Ce n’est un secret pour personne, les hôpitaux de France pissent un peu plus le sang chaque jour. à Lure, en Haute-Saône, la coordination nationale des comités de défense des hôpitaux de proximité ferraille dur depuis 2004 pour que les territoires ruraux ne perdent rien de leur offre de soins publique. On en parle avec Michel Antony, ancien président de la coordination et toujours très actif au sein de la région.

Pourquoi est-ce que c’est important de défendre un service public de la santé, et l’égalité de soin pour tous ?

La défense au nom de nos grands principes: la solidarité et l’égalité. C’est pour maintenir un aménagement du territoire qui correspond aux besoins des gens. Plus on va fermer ou regrouper les services, plus les gens vont être contraints de prendre la route, d’avoir des risques supplémentaires, des coûts, etc. C’est une nécessité sociale et éthique.

Pour quelle raison le siège se trouve à Lure ?

Lorsqu’on s’est mobilisés contre les suppressions à Lure en 2003-2004 avec des référendums locaux notamment, il se passait la même chose à Saint-Affrique dans l’Aveyron. On a décidé de se regrouper avec eux et comme j’ai très rapidement pris la présidence pendant une dizaine d’années, c’était normal que le secrétariat s’établisse ici.

De plus en plus de maternités ferment, de plus en plus d’hôpitaux de proximité voient leurs services supprimés. Comment en est-on arrivé là ?

Il n’y a aucune justification morale, ni économique, ni sociale. Les seules raisons qui ont mené à ça sont la volonté de l’état de faire des économies et la gestion de pénurie de personnel. C’est à cause de cela qu’on supprime ce qui est le bien commun des gens. Ça dure depuis plus de 30 ans et ça s’accentue aujourd’hui avec Macron mais la résistance des gens s’organise partout en France. On ne peut plus presser le citron comme avant, il n’y a plus rien à presser.

Comment agit-on pour lutter contre ça et pour peser efficacement ? Notamment quand il y a peu de moyens, et surtout des bénévoles…

La lutte est multiforme : mobilisation, grève, grève de la faim et référendum d’initiative populaire. La justice aussi. L’essentiel pour nous, pour mettre fin à ce rouleau compresseur, passe par la coordination de l’action des élus, du personnel des services concernés et de la population. Ce sont les trois piliers qui nous feront gagner. On organise aussi des rencontres nationales, deux par an depuis 2004. C’est une forme de démocratie par le bas qui sert la cause.

Il n’y a pas si longtemps, Agnès Buzyn a présenté son plan national de santé. Est-ce que ça satisfait la cause des hôpitaux de proximité ?

Non, son plan prolonge ce qu’ont fait ses prédécesseurs. Elle continue les regroupements, d’essayer de remplacer les personnels par le numérique. Elle détruit sciemment la santé de proximité à cause de soucis d’économies et d’une pénurie de personnels. On va se retrouver avec une aggravation de la santé et des inégalités entre les centres hospitaliers. On perd d’ailleurs des places dans le classement mondial de l’efficacité de notre système de santé.

  • Propos recueillis par Mhedi Merini