Depuis 1979, Promodégel a fait un pari : dégeler les oreilles des Jurassiens. 40 ans plus tard, bien installée au Moulin (qu’on avait l’habitude d’appeler le Moulin de Brainans), l’association va y fêter son anniversaire ce week-end. En musique, évidemment.

Créée par des Polinois en 1979, Promodégel, a fait vivre le Jura musical en itinérance entre 1979 et 1995 avant de s’installer au Moulin de Brainans, en 1995. Aujourd’hui, la salle est labellisée Scène de musiques actuelles : 60 concerts et 100 groupes viennent au Moulin tous les ans. 16.000 spectateurs annuels, des itinérances, des actions culturelles, des résidences. À 40 ans, le Moulin ne moud plus de grain, mais se porte bien. On a discuté avec Claire Fridez, la directrice et programmatrice du lieu.

40 ans que Promodégel existe, comment on fait pour durer ?

L’un des secrets, c’est la modération. On grandit doucement mais sûrement. Je pense qu’on en a encore sous le pied, au moment de fêter cet anniversaire. On a prévu de jolies festivités. 40 ans dans une vie, c’est un âge charnière.

crédit : PhotOlivier

Ce lieu, excentré, ce n’est jamais un problème ?

C’est un peu fou, ce lieu. C’est devenu une signature, ce cadre. Aujourd’hui, personne ne croirait à ce lieu, mais on ne pourrait pas aller ailleurs. Le Moulin a quelque chose d’unique, grand et isolé comme il est. Un ovni dans le paysage. C’est aussi une réinvention permanente. Du moulin à farine à la discothèque, qui a évolué en intégrant une pizzeria et un boowling avant de devenir une salle de concert en 1995. En 1995, le lieu est racheté par un Suisse et Promodégel s’y installe. Ce lieu, il faut le réinventer encore, en explorant des idées. On fait par exemple des silent parties ou des concerts secrets. Il y a aussi une deuxième salle, la salle club (250 places, pour 690 dans la grande salle, ndlr). Et on utilise au mieux le territoire avec des itinérances (« Le Moulin Tourne »).

Et pour convaincre les artistes de venir ici, avec La Vapeur et la Rodia dans les alentours, quelle est la méthode ? Parce que la programmation en impose…

C’est plutôt les équipes des artistes qui se posent des questions par rapport aux autres salles proches. Mais, avec le temps, des groupes qui ont joué ici très tôt dans leur carrière, je pense à Feu! Chatterton, reviennent et ne peuvent plus installer leur décor entier tellement ils ont eu de succès. Mais ils reviennent ici parce qu’ils sont attachés à la salle. C’est vrai aussi pour les groupes locaux : avant de s’installer, Promodégel accompagnait déjà des groupes, notamment Léon Cavallo et les Raviolets. C’est toujours le cas avec de jeunes artistes du coin aujourd’hui. C’est aussi ce qui nous permet d’avoir une programmation aussi éclectique cette saison encore pour l’anniversaire de Promodégel.

crédit : Le Moulin

Les gens sont toujours très attachés à la salle et à l’association ?

Maintenant, le Moulin et Promodégel sont très bien installés dans l’écosystème jurassien. Tous les Jurassiens ont une histoire avec le Moulin. Beaucoup racontent des souvenirs de concerts, d’autres parlent de la discothèque et du boowling, il y en a certains qui se souviennent même du moulin à farine. Les actions culturelles y contribuent aussi. On travaille et on innove pour toucher le public et créer un lien très fort avec lui.

  • Arthur Guillaumot

Promodégel fête ses 40 ans ce week-end, avec une première soirée consacrée aux groupes locaux ce vendredi soir, et la venue de Catherine Ringer avec son répertoire des Rita Mitsuko le lendemain (complet).