Sparse est allé à l’incontournable Printemps de Bourges, repaire de tous les festivaliers afin de retrouver des groupes de notre belle BFC. C’est avec Bigger, groupe de rock franc-comtois que se sont faites les retrouvailles, et plus précisément deux de ses membres : Damien et Antoine, dans une ambiance post-apéro des pros !

Vous êtes deux des membres du groupe Bigger qu’on a pu voir sur la scène de VLAD, au Vladkistan. Comment vous en êtes arrivés là, quel ressenti ?

Antoine : C’est assez fou, on est arrivés ici hier. La scène du Vladkistan est très belle mais paye pas de mine, je rappelle qu’on est quand même sur un parking ! On est arrivés là, dans une caravane-scène mobile, en se disant « Mais qu’est ce qu’on fait là ? » et puis très vite nos peurs se sont estompées parce qu’on a vu des gens dans l’audience qu’on connaît, on s’est retrouvés face à eux et surtout, il y a eu de super retours par la suite. On est méga méga contents et en plus le soleil brille !

Damien : Comme Antoine le disait, on est venus là parce que Bourges c’est l’incontournable, il faut y être, on a eu cette occasion de jouer sur cette scène et on s’est préparés pour. On a fait nos affiches, on a enregistré un EP récemment donc on a fait notre petit EP promo avec un beau visuel signé Rouge Poisson. On était préparés et on s’attendait clairement pas à tout ça ! On est vraiment très contents.

La première chose qui me vient à l’esprit c’est le fait que le Printemps de Bourges fasse une scène pour les jeunes groupes. Ok vous n’êtes pas un jeune groupe mais bon j’ai déjà vu des vieux aller aux iNOUïS (NDLR : ça se passe sur la scène du 22). Pourquoi ça ne vous branche pas de se dire « allez on fait une compet, on se lance ?« 

Antoine : L’an dernier on a fait ce truc – les iNOUïS – et on a été sélectionnés dans les 4 régionaux pour finalement ne pas être sélectionnés aux nationaux. Cette année, on ne l’a pas refait car on avait envie de faire autre chose et quand on voit ce qui se passe vraiment sur cette scène – sur le Vladkistan – il se passe vraiment un truc de malade. Je pense sincèrement que ça va devenir un spot incontournable de Bourges. Il s’y passe des choses programmées par des mecs qui sont complètement sincères dans ce qu’ils ont envie de programmer et on se retrouve à jouer en live, certes dans des conditions moins bonnes qu’au 22 pour les iNOUïS, mais c’est complètement roots, les mecs savent très bien ce que nous, nous venons faire sur scène. Ça touche en plein cœur dans le sens où on a livré un truc qui était brut et un peu plus sale qu’à l’habitude mais vraiment sincère.

Damien : C’est un peu hors contexte et je pense que c’est ce qui plaît aux gens, on est pas dans le cadre officiel et institutionnel. Y’a peut-être une approche plus détendue de la chose. Ce qui est pas plus mal car c’est vrai que Le PDB, les iNOUïS, c’est des choses très bien mais le côté officiel rend la partie un peu plus grave et stressante alors qu’ici c’est tout en détente.

C’est brut de décoffrage et c’est vrai.

On peut dire que c’est la scène fétiche de Jean-Louis Brossard, le programmateur des Trans, de l’Ubu de Rennes et de tout l’underground en France et du monde. Cette scène a du charme parce que tous les programmateurs de salle s’y retrouvent. Est-ce que le côté frais de la scène fait que vous arrivez vraiment à rendre vivant le lieu ?

Antoine : c’est vrai qu’il y a un côté vraiment en décalage avec le reste, purement indépendant. On est quand même avec Vlad qui revendique cette indépendance, je pense que lui emmerde un peu tout le monde et c’est ce qui fait qu’on est dans un lieu complètement décalé.

 

 

Finalement quand on joue aux iNOUïS les mecs disent qu’ils ont la pression car ils savent qu’il y a tous les patrons de salles. Quand on joue au Vladkistan ils sont aussi là et vous, vous n’aviez pas de pression ?!

