgré sa complexité. Puis certains objets du décor historique questionnent alors les visiteurs : oeuvre ? Pas oeuvre ? Le compteur électrique est d’origine, ou est-ce le fait d’un des artistes ? Et le poêle à bois, là ? Ou cette grosse soufflerie ?

Galerie d’expo… ou atelier d’artiste ?

Lors du vernissage, les visiteurs – beaucoup d’habitués de l’art contemporain local mais aussi énormément de curieux, de gens n’ayant pas forcément l’habitude de fréquenter d’espaces d’expositions – se creusent l’esprit, fouillent la zone, consultent le plan dans une espèce de jeu de piste version art contemporain sans pour autant louper une oeuvre ou deux, et dans l’ensemble se demandent s’ils ne sont pas dans un endroit à mi-chemin entre une galerie d’exposition et l’atelier direct des artistes. C’est le cas !

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D’ailleurs, les oeuvres : installations, peintures, incrustations, matériaux industriels bruts, modifiés, projections et expériences, le tout figuratif ou abstrait. Ici une frêle carcasse d’un bateau échoué entravé de bouées noires, plus loin une échelle blanche, suspendue sur la carcasse du bâtiment et qui semble lui répondre, puis partout ailleurs beaucoup de pièces font aussi rappel à des éléments de la ville, Dijon, que ce soit l’icône touristique de la chouette, en passant par la plus occulte salamandre ou via des bouts d’architecture, souvent des objets que l’on pourrait retrouver dans la rue, dans la vie de tous les jours… Des photos de radar de recul de voiture, des publicités détournées, des objets jadis fonctionnels, aujourd’hui devenues des oeuvres ayant des questionnements différents, des fonctionnements modifiés.

  • Doug Ritter
    Photos : Chiffonnier 

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