Un concours de varièt’, un radio crochet au théâtre, un The Voice IRL (ça veut dire « In Real Life », je l’ai appris la semaine dernière)… C’est l’Eurovision ! Mais de la chanson philo. Et dans le rôle de Julien Lepers, c’est Massimo Furlan qui officiera sur scène. Le metteur en scène a créé ce spectacle avec Claire de Ribaupierre, à Lausanne, avec le Théâtre Vidy-Lausanne et, entre autres, Les 2 Scènes à Besançon. « Je suis plutôt le Guy Lux du spectacle« . Chacun ses héros.


Un concours de chanson philosophique ? WTF ? C’est comme si tu me parlais d’un tournoi de foot de la psychanalyse. Le principe : 11 philosophes de toute l’Europe écrivent une chanson dans leur langue (tout est traduit en direct, pas d’inquiétude) sur différentes thématiques. Les musiciens de la Haute école de musique de Lausanne composent des musiques sur ces chansons, des trucs bien pop, des chanteurs et chanteuses incarnent les chansons sur scène (non, c’est pas les philosophes sur scène, déso).

Un jury, qui change à chaque représentation, est là pour donner son avis et engager des discussions à l’issu de chaque prestations. Jusqu’ici c’est la Nouvelle Star, mais de la philo, mais pas en se gargarisant entre spécialistes. « La philosophie au sens large. Je préfère parler de pensée, de débat, d’idées« , précise Massimo Furlan. »On a eu cette idée parce qu’en ce moment, l’Europe souffre du populisme ; de raisonnements simplistes qui divisent, érigent des murs« . Le populisme confisque le débat, stigmatise les intellectuels, la pensée.

« On a camouflé une parole qui a l’air complexe de prime abord dans un objet simple : une chanson de variété »

« Nous, on a voulu opposer au populisme le populaire, et remettre le débat, les idées, la discussion, au centre du populaire. Pour cela, on a camouflé une parole qui a l’air complexe de prime abord dans un objet simple : une chanson de variété« , avec tout le décorum qui va avec. Un concours avec un jury. « Maintenant, même quand on fait à manger, il y a un jury pour nous noter. »
Malin le Massimo. Il va nous faire réfléchir sans qu’on s’en rende compte, et peut-être même en se dodelinant un peu. « On prend des codes populaires, dans le sens où ils rassemblent les gens. C’est de cette façon qu’on remet la pensée, le débat, au centre du populaire« . Tactique simple. 

Tout les codes du gros show télé sont respectés : des musiciens lives, un animateur, un gros show lumière, des jingles, le jury, les notes, des écrans géants. Ne manque que la coupure pub… L’intérêt, au delà du concours, c’est de débattre, de partager les pensées. Le concours c’est l’outil, mais ils se sont fait plaisir avec l’outil, à t’en faire pâlir Michel Drucker époque Champs Élysées. « C’est un show, joyeux, drôle, qui nous parle en plus de ce qu’est l’Europe en ce moment, de ce qu’elle pense. Pas l’Europe économique ou politique, l’Europe populaire. Ce territoire qu’on partage.« 

  • Chablis Winston / photos : Laure Ceillier et Pierre Nydegger 

Du 28 au 31 janvier aux 2 Scènes (Théâtre Ledoux) à Besançon.
En attendant, ou après, toutes les chansons sont dispos sur europhilo.eu