Merde… Jean Rochefort… ça fait un truc quand même. Le type était élégant, drôle, subtil, et surtout extrêmement populaire ! Comme Sparse, en fait.

De la mamie dans le Cantal au hipster du 11ème, tout le monde adorait Rochefort et tout le monde le trouvait cool. Tout le monde. Normalement, c’est mauvais signe, je vous l’accorde. Mais pas avec lui, trop de talent, trop de légèreté. Je vous mets au défi de m’en trouver un autre aussi rassembleur. Belmondo ? Pour beaucoup, trop beauf. Delon, trop faf. Marielle, trop vulgaire. Noiret, pour les vieux, sans parler des Gabin ou autres Ventura limite préhistoriques. Non, le père Rochefort avait réussi a gardé une coolitude somme toute assez moderne, que même les moins de trente ans s’appropriaient, comme un grand-père idéal, qu’on voulait tous voir dans le Don Quichotte de Terry Gillian, sans s’étonner de l’apercevoir sur le net en train de résumer Madame Bovary en verlan. Fort.

Question cinéphilie, le mec a tourné dans de vrais chefs-d’œuvre, comme la doublette ultime Un Eléphant/Nous Irons Tous Au Paradis, des comédies au top, avec la série du Grand Blond ou Courage Fuyons, pointant également sa tronche dans des projets plus dramatique, Que La Fête Commence, Tandem et Le Mari De La Coiffeuse par exemple, voire austère mais grandiose, avec Le Crabe-Tambour (César du meilleur acteur en 78). Oui, le type pouvait tout jouer. Il cultivait cet esprit à la française, charme, humour et élégance, mais dans une forme totalement anglo-saxonne. Presque punk. Et comme en musique, ça, ça nous faisait craquer.

« Il cultivait cet esprit à la française, charme, humour et élégance, mais dans une forme totalement anglo-saxonne. Presque punk. »

Le mec avait cette sorte d’humilité, de distance, derrière lesquelles pointait un fond de noirceur et de mélancolie. On n’avait ainsi jamais honte de l’aimer, au contraire, avec deux générations d’écart, le mec nous ressemblait. « Les battants me gênent, c’est peut-être pour ça que l’échec me fascine Comme acteur, je suis aux antipodes du héros positif » disait-il. Au poil, ça nous va. Nous aussi, on se dépatouille avec nos soucis, mais dans tous les cas, on garde la face. Vas-y Jean, on te suit ! Sois notre papy idéal, notre papa protecteur sans être bêtement viril, notre frangin d’élégance et de provocation, on te suivra quoiqu’il arrive !

Avec lui, on n’était jamais déçu. C’est tellement rare. Parlez-en aux fans de LCD Soundsystem, pour voir. Les compets d’équitation aux JO ? Y’a pas eu plus sexy qu’à Pékin en 2004 quand il les commentait. Jamais déçu, je vous dis. Et tellement surprenant. Le mec était souvent là où on ne l’attendait pas. Même dans les clips de cette purge de Vincent Delerm, il restait classe. Pour dire la facilité du personnage. Sombre mais drôle, vieillissant mais à l’écoute, élégant mais un peu fou, presque une leçon de vie en fait. Oui, on est clairement triste aujourd’hui. Même à Sparse.

Y’a le Movember qui arrive, là très vite. Vous savez, c’est se laisser pousser la moustache pendant le mois de novembre afin de sensibiliser l’opinion pour la recherche dans les maladies masculines. Faites le, si vous avez l’âge d’avoir des poils évidemment, c’est bien. Mais cette année, y’aura une autre raison : en hommage à Mr Jean, on’se laisse poussetache.

  • Mr Choubi

« A vrai dire, je n’étais qu’au début de mon ascension !… »
Un Éléphant, Ça Trompe Énormément (Yves Robert – 1976)