Rencontre avec Tony Gagniarre et Michaël Dupont, les frappés de Propagation bis.

Le 25 septembre Propagation bis, THE association de cinéma de genre chalonnaise,  fait sa rentrée à l’Axel. Du cinéma d’action aux bons films à la con, de l’horreur à l’humeur, des séries B aux séries Z, ils ont cherché, visionné, cogité… et programmé. Ils nous ont raconté, on a synthétisé. Propagation Bis ou 50 bonnes raisons de plonger dans le ciné « B »…

A ma gauche Tony Gagniarre, président de l’association Propagation Bis, à ma droite Michaël Dupont, vice-président. Des encyclopédies vivantes, des fêlés de ciné. Attention, pas de n’importe quel ciné. « Le cinéma parfait me fait chier, moi j’aime les défauts » dit Tony. Du cinéma, comment vous dire ? Inclassable, hors-norme, qui bouscule les codes et qui dit qu’il s’en fout. Bancal, merveilleux et imparfait, avec une dose de second degré. Des films populaires, des films de genre, avec action, aventure ou horreur. Souvent à petits budgets hors des sentiers des grosses productions.

Propagation Bis depuis un an et demi s’est lancée. Des films bis a programmé. Une saison et après ? Ils ont osé et recommencé. Bis repetita, une projection à l’Axel le mardi, une fois par mois. Une affaire de passionnés. Alors laissons les parler…

Quel est le but de Propagation Bis ?

Tony : Diffuser du cinéma de genre, mais plus largement du cinéma bis. Un cinéma décalé, un peu différent du cinéma populaire, qui a du mal à sortir dans les salles. On veut donner une visibilité à ces films, surtout de par chez nous. Il y a tout un univers autour de ce cinéma que l’on a envie de faire découvrir. La programmation Art et essai, d’autres font ça très bien. Nous, on penche plutôt du côté fun et décomplexé.

Le cinéma bis, qu’est-ce que c’est ?

Michaël : Il y a souvent un amalgame entre cinéma bis et film d’horreur mais ce n’est pas forcément le cas.

Tony : C’est un cinéma à vocation commerciale mais qui, étant souvent petit budget, fait aussi partie du cinéma indépendant. On trouve une liberté qui n’existe pas dans le cinéma commercial grand public. Une expression visuelle détonante, parfois accompagnée d’une  morale assez douteuse. C’est cette ambigüité qui le rend intéressant. Un cinéma fétichiste de l’image pure, de l’expression formelle d’un sentiment ou d’une idée.

Un cinéma qui génère des cercles de passionnés qui défendent corps et âmes des réalisateurs et des films qui ne seront reconnus par les institutions que bien plus tard. Peter Jackson avant de faire le seigneur des anneaux a réalisé Bad Taste, Brain Dead, Meet the feeebles. Des films de mauvais goût, complètement réjouissant, dans lesquels on sentait pointer son talent.

Et la peur justement…

Tony : Le cinéma d’horreur exprime certaines choses du monde. Il n’est pas né au hasard. Ça joue sur des choses intimes, des angoisses réelles. La violence est aussi une forme d’expression. Quand on regarde les films d’Argento, le sang est d’un rouge hallucinant, avec une forme d’esthétisation. Il ne cherche pas le réalisme cru que je peux reprocher à certains films d’auteurs. Il ne s’achète pas une conscience.

Quel est le fil rouge de votre programmation ?

Michaël : C’est large, ça va du Manga au film d’horreur. On ne s’arrête pas forcément à des trucs glauques, malsains. Ça part d’une envie, les films que tu veux partager.

Tony : On a une programmation assez éclectique. Le fil rouge c’est la passion du réalisateur, ni condescendant ni racoleur. Tous ces films essaient de t’ouvrir une nouvelle case dans la tête, une porte sur l’imaginaire.

Où trouvez-vous les films ?

Tony : On est des passionnés. On lit, on se renseigne, on suit les carrières de réalisateurs, on assiste à des festivals. Si un film qui nous intéresse risque de ne pas être diffusé, on essaye de le ramener sur le devant de la scène.

Comment faites-vous pour diffuser les films ? Quelle est la marche à suivre ?

Il y a deux voies. D’un côté les films qui sortent nationalement et qui tournent sur toute la France. On contacte le distributeur et on négocie une date et un prix. De l’autre, les films qui ne sont pas diffusés. Là malheureusement on ne peut pas encore les proposer. Un film comme ça peut coûter très cher, genre 500 ou 600 euros la diff, pour une jeune association c’est difficile. Actuellement on ne gagne pas d’argent sur les séances. Les entrées vont au ciné qui met à disposition la salle. L’association récupère les adhésions.

Michaël : On est à Chalon, le cinéma c’est un peu compliqué. Peut-être qu’avec le complexe ça va redonner une dynamique.

Tony : C’est aussi un peu pour ça qu’on a fait l’asso. A Chalon il reste seulement deux cinémas, avant il y en avait quatre. Pour moi, le cinéma c’est une première fois sur grand écran, ensuite tu revois chez toi. C’est comme un striptease, la première fois tu es ébahi par les paillettes, la fois suivante tu effeuilles.

Vous regardez combien de films par semaine ?

Tony : Pendant une période j’en regardai deux par soir, maintenant je me suis calmé c’est 3 par semaine. Je regarde aussi des films qui me permettent de parler correctement de cinéma dans les milieux autorisés…

Parlez-nous du prochain film

Tony : Detective Dee 3 de Tsui Hark, la légende des rois célestes. Un film en relief et la troisième aventure d’un Sherlock Holmes chinois. Pas besoin d’avoir vu les précédents pour l’apprécier. Il est réalisé par le maître incontesté du cinéma d’action chinois. Tsui Hark sait manier sens du spectacle et mise en scène folle, à l’identité unique. Sans doute un des plus grands formalistes. Ce qui ne l’empêche de glisser des préoccupations et thématiques personnelles dans ses histoires. Alors si vous voulez un peu de renouveau et de fraîcheur dans le cinéma grand spectacle, c’est le film idéal de la rentrée.

Et vos projets ?

Proposer des films non diffusés, des vieux films aussi, des trucs de laisser pour compte. Quand on aura pas mal d’adhérents on pourra essayer de nouvelles choses. Cette année déjà on va faire un ou deux trucs différents, en plus de la programmation classique.

 

Les séances sont à 5 euros et c’est 10 euros l’année, c’est rien et ça va envoyer du lourd.

Infos : www.propagationbis.fr

 

  • Erika Lamy

 

Crédits photo : Thomas Lamy