Dans le cadre des 20 ans des Nuits d’Orient, le musée Magnin, à Dijon accueille une exposition Bartholdi en Orient. Rendez-vous à l’ombre du mythe, sur les traces de cet esthète statuaire qui a marqué la fin du 19ème siècle. Magnez-vous, vous avez jusqu’au 16 février.

Le musée Bartholdi à Colmar qui s’associe au musée Magnin à Dijon, c’est un peu le remake de la statue de la Liberté. Collab’ pour l’éternité entre Bartholdi le Colmarien, pour la conception, et Gustave Eiffel, le Dijonnais, pour l’armature.

Les statues de Bartholdi participent à l’identité des villes. C’est même la conception qu’il avait lui même de l’art statuaire. En BFC, Avallon a sa statue Vauban (1873). À Belfort, Le Lion (1880) est le symbole de la ville, témoin de la résistance aux Prusses 10 ans plus tôt. Il a même été copié, Le Lion, place Denfert Rochereau, à Paris, comme la statue de la Liberté, pont de Grenelle. La vraie est le symbole de New-York, rien que ça (inaugurée en 1886). La statue Diderot à Langres, (1884) célèbre le grand homme local. Bartholdi créateur de lieu de rencontre et d’identité, comme un symbole, pour le voyageur. Et justement, c’est de voyage dont il est question à Magnin.

« Pour ma part, je me félicite d’avoir roulé sur les chemins et parcouru une grande partie des pays d’Orient dès ma jeunesse. Si j’ai eu quelques succès, c’est à cela que je le dois et je vis encore sur les travaux que j’ai fait jadis. C’est ainsi qu’on amasse de véritables trésors, dans lesquels on n’a qu’à puiser. »

Ces quelques mots témoignent de l’importance que Bartholdi a attaché à son premier voyage oriental entre novembre 1855 et juin 1856. Il y visitera non pas une grande partie des pays d’Orient, mais l’Egypte et le Yémen. On y découvre sa fascination pour les lieux, les habitants et les coutumes. Des dessins, des lithographies, des peintures, mais aussi son travail sur calotype (plus pratique pour voyager que le daguerréotype de Niépce).

Auguste Bartholdi est marqué en Orient par sa découverte des vestiges pharaoniques. Il repense sa conception des fonctions des statues, les voyant moins comme des œuvres que comme des éléments révélateurs de l’identité des lieux.

Il ne retournera qu’une seule fois en Orient, en Egypte, en 1869. Un second voyage où il revient présenter un projet de phare monumental pour l’entrée du canal de Suez. Un projet qui aboutira dans la rade de New-York, la statue de la Liberté, quoi. Bartholdi en Orient, c’est le chemin simple pour comprendre la palette de celui qu’on ne connaît presque que pour ses statues. C’est aussi l’occasion de mesurer comment un voyage de jeunesse bouleverse et définit une œuvre.

  • Arthur Guillaumot / Photos : A.G.

L’exposition Bartholdi en Orient se tient au Musée Magnin, à Dijon, jusqu’au 16 février. Visite en musique « De Dijon à Suez » le 9/02. Les informations sont ici.