Face à Videoclub, je suis un croulant. Je suis presque venu à la Vapeur en fauteuil Stannah avec une carte culture “vermeille”. Ce jeune couple “drunk in love” scande leur attirance amoureuse, et leur attraction naissante sur du son. Ils sont passés par la Vapeur hier soir pour le festival GéNéRiQ. Radioscopie du phénomène.

Adèle Castillon est une jeune comédienne à succès et Youtubeuse à l’humour décalé avec des kilos de vues sur Youtube. Matthieu Reynaud, son keum, est le beatmaker du groupe, le côté mâle (pas trop alpha) du groupe, mais plutôt belle gueule et chemise à fleurs. A leur âge, 18 ans, je chattais sur wanadoo.fr avec des meufs qui vivaient à 20 km de mon domicile parental, je buvais du thé avec mes “druggies” en jouant au premier Half-Life.

Eux compilent millions de vues sur le net, ont joué devant 40.000 personnes au festival très pointu l’Ulnatrofestival de Milan. Et Adèle, le sosie d’Emma Watson, tenez-vous bien, a voyagé jusqu’à Dharamsala et rencontrer sa sainteté le Dalaï- Lama pour une série documentaire. Pendant que la moitié des adolescents français font du binge drinking et se challengent à Fortnite. Et puis, nom d’un petit bonhomme, ils sont tout juste majeurs, c’est quoi cette précocité ? On retrouve en eux une candeur où t’as envie de rouler des pelles, mais pas forcément pour passer à la case cul après. 36 ans à eux deux ! Ils me mettent 15 ans dans la tronche. Difficile de suivre les pérégrinations de cette jeune scène néo-pop française quand t’as 33 balais.

Hier à la Vapeur dans le cadre du festival GéNéRiQ, leur prestation scènique est soignée, et réglée comme du papier à musique, et ils transpirent le love. Adèle n’hésite pas à prendre le micro pour dire à quel point elle a eu un crush de dingue avec son mec. Leur musique est fraîche comme un mentos, c’est catchy, et le jeune public entonne les paroles de nos deux inséparables. Ils sont trop kawaï avec leur pop glucose.

Une musique faite pour shiner

Adèle et Mathieu parviennent peu à peu à maturité. Leur liason amoureuse et leur côté musique Do it Yourself explose, comme des pop-corns en sachet qu’on fout dans un micro-onde, sur la scène hexagonale. L’emprunte Videoclub, ce sont également des paroles douces à l’oreille, avec une écriture ciselée. Adèle chante, Mathieu passe à l’aise de la guitare au synthé et fait même les chœurs. Mathieu est la tête pensante de ce duo, Adèle, elle, en est la vitrine. Ils placent leur esthétisme musicale dans un “multivers” bubble pop. Façon Elli et Jacno, duo phare et culte des années 80. En vrai, Videoclub est stylistiquement hybride dans la chanson pop, à la fois proche de Requin Chagrin, et de Claire Laffut. Et complètement inspirés par leurs ainés La Femme en vachement moins sombre. Adèle shine au-dessus des nappes de synthés vichy de Mathieu, descendant direct de Jean-Benoît Dunckel et Nicolas Godin de Air…

Et côté clip, Videoclub fait référence aux teens movie comme Juno. Leurs vidéos sont inventives comme celle de En Nuit, où les allusions à la pop-culture rétro est assumée : TV à tube cathodique, balade la nuit en bicross, chambres d’ados américains mal rangées et blindée de posters.

Et puis on l’a pas dit, mais rien que le blaze “Videoclub” : c’est un emprunt à l’iconographie des nineties, ce lieu où la famille Martin allait chercher son film VHS du dimanche soir avec Meg Ryan.

Encore 3 dates dans cette édition de GéNéRiQ 2K20

Et à défaut d’avoir la sagesse des anciens, Videoclub fait part dans le titre En Nuit d’une couleur mélancolique et d’un spleen lancinant. “La nuit, le feu, l’orage”, Vlan ! Mais si tu éprouves du seum en les écoutant, c’est que tu es très fragile. Car tout pétille dans ce duo pop. Propulsé world wide dès 2018, le duo a sorti 4 “simples” : Amour Plastique, Roi, En Nuit et un titre dans la langue de Shakespeare What Are You So Afraid Of.

Quatre tubes, des millions de fois streamés. Parce que c’est bon comme un Yop fraise, Videoclub continue son chemin sur le festival GéNéRiQ , distribuant de la pépite à son public. Après le concert génial d’hier soir, ils seront ce soir à la Rodia à Besac, samedi 8 février à la Poudrière de Belfort et dimanche 9 au Musée de l’automobile à Mulhouse. Rien ne les arrête. Ici à Sparse, on vous conseille d’aller vous dandiner sur ces trois dates. Parce que Videoclub, c’est comme une VHS des années 2020, un pur anachronisme. Vive cette jeunesse triomphante !

  • Julian-Pietro Giorgeri // Photos : Pierrick Finelle