Damien : On a l’impression que les mecs sont en vacances, ils viennent là parce qu’ils ont fini leur taff, ils rangent leur badge, le mettent sous le t-shirt et viennent boire un coup avec Anto, Vlad etc. Les mecs sont peut-être plus à la cool. Il faut vraiment rendre à césar ce qui est à césar, Antonin (NDLR : Antonie Borie est leur manager et gérant du café-concert/bar de nuit l’Antonnoir à Besançon) fait un travail de malade. Pour ceux qui ne s’imaginent pas il a, au cul de son camion, un bar, une tireuse et un carton de 150 bouteilles de Pontarlier, boisson officielle du Vladkistan et de la Franche-Comté. Cette espèce de hurleur qu’est Anto, un rabatteur né qui va mouiller le maillot aux iNOUïS, qui va se mouiller aux apéros pro’ pour ramener du monde devant le concert qu’il a lui-même programmé, parce qu’il aime ce qu’on fait et ça le touche. Ça nous touche aussi de voir cette sueur versée vraiment sincère.

Je crois que s’il y avait un terme qui pourrait caractériser ce lieu, c’est la sincérité !

Vous avez eu plein de contacts, comment vous envisagez la suite ? Vous êtes prêts à décoller ?

Damien : Tout à fait c’est ce qu’on attend. On a les crocs, artistiquement on se sent en place, on se sent prêts. Maintenant, avec notre passage à Bourges faut qu’on arrive à mettre en place les choses et mettre en place une vraie stratégie avec un bon entourage etc.

Antoine : On est prêts comme l’a dit Damien et ce qui est bien c’est qu’on va avoir la chance de pouvoir discuter avec un petit paquet de personnes qu’on a rencontrées donc y a pas non plus le feu à la maison, on veut juste sortir ce disque parce qu’il est prêt et on est fiers de notre dernier EP, vous le verrez il est vraiment beau à écouter.

Vous avez fait une sélection musicale dans Sparse il y a un moment. Aujourd’hui les goûts des Bigger sont toujours similaires ou divergent complètement, l’un écoute Beyoncé et l’autre « Jean-Michel Clé » ?

Antoine : C’est complètement explosé dans le groupe, on a vraiment tous des influences différentes mais quand on joue notre musique, on la vit ensemble. J’adore écouter de l’électro, de la pop complètement kitch, écouter de la chanson. Je sais que Mike est très rock très sombre, Ben écoute vachement de hip-hop, maintenant c’est le bordel ! On est un espèce de delta qui mène à un unique point de chute.

La création ça se passe comment Damien ? Etant donné qu’il y a un delta et plusieurs sources ?

Damien : Justement, on a un propos artistique assez précis donc on sait où on veut aller malgré ou grâce aux différentes influences. On sait aller dans le même sens et prendre les influences communes. Concrètement on compose beaucoup Kevin et moi, et on réarrange les morceaux tous ensemble pour le live… Chacun est dans Bigger parce qu’il a sa façon de jouer, bien particulière et tout le monde a une grosse personnalité dans le jeu. C’est ce qui fait le son qu’on recherche sur scène et dans nos albums.

C’est quoi les hobbies des Bigger quand ils sont en tournée OU PAS, a part boire du Pontarlier avec Antho?

Y’a des concours de blagues ! On a 2-3 bons rigolos dans le groupe.

Antoine, si t’avais 3 mots pour définir Bigger ?

D’abord frères, parce qu’en peu de temps on est devenus frères. C’est important car il faut rappeler qu’on se connaissait pas il y a 2 ans et on est devenus très proches. Le courant est passé très vite donc je dirais vraiment fraternité. Puissance aussi et classe. C’est peut-être un peu intense de dire classe, ça fait un peu je me balance des fleurs mais je trouve ça puissant et classe Bigger.

Damien, 3 mots aussi ?

Idem haha Antoine a très bien parlé. Ce qu’on cherche dans Bigger, c’est du rock mais pas que, des chansons aussi.

 

  • Interview réalisée par Benjamin Moreux

Crédits photos : Florent Chouffot ; Fabien Mathieux