Tous les mois, Sparse refait le portrait d’un artiste pour La Vapeur. Cette fois, c’est au tour d’Arnaud Rebotini, l’homme le plus classe du monde.

Arnaud Rebotini est né à Nancy, dans le far-est. Très jeune, il a été obligé de fuir face à l’arrivée des Panzer pour aller bosser à la capitale. Quoique la date de 1970 comme année de naissance sur le passeport du bonhomme me fait douter de la véracité de l’anecdote… bref.

À Paname, il se retrouve à vendre des disques chez Rough Trade. Y’a pire comme job. C’est de là que lui vient sa connaissance encyclopédique de la musique, dans tous les styles, pas seulement le sien. Son collègue à l’époque n’est autre qu’Ivan Smagghe, l’autre moustache légendaire de l’électro française (à moins qu’on considère que Charlie Oleg fait de l’électro). Les deux potes, nourris à la musique qu’ils reçoivent tous les jours au boulot, montent Black Strobe, combo légendaire de l’électro française à la fin des 90’s. Ils s’embrouillent sur la marque de gomina à utiliser en concert et se séparent en 2007. Arnaud ne met que de la Sweet Georgia Brown, faut pas me l’énerver.

Il continue à faire vivre Black Strobe de son côté avec d’autres zikos, mais avance aussi en solo pour le plus grand bonheur des amoureux du bon goût, César 2018 de la meilleure musique de film dans la poche à l’appui.

Quand Arnaud rentre dans la pièce, le soleil ne passe plus dans les entrebaillures de la porte (ça faisait longtemps que t’avais pas lu le mot « entrebaillure », hein ?).
Une masse. 1m96 de barbac’ tout en classe. Parce qu’Arnaud, c’est des costards cintrés et des chemises impeccablement repassées. Il ne vient pas jouer en survet’ le mec. « À 40 ans normalement t’arrêtes de porter des t-shirts de fan », me glissa-t-il un soir de concert où nous le croisâmes (bim, passé simple) à Besançon, tandis que je me trimballais avec mon t-shirt préféré des Musclés. Celui avec le loup enlacé à Framboisier.

C’est pas la raquette qui fait le tennisman mais c’est pas non plus le costard qui fait l’homme. On a l’impression qu’il aurait la classe même en tong et slip de bain, le Nono. Sur scène, Rebotini est magnétique. Entouré de sa dizaine de synthés analogiques, il tourne, sue, danse, martèle les claviers… Il vit son live. Il flambe le club. Il EST le club. Je n’écoute pratiquement pas d’électro et pourtant le jour où je l’ai vu en live, il m’a aimanté. Ou plus exactement l’alcool et lui m’ont aimanté. Une techno lourde et ronde, jamais putassière, ce qui est important pour des gens bien élevés comme nous. Et le tout en analogique. Pas besoin d’ordinateur pour Arnaud. Bon, quand il était petit, il avait un Amstrad, mais il marchait pas bien. Ça vient peut-être de là.

  • Chablis Winston

Arnaud Rebotini (Live) / Pongo / HAAi / Black Noi$e / Psycho Weazel : Vendredi 8 février 2019 à La Vapeur dans le cadre du Festival GéNéRiQ