Deena Abdelwahed sera en concert ce samedi à La Vapeur. Vrai portrait d’une militante musicale ou faux tableau d’une fan de rugby ? C’est à vous de lire.

Deena a grandi au Qatar, à Doha, un peu coupée du monde avec ses parents expatriés. Elle y découvre la musique par ordinateur, J Dilla, et la house. Elle rejoint le monde et son pays, la Tunisie, à 18 ans, où elle est devenue une figure de la musique alternative en faisant partie du collectif Arabstasy, collectif électro qui déconstruit le mythe occidental de la musique arabe. « Stasy » étant à prendre au sens d’extase sur ce coup-là, pas de police politique de RDA.

Blasée par cette révolution qui n’a pas donné ce qu’elle en espérait quand elle y a participé activement, elle arrive en France en 2015, où elle vit maintenant à Toulouse, alors que franchement, elle s’en balance du rugby… Ce qu’elle aime, c’est les grosses basses, pas les gros tampons. À peine le pied sur le sol européen, elle explose sur les dancefloors du vieux continent.

La musique de Deena vient des pays arabes, mais n’a rien de tradi, même si elle veut bien assumer cet héritage. Son son est résolument moderne. « Ma musique est alternative, à la croisée de la bass music et de l’arabo-berbère, mais certainement pas de la pop orientale ou de la techno orientalisante… ». Va pas me la contredire.

« Je suis un peu schyzo », glisse-t-elle. Sur ses albums, qu’elle signe sur le label Infine, elle peut être dark, faire tourner des sons dingues et déstructurés, en amoureuse de l’expérimental et de la bass music à l’Anglaise. Son album s’appelle Khonnar (à prononcer « Ronnar », c’est important ). Par contre, dans ses DJ sets, elle sait très bien donner au dancefloor ce qu’il veut : de la sueur et de la techno. Résidente de la Concrète, elle a traîné ses guêtres au Berghain à Berlin, au Sonar à Barcelone ou encore dans des Boiler Room, et à l’Escapade discothèque à Varois-et-Chaignot. Ah non ! L’Escapade, c’est moi qui ai traîné là-bas, pas elle. C’était excellent, y’avait une piscine dans les 90’s. Bref.

Elle peut aussi chanter le jazz à l’aise, comme elle l’a fait dans plusieurs groupes en Tunisie, en bonne vieille fan de la house de Chicago. D’ailleurs sur ses albums, elle n’hésite à chanter (et à faire chanter à d’autres) les malaises de la société tunisienne. Militante LGBT active (un sacerdoce en Tunisie), elle donne rendez-vous à toute La Manif pour tous à La Vap’ pour les déglinguer… sur le dancefloor. Par contre elle met pas d’invit’, faut payer sa place…

Le prochain EP de Deena Abdelwahed s’appelle Dhakar, il sortira le 17 janvier prochain.

